ROUSSEAU : INÉGALITÉS SOCIALES ET NATURELLES
ROUSSEAU : INÉGALITÉS SOCIALES ET NATURELLES
En s'interrogeant sur l'origine des inégalités et en posant qu'elles ne sont pas toutes naturelles, Rousseau engage une réflexion politique. Si, en effet, les inégalités naturelles sont inévitables, celles qu 'institue une société peuvent être injustes. Un Etat idéal garantit l'égalité morale des sujets devant une loi qui devrait être aussi peu arbitraire ou capricieuse que les lois naturelles.
« En effet, il est aisé de voir qu’entre les différences qui distinguent les hommes, plusieurs passent pour naturelles qui sont uniquement l’ouvrage de l’habitude et des divers genres de vie que les hommes adoptent dans la société. Ainsi, un tempérament robuste ou délicat, la force ou la faiblesse qui en dépendent, viennent souvent plus de la manière dure ou efféminée dont on a été élevé, que de la constitution primitive des corps, n en est de même des forces de l’esprit, et non seulement l’éducation met de la différence entre les esprits cultivés et ceux qui ne le sont pas, mais elle augmente celle qui se trouve entre les premiers à proportion de la culture ; car qu’un géant et un nain marchent sur la même route, chaque pas qu’ils feront l’un et l’autre donnera un nouvel avantage au géant. Or, si l’on compare la diversité prodigieuse d’éducations et de genres de vie qui règne dans les différents ordres de l’état civil avec la simplicité et l'uniformité de la vie animale et sauvage, où tous se nourrissent des mêmes aliments, vivent de la même manière, et font exactement les mêmes choses, on comprendra combien ‘ la différence d’homme à homme doit être moindre dans l'état de nature que dans celui de société, et combien l'inégalité naturelle doit augmenter dans l'espèce humaine par l'inégalité d'institution. »
Rousseau, Discours sur l'inégalité, 1e partie.
ordre des idées
1) Origine de ce qui différencie les hommes. Les différences entre les hommes ne résultent pas toutes de leur nature. Certaines, qui paraissent naturelles, viennent en fait de la diversité des manières de vivre.
2) Exemples qui précisent cette idée : — des inégalités physiques peuvent dépendre davantage de l'éducation reçue que de l'hérédité biologique ; — des inégalités intellectuelles ont également pour origine l'éducation. De plus, ces inégalités initiales se renforcent toujours davantage, au cours de l'existence, comme l'illustre l'image du géant qui, à chaque pas, augmente l'écart qui le sépare du nain.
3) Opposition entre deux manières de vivre et leurs conséquences : — Uniformité du mode de vie des animaux et des hommes à l'état de nature. Conséquence : peu d'inégalités, chez ces êtres. — Extrême variété, au contraire, des comportements, formations, manières de vivre, dans les sociétés humaines. Conséquence : multiplication des inégalités.
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