ROUSSEAU : LA LIBERTÉ EST INALIÉNABLE
ROUSSEAU : LA LIBERTÉ EST INALIÉNABLE
Parmi les droits de l'homme énoncés par la Déclaration de 1789 figure au premier rang celui de la liberté. Celle-ci serait en effet, selon Rousseau, un droit fondamental, voire le droit fondamental de l'homme, car elle procéderait de la nature humaine elle-même, et par là serait absolument inaliénable. « Le droit de propriété n’étant que de convention et d'institution humaine, tout homme peut à son gré disposer de ce qu’il possède : mais il n’en est pas de même des dons essentiels de la nature, tels que la vie et la liberté, dont il est permis à chacun de jouir et dont il est au moins douteux qu’on ait droit de se dépouiller : en s’ôtant l’une on dégrade son être ; en s'ôtant l’autre on l'anéantit autant qu'il est en soi ; et comme nul bien temporel ne peut dédommager de l'une et de l'autre, ce serait offenser à la fois la Nature et la raison que d'y renoncer à quelque prix que ce fût. »
Rousseau, De l'inégalité, 2e partie.
ordre des idées
1) Opposition entre deux droits, la propriété et la liberté :
a) La propriété, résulte d’une convention (d'un arrangement, d'un pacte) entre les hommes, c'est une institution humaine (une forme sociale établie par le droit positif). (Elle possède donc un caractère arbitraire, ne relève pas d'un droit naturel et n'appartient pas à la nature humaine). — Conséquence : Chaque homme peut disposer comme il le veut de ses biens (il peut les céder sans cesser d'être pleinement homme).
b) La liberté, comme la vie, est un « don essentiel de la nature », c'est-à-dire qu'elle appartient à l'être même de l'homme, à sa nature. (Elle n'est donc pas le résultat d'une convention humaine). — Première conséquence : L'homme ne peut pas plus « se dépouiller » de sa liberté qu'il ne le peut de sa vie sans cesser d'être pleinement homme (en se tuant, il « s'anéantit » ; en renonçant à sa liberté, il « dégrade son être »). — Seconde conséquence : Si l'on peut céder une propriété en échange d'un autre bien équivalent, on ne peut échanger sa liberté, pas plus que sa vie, contre un bien équivalent (car le “prix” de la liberté, comme celui de la vie, dépasse celui de tout bien matériel, « temporel »). Un tel échange, n'étant pas juste, serait donc déraisonnable.
2) Conclusion générale : La liberté, comme la vie, est inaliénable.
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