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ROSTAND (EDMOND)

ROSTAND (EDMOND)
Fils d'un banquier, Edmond Rostand naît à Marseille le 1er avril 1868. Lycéen brillant, il est impressionné par la lecture des Grotesques, de Théophile Gautier : dix portraits d'écrivains de l'époque préclassique, parmi lesquels Savinien de Cyrano de Bergerac, poète, soldat, philosophe et homme de lettres représentatif du courant libertin au XVIIe siècle. À 16 ans, il entre au collège Stanislas, à Paris. Mais c'est à Marseille qu'Edmond Rostand cueille ses premiers lauriers : l'académie locale le couronne pour une étude sur Honoré d'Urfé (romancier français de la fin du XVIe siècle) et Émile Zola (alors en pleine, gloire littéraire). Sa première pièce, écrite à 21 ans, Le Gant rouge, passe inaperçue. Le 8 avril 1890, il épouse la poétesse Rosemonde Gérard, dont il aura deux fils, Maurice (1891) et Jean (1894), le futur biologiste. Cette même année, un recueil de poèmes, Les Musardises, est bien accueilli par les milieux littéraires, mais ce n'est qu'en 1894 qu'il se fait connaître du grand public : la Comédie-Française, qui lui a déjà refusé une pièce, accepte de monter Les Romanesques, une comédie en vers allant à contre-courant du naturalisme. Premier succès. Pour Sarah Bernhardt, la plus grande actrice de son temps, il écrit La Princesse lointaine (1895) et La Samaritaine (1897) : succès d'estime qui doit davantage au talent de l'actrice qu'au brio de l'auteur. Aussi est-ce désabusé que, le 28 décembre 1897, il fait jouer Cyrano de Bergerac. La direction du théâtre, elle aussi, croit à l'échec. La veille de la première, Rostand a demandé pardon à Coquelin, qui crée le rôle, de « l'entraîner dans cette désastreuse aventure ». Mais dès la première représentation, Cyrano fait un triomphe. La critique crie au génie. Le public accourt. Quatre cents représentations sont données à guichets fermés ; un record. À une époque où la France prépare sa « revanche » contre l'Allemagne et lutte contre l'Angleterre pour les possessions coloniales, Cyrano incarne le tempérament gaulois, l'âme française. Héritier du Lorenzaccio de Musset et du Ruy Blas de Hugo, le Cyrano de Rostand est attachant comme un personnage de Dumas, fataliste comme un héros de Vigny. Il apporte, en cette fin de siècle, un second souffle au romantisme, ébranlé par le réalisme en littérature et le symbolisme en poésie. Rostand est fait chevalier de la Légion d'honneur. Front dégarni, monocle altier et moustache conquérante, il devient, à 30 ans, une figure du Tout-Paris. En 1900, Sarah Bernhardt crée L'Aiglon. Nouveau triomphe, même s'il n'égale pas celui de Cyrano. Victime de crises de neurasthénie, Edmond Rostand se retire à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Orientales) dans une villa à l'architecture extravagante, après avoir été élu en 1901 à l'Académie française. À 33 ans ! Malade, il ne pourra être reçu que deux ans plus tard sous la Coupole. Son discours de réception aura pour thème le... panache ! Il lui en faut, notamment pour tenir tête à ceux qui jalousent son succès. Le demi-échec de Chantecler (1910), pièce très attendue, réjouit ses adversaires. Le public, lui, continue à préférer Cyrano : en 1913, on fête la millième représentation. (La pièce ne cessera jamais d'être jouée sur les scènes françaises et son adaptation au cinéma, avec Gérard Depardieu dans le rôle principal, a aussi été un triomphe.) Lors de la mobilisation de 1914, Edmond Rostand, pour des raisons de santé, ne peut s'engager. Mais le poète tient à manifester sa solidarité avec l'armée française et compose de brillants textes de circonstance, qui seront rassemblés en 1919 sous le titre Le Vol de la Marseillaise. Je ne veux voir que la Victoire. Ne me demandez pas : « Après ? » Après, je veux la nuit noire Et le sommeil sous les cyprès. écrit-il au lendemain de l'armistice du 11 novembre 1918. La mort exhausse son vœu. L'ironie du sort veut que celui qui, avec L'Aiglon, a contribué à la légende napoléonienne meurt de la grippe espagnole le 2 décembre, jour anniversaire de la victoire d'Austerlitz.
ROSTAND Edmond Eugène Alexis. Poète français. Né à Marseille le 1er avril 1868, mort à Paris, le 2 décembre 1918. Après des études secondaires faites d’abord à Marseille et ensuite à Paris, au Collège Stanislas, le jeune Rostand entreprit des études de droit et, en même temps, écrivit une pièce, Le Gant rouge (1888), ainsi qu’un certain nombre de poésies qui ne connurent aucun succès. Bien qu’inscrit au barreau de Paris, il n’exerça jamais, mais se consacra entièrement aux travaux littéraires et fit paraître, en 1890, un volume de poésies : Les Musardises. Il se maria, la même année, avec une poétesse, Rosemonde Étiennette Gérard, dont le premier livre, Les Pipeaux (1889), venait d’être couronné par l’Académie Française. Les Deux Pierrots, pièce écrite par Rostand en 1891, eut aussi peu de succès que ses œuvres précédentes, par contre, la comédie en vers Les Romanesques, représentée le 21 mai 1894 à la Comédie-Française, fut très applaudie. Il écrivit ensuite, pour Sarah Bernhardt, deux pièces en vers : La Princesse lointaine, représentée au Théâtre de la Renaissance le 5 avril 1895, et La Samaritaine, représentée le 14 avril 1897. Le 28 décembre de cette même année 1897, le théâtre de la Porte Saint-Martin créa une autre pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, qui fut un triomphe d’une ampleur rarement égalée dans les annales du théâtre. La critique eut beau indiquer les faiblesses de la pièce — faiblesses pourtant très apparentes — son succès ne s’est pas démenti jusqu’à nos jours. La pièce suivante, L’Aiglon, créée par Sarah Bernhardt le 15 mars 1900, connut un triomphe analogue bien que la critique — à juste titre — se montrât encore plus sévère; cette double réussite auprès du public fut pour beaucoup dans l’élection du poète à l’Académie Française (1901). Atteint d’une pneumonie qui mit ses jours en danger et compromit gravement sa santé, Edmond Rostand se retira à Cambo, dans le Pays basque, et ne put être reçu sous la Coupole que le 4 juin 1904. Ce ne fut que le 7 février 1910 que les Parisiens purent entendre la nouvelle pièce de Rostand, Chantecler. qui fut un fiasco complet. La Dernière nuit de don Juan (1921) fut publiée à titre posthume. La thèse défendue dans cette œuvre par le poète tendait à prouver que Schopenhauer avait raison, en déclarant que tout ce qui se réclame du nom de Don Juan ne peut être qu’illusion.
♦ ...Rostand s’est composé, en guise de français, un exquis charabia. » J. Rictus. ♦ « M. Rostand, qui a produit tant de choses charmantes et spirituelles, a pu faire applaudir d’un public difficile quelques-uns des plus mauvais vers dont s’afflige la poésie française. » R. de Gourmont.


PANACHE, n. m. (sens propre) Faisceau de plumes qui sert à orner la coiffure, (sens figuré) Éclat ; bravoure spectaculaire destinée à impressionner la foule. Le panache de Cyrano de Bergerac. Même dans la douleur, le vrai héros garde son panache.