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Ruprecht Ier; roi allemand [1400-1410], comte palatin du Rhin sous le nom de Ruprecht III [1398-1410].

Ruprecht Ier; roi allemand [1400-1410], comte palatin du Rhin sous le nom de Ruprecht III [1398-1410]. Après la mort de son père, Ruprecht II, de la lignée des Wittelsbach du Palatinat, R. devient prince-électeur en 1398. Il a acquis une bonne expérience en gérant l'État palatin et, honnêtement convaincu d'arriver à surmonter les faiblesses de l'Empire en instaurant un nouveau système royal et a mettre fin ensuite au Grand Schisme de l'Église, il se laisse gagner en 1399, à Boppard, par les archevêques de Mayence et de Cologne, à une alliance contre l'indolent Venceslas. L'union des princes vise d'abord à protéger leur droit d'électeurs, mais les princes ne tardent pas à tirer du droit qu'ils ont d'élire le roi, l'idée qu'ils ont l'obligation de le déposer en cas de défaillance. Deux autres princes-électeurs, Rodolphe de Saxe et l'archevêque de Trêves, ainsi que quelques princes d'Allemagne de l'Ouest et du Centre s'étant également joints à l'entreprise, Ven-ceslas est déposé le 20 août 1400 à Ober-lahnstein et, dans la foulée, R. est élu roi allemand (31 août). Expérimenté (il a environ cinquante ans), pieux mais aussi raisonnable, il promet à ses électeurs d'instituer la paix publique, de militer pour que le Schisme cesse et de récupérer les biens de l'Empire en Italie. La dernière promesse se réfère aux intrigues par lesquelles Gianga-leazzo Visconti, duc de Milan depuis 1395, s'évertue à instaurer un royaume indépendant en Italie du Nord. Dès le début, l'autorité royale de R. se révèle bien trop faible pour ces buts ambitieux. Il doit se faire couronner à Cologne (6 janv. 1401) parce que l'entrée dans Aix-la-Chapelle lui est interdite ; les Luxembourg ne se décident pas à le reconnaître. Les différends familiaux lui offrent certes de nombreuses occasions d'intervenir, les marquis Josse et Prokop soutiennent même en juillet 1401 une expédition militaire palatine contre Venceslas en Bohême, mais R. manque de moyens pour réussir. Ses entreprises en Italie en souffrent également. Malgré les prises de position de R. en faveur du pape romain Boniface IX, ce dernier, impressionné par la puissance des Luxembourg, tarde à reconnaître son élection, exigeant une adhésion si large à ses projets politiques, que R. ne peut y satisfaire. Le roi se décidant à monter une expédition en Italie, le projet trouve un grand retentissement, principalement à la diète de Mayence (juin 1401) ; les adversaires des Visconti, Florence surtout, promettent des capitaux et les versent en partie. Mais l'expédition échoue lamentablement. Les petites troupes de R. sont battues par les Milanais devant Brescia ; l'archevêque de Cologne et le duc Léopold d'Autriche et leurs contingents abandonnent bientôt R. Non sans difficultés, celui-ci passe l'hiver à Padoue, payé de promesses par Florence. Le puissant Visconti meurt en novembre 1402, sa veuve et ses fils ne parviennent pas à poursuivre ses ambitions, mais réussissent à maintenir l'équilibre avec les autres petits Etats. R. doit bientôt repasser les Alpes. Il n'est plus possible d'organiser une expédition vers Rome, ni de se faire couronner empereur. Après la capture de Venceslas par Sigismond, aucun danger n'étant plus à redouter des Luxembourg, Boniface IX reconnaît R. comme roi (1403). Les mesures inefficaces prises contre les Visconti et les difficultés financières croissantes ont entretemps entamé son autorité royale. Sous la direction de l'archevêque de Mayence, Jean de Nassau, Jean de Bade, le comte Eberhard de Wurtemberg, Strasbourg et dix-sept villes souabes concluent à Marbach en 1405 une Union pour protéger leurs libertés prétendument menacées. Mais R. réussit à briser la coalition, dirigée en fait contre le Palatinat, en passant des accords avec chacun des participants de l'Union. Les petits égoïsmes des villes et des princes de l'Ouest, les différends dynastiques et territoriaux dans l'autre partie de l'Empire empêchent le roi de mener une politique plus ambitieuse, tandis que dans le même temps, la France se renforce et que la jeune puissance bourguignonne se rétablit. Au cours de sa campagne italienne (1401-1402), R. n'a rien pu faire pour mettre fin au schisme, les papes et les cardinaux à Rome et en Avignon ne trouvent pas non plus de moyens pour en terminer avec la division de l'Eglise. R. est du côté de Rome, même après que le concile de Pise, à la tenue duquel il s'est toujours opposé, eut déposé les deux papes, Grégoire XII et Benoît [XIII], et en eut élu un nouveau en la personne d'Alexandre V (1409). Les décisions concilaires de Pise achèvent de ruiner le crédit de R., qui n'a rien pu faire. Venceslas, abouché avec la France, lui suscite de nouvelles difficultés. R. n'en est délivré que par la mort (18 mai 1410) et Sigismond lui succède.

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