Rousseau: le sage a-t-il besoin des lois ?
Vous dégagerez l’intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée.
« En essayant de persuader à vos élèves le devoir de l’obéissance, vous joignez à cette prétendue persuasion la force et les menaces, ou, qui pis est, la flatterie et les promesses. Ainsi donc, amorcés par l’intérêt ou contraints par la force, ils font semblant d’être convaincus par la raison. Ils voient très bien que l’obéissance leur est avantageuse, et la rébellion nuisible, aussitôt que vous vous apercevez de l’une ou de l’autre... La raison du devoir n’étant pas de leur âge, il n’y a homme au monde qui vînt à bout de la leur rendre vraiment sensible ; mais la crainte du châtiment, l’espoir du pardon, l’importunité, l’embarras de répondre leur arrachent tous les aveux qu’on exige ; et l’on croit les avoir convaincus, quand on ne les a qu’ennuyés ou intimidés. Les lois, direz-vous, quoique obligatoires pour la conscience, usent de même de contrainte avec les hommes faits. J’en conviens. Mais que sont ces hommes, sinon des enfants gâtés par l’éducation ? Voilà précisément ce qu’il faut prévenir. Employez la force avec les enfants et la raison avec les hommes ; tel est l’ordre naturel ; le sage n’a pas besoin de lois. »
J.J. ROUSSEAU
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Pourquoi, J.-J. Rousseau, écrit-il « prétendue persuasion » ? Est-ce parce qu’on emploie force, menaces, flatterie, promesses ? • Que signifie « amorcés par l’intérêt » ? • Y a-t-il une différence entre « être persuadé » et « être convaincu » (» ils font semblant d’être convaincus par la raison », « et l’on croit les avoir convaincus, quand on ne les a qu' ... » ?) • Que signifie ici « sensible » ? • De quels « aveux » s’agit-il ? Qu’avouent-ils ? • Que signifie ici « ennuyé » ? • Quelle différence fait Rousseau entre « l’obligation pour (= au regard de) la conscience » et « la contrainte » ? • Pourquoi les lois « usent de contrainte avec les hommes faits » ? • Que signifie ici « prévenir »? • Pourquoi « le sage » n’a-t-il pas besoin de lois ? Qui en a besoin ? A quelles conditions ?
Liens utiles
- CHAMFORT conclut ainsi son Éloge de Molière (1766) : N'existerait-il pas un point de vue d'où Molière découvrirait une nouvelle carrière dramatique ? Répandre l'esprit de société fut le but qu'il se proposa. Arrêter ses funestes effets serait-il un dessein moins digne d'un sage ? Verrait-il sans porter la main sur ses crayons l'abus que nous avons fait de la société et de la philosophie, le mélange ridicule des conditions, cette jeunesse qui a perdu toute morale à quinze ans, toute se
- Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois (Rousseau)
- Ernst-Emil Wiechert1887-1950Son impérieux besoin de simplicité rappelle Rousseau.
- Peut-on à la fois affirmer que l'homme est libre et que la nature est soumise à des lois ?
- [Ne pas prendre pour naturelles des inégalités sociales] Jean-Jacques ROUSSEAU