ROUSSEAU : PAS DE LIBERTÉ SANS LOIS POLITIQUES
ROUSSEAU : PAS DE LIBERTÉ SANS LOIS POLITIQUES
La question de la liberté renvoie à autrui, à la société, à l'Etat. Elle est une question morale et politique. Comment articuler ma liberté et celle des autres ? La réponse de Rousseau est claire : il n'y a pas de liberté sans lois. Seules celles-ci peuvent substituer à la dépendance humiliante d'un homme à un autre homme, la dépendance libératrice des citoyens à une loi commune.
« Il n'y a donc point de liberté sans lois, ni où quelqu'un est au dessus des lois : dans l'état même de nature l'homme n'est libre qu’à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous. Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois et c'est par la force des lois qu’il n'obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu’on donne dans les républiques au pouvoir des magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l'enceinte sacrée des lois : ils en sont les ministres, non les arbitres, ils doivent les garder non les enfreindre. Un peuple est libre, quelque forme qu'ait son gouvernement, quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l'homme, mais l'organe de la loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règne au ou périt avec elles. Je ne sache rien de plus certain. »
Rousseau
ordre des idées
1) Thèse centrale : pas de liberté sans lois, auxquelles soient soumis également tous les hommes. Précisions sur la portée de cette thèse :
— la liberté disparaît si un homme s'affranchit des lois (et soumet les autres à sa volonté propre, comme fait le despote). — dans l'état de nature (sans vie sociale), chaque être est libre dans la mesure où il n'est soumis qu'aux lois égalitaires de la nature.
2) Conséquence politique de la thèse :
Rousseau oppose : — l'Etat idéal (libre) où le peuple obéit à des chefs (princes) qui appliquent les lois ; — l'Etat injuste (despotique) où le peuple sert des maîtres (despotes) qui imposent leurs lois.
3) Analyse de l'Etat juste, qui assure la liberté des citoyens.
— Les lois sont alors au-dessus des "magistrats" ou ministres (le pouvoir exécutif), qui doivent servir les lois, non se servir d'elles à leur profit (ministre vient de minister, serviteur). — Valeur des lois dans l'Etat juste : sacrées et intangibles par les gouvernants, leur valeur absolue rend essentiel leur respect et relativement indifférente la question de savoir qui gouverne (un monarque, un groupe de ministres etc.).
Liens utiles
- « Si je veux peindre le printemps, il faut que je sois en hiver ; si je veux décrire un beau paysage, il faut que je sois dans les murs (de la ville), et j'ai déjà dit cent fois que, si jamais j'étais mis à la Bastille, j'y ferai le tableau de la liberté ». Que pensez-vous de cette opinion de Rousseau sur l'inspiration ?
- « ... il n'y a poésie qu'autant qu'il y a méditation sur le langage, et à chaque pas réinvention de ce langage. Ce qui implique de briser les cadres fixes du langage, les règles de la grammaire, les lois du discours. C'est bien ce qui a mené les poètes si loin dans le chemin de la liberté, et c'est cette liberté qui me fait m'avancer dans la voie de la rigueur, cette liberté véritable. » Louis Aragon. Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis.
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- Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois (Rousseau)