Rousseau: il n’y a point de liberté sans lois
« Il n’y a point de liberté sans lois, ni où quelqu’un est au-dessus des lois — dans l’état même de nature, l’homme n’est libre qu’à la faveur de la loi naturelle, qui commande à tous. Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas; il a des chefs, et non pas des maîtres; il obéit aux lois, mais il n’obéit qu’aux lois; et c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu’on donne dans les Républiques au pouvoir des magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l’enceinte sacrée des lois. Ils en sont les ministres, non les arbitres; ils doivent les garder, non les enfreindre. Un peuple est libre, quelque forme qu’ait son Gouvernement, quand, dans celui qui le gouverne, il ne voit point l’homme, mais l’organe de la Loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règne ou périt avec elles. » ROUSSEAU QUESTIONNAIRE INDICATIF • Importance dans le texte de la proposition : « c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes »? • Que signifie la phrase les « magistrats en sont les ministres non les arbitres »? — Sens de ministres ici ? • Qu’est-ce qui peut justifier, dans le texte, qu’ « un peuple est libre ... quand dans celui qui le gouverne, il ne voit point l’homme, mais l'organe de la loi ? — Sens de organe ici? • Qu’est-ce que « l’état de nature »? — Est-ce que dans l’état de nature l’homme est (ou peut être?) libre? — Quelles sont les conditions nécessaires pour qu’il y ait liberté selon Rousseau? • Affirme-t-il que ces conditions nécessaires sont des conditions suffisantes? • En quel sens est-il dit « qu’un peuple est libre quelque forme qu’ait son Gouvernement quand... »? • Quel est l’enjeu de ce texte? — Définir ce qu’est la liberté ? — Définir ce qu’est la liberté civile ? — Définir les conditions nécessaires de la liberté civile? • En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique? La problématique développée est-elle toujours actuelle?
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- « Il n’y a point encore de liberté, si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice » ( De l’esprit des lois, Montesquieu).
- « Jouer avec les mots, faire n'importe quoi avec les mots, c'est une délivrance. Donner aux mots une liberté entière, faites leur dire n'importe quoi, sans intention, il en sortira toujours quelque chose. Il y aura toujours des mots liés entre eux qui, par là, signifieront... » Ionesco. Défendez ce point de vue de l'auteur ?
- Jusqu'à quel point pensez-vous que le metteur en scène et les comédiens peuvent se donner la liberté d'interpréter un texte théâtral ?
- « Si je veux peindre le printemps, il faut que je sois en hiver ; si je veux décrire un beau paysage, il faut que je sois dans les murs (de la ville), et j'ai déjà dit cent fois que, si jamais j'étais mis à la Bastille, j'y ferai le tableau de la liberté ». Que pensez-vous de cette opinion de Rousseau sur l'inspiration ?
- « ... il n'y a poésie qu'autant qu'il y a méditation sur le langage, et à chaque pas réinvention de ce langage. Ce qui implique de briser les cadres fixes du langage, les règles de la grammaire, les lois du discours. C'est bien ce qui a mené les poètes si loin dans le chemin de la liberté, et c'est cette liberté qui me fait m'avancer dans la voie de la rigueur, cette liberté véritable. » Louis Aragon. Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis.