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Rousseau : de la nécessité d'une religion civile

Rousseau : de la nécessité d'une religion civile
— Les sentiments religieux peuvent favoriser le lien social Pour Rousseau, le lien social doit être fondé sur un contrat. Mais tout contrat présuppose, pour son établissement, une société, et ne peut donc servir à la fonder. Rousseau lui-même semble l'admettre lorsqu'il affirme : « Pour qu'un peuple naissant pût goûter les saines maximes de la politique et suivre les règles fondamentales de la raison d'État, il faudrait que l'effet pût devenir cause, que l'esprit social, qui doit être l'ouvrage de l'institution, présidât à l'institution même ; et que les hommes fussent avant les lois ce qu'ils doivent venir par elles. » (Du contrat social). C'est donc une nécessité que le législateur recoure à une autorité d'un autre ordre, qui puisse entraîner sans violence et persuader sans convaincre. Cet autre ordre, c'est celui des sentiments religieux. Ainsi Rousseau reconnaît que la religion peut servir d'instrument à la politique.
— Une profession de foi civile permettrait de fixer les articles sans lesquels il est impossible d'être bon citoyen Toutes les religions sont bonnes pour autant qu'elles favorisent le sentiment de sociabilité. Elles sont mauvaises dès qu'elles engendrent la division, édictent des élections ou des rejets et instituent des intermédiaires comme les prêtres ou les prophètes entre Dieu et les hommes. Aussi Rousseau propose-t-il une « religion civile ». Les dogmes en sont fort simples : « existence de la divinité, bonheur des justes, châtiment, sainteté du contrat social et des lois ». La société est pour Rousseau fondamentalement morale, elle est même un ordre sacré. Il y a donc la nécessité d'« une profession de foi purement civile dont il appartient au souverain de fixer les articles, non pas précisément comme dogmes de religion, mais comme sentiments de sociabilité, sans lesquels il est impossible d'être bon citoyen ni sujet fidèle » 

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