Databac

ROOSEVELT Franklin Delano

Homme politique américain, cousin de Theodore Roosevelt. Après des études à Harvard et à Columbia, il devint avocat en 1904, se lança dans la politique et fut élu sénateur démocrate de l'État de New York. En 1913, Wilson fit de lui son secrétaire adjoint à la Marine, jusqu'en 1920. Cette même année, candidat à la vice-présidence, il fut emporté par le raz de marée républicain. En 1921, il subit une grave attaque de poliomyélite qui le laissa paralysé des deux jambes, mais il fit face à la maladie. Élu en 1928 gouverneur de l'État de New York, il utilisa les faibles moyens, dont il disposait pour lutter contre la crise, ce qui lui valut autorité et prestige. C'est un homme politique consommé qui accéda au pouvoir suprême en mars 1933. Son cabinet ainsi que le groupe de conseillers dont il s'entoura, le brain trust, reflétaient des options politiques et économiques très variées. Excellent orateur, il utilisa aussi à merveille la radio pour expliquer sa politique à l'opinion, dans ses « causeries au coin du feu ». Les Américains lui renouvelèrent leur confiance par trois fois, en 1936, 1940 et 1944. Il mourut au début de son quatrième mandat. Le New Deal qu'il lança à partir de 1933 ne parvint que partiellement à surmonter la Dépression. Certaines des mesures prises alors furent pérennisées : aide aux chômeurs, soutien des prix agricoles, surveillance des activités boursières... Mais les présidences de F. Roosevelt furent surtout importantes par le poids nouveau qu'elles donnèrent à la fonction présidentielle. En ce sens, Roosevelt est souvent considéré comme un second fondateur du système politique américain. Plus contestée, l'œuvre de Roosevelt dans le domaine extérieur n'en fut pas moins considérable. Avec lui, les États-Unis, jusqu'alors de tradition isolationniste, tirèrent les conséquences politiques et internationales de leur suprématie économique et prirent en main leur destin de première puissance mondiale. Leur entrée en guerre aux côtés des démocraties européennes contre les régimes de l'Axe décida du sort du plus grand conflit de l'Histoire. Voir GUERRE MONDIALE 1939/45.

Roosevelt, Franklin Delano (Hyde Park 1882-Warm Springs 1945); président des États-Unis [1933-1945].

Le second Roosevelt de la Maison-Blanche est un président qui appelle les superlatifs : aucun de ses prédécesseurs n’a été aussi vénéré, aucun n’a été autant haï ; demi-dieu pour les libéraux, il fut pour les conservateurs l’incarnation d’une médiocrité ambitieuse, si ce n’est tout simplement celle du mal ; ayant gagné les élections à quatre reprises, il est le premier et sans doute aussi le dernier (le 22e amendement à la Constitution, proposé peu avant sa mort et entré en vigueur en 1951, interdit qu’un président soit élu plus de deux fois), à rompre avec le principe posé par George Washington de limitation volontaire des fonctions présidentielles à deux mandats de quatre ans. Sa première tâche de chef de la plus grande puissance mondiale fut de surmonter la crise économique la plus rigoureuse, sa dernière de gagner la guerre la plus gigantesque de l’histoire du monde. En 1960, le gouvernement républicain lui-même ne put s’empêcher d’entreprendre de lui édifier dans la capitale un monument impressionnant -honneur réservé jusque-là à Washington, Jefferson et Lincoln. Premier président démocrate depuis Wilson, dont il avait été un compétent sous-secrétaire d’État à la Marine, il échoue dans sa campagne électorale à la vice-présidence en 1920, mais devient gouverneur de l'État de New York en 1928. Il a pour atout non seulement le nom de Roosevelt et son combat héroïque contre les suites d’une poliomyélite dont il réchappe en 1921, mais aussi sa politique énergique, riche de perspectives pour les autres Etats, qui vise à atténuer la misère à New York. Dans une atmosphère générale de désespoir, il remporte les élections en 1932 avec une telle avance que le président sortant, Hoover, discrédité par son incapacité à affronter la dépression survenue pendant qu’il était au pouvoir, n’obtient la majorité que dans six États seulement sur quarante-huit. Avec la devise : « Il n’y a qu’une seule chose dont nous devons avoir peur - la peur elle-même », R. tente, au moyen de ses « causeries au coin du feu » hebdomadaires, de rendre au pays et à l’économie la confiance perdue. Son programme économique du New Deal (mot à mot : nouvelle donne des cartes) qui est mis au point par son brain-trust composé de nombreux intellectuels, n’est ni homogène, ni déterminé par des concepts rigides. Les diverses mesures sur lesquelles il arrive fréquemment qu’on revienne assez vite, voire qui sont remplacées par des dispositions en sens contraire, ne visent qu’à un seul objectif -redresser l’économie sans compter sur l’extérieur - et ne reposent que sur un seul principe - l’initiative et l’activité sont tout, mieux vaut un faux pas que maintenir la stagnation et attendre sans rien faire. Le New Deal repose avant tout sur les dépenses de l’Etat et les travaux publics, tout en s’accommodant d’un déficit budgétaire ; ce n’est pas un succès complet et ce n’est qu’au moment de l’entrée en guerre en 1941 qu’apparaîtra une bonne conjoncture. Si on était parvenu dès avant cette date à des succès partiels remarquables, l’importance primordiale et durable du New Deal se situe cependant ailleurs. Le président laisse une oeuvre législative - « sécurité sociale », assurance fédérale obligatoire accident, invalidité et vieillesse ainsi que chômage au niveau des Etats fédérés, institution d’un revenu minimal et semaine de quarante heures - qui ne sera pas remise en cause par le gouvernement républicain d’Eisenhower, mais davantage développée et permettra aux États-Unis de rattraper la législation sociale qui réduit le manque de protection des salariés dans les pays industriels d’Europe. Pour imposer ses objectifs, qui seront par la suite justifiés par la guerre, il concentre entre ses mains de vastes pouvoirs. Et pour les étendre encore, il ne recule pas devant l’emploi de moyens contestables, telle sa tentative de se gagner la Cour suprême, souvent opposée à ses mesures réformistes, en nommant un nombre supplémentaire de juges. En politique étrangère, R. s’efforce de réduire l’interventionnisme dans les affaires intérieures des États d’Amérique latine, d’améliorer les relations avec ces pays et de consolider la solidarité interaméricaine qui, sous l’effet de la Seconde Guerre mondiale, se transforme en alliance défensive. L’isolationnisme, qui avait pris le dessus au Congrès dans les années 1930, notamment à cause du risque de guerre en Europe créé par l’arrivée au pouvoir d’Hitler et qui s’était traduit par les lois ratifiées entre 1935 et 1937 sur la protection de la neutralité américaine -afin d’éviter une évolution comparable à celle de la Première Guerre mondiale -, est continuellement contenu par le président. Une fois la loi précitée largement amendée, les États-Unis peuvent commencer à livrer du matériel aux alliés occidentaux peu après la défaite de la Pologne. Généralement au prix de démêlés ardus avec le Congrès, R. organise, au cours des deux années suivantes, un soutien intensif à l’Angleterre et érige son pays en « arsenal de la démocratie » : avant même que l’attaque du Japon contre Pearl Harbour (7 déc. 1941) et la déclaration de guerre d’Hitler ne provoquent une participation active de l’Amérique à la Guerre mondiale, les États-Unis avaient saisi les biens allemands et japonais, s’étaient dotés d’une industrie de guerre et avaient institué le service militaire obligatoire ; ils avaient occupé le Groenland et l’Islande, donné ordre à la marine de tirer sur les sous-marins allemands, cédé, grâce à la loi « prêt-bail », un grand nombre de matériel de guerre aux adversaires de l’Axe dont cinquante destroyers à l’Angleterre en échange de bases navales et enfin formulé avec Churchill dans la Charte de l’Atlantique (août 1941) des buts de guerre et des voeux généraux sur la configuration du monde après la fin de la guerre. L’Allemagne étant considérée comme l’ennemi le plus dangereux, les opérations militaires en Europe ont priorité sur celles du Pacifique.

Tandis que dans le Pacifique la contre-offensive américaine, favorisée par une forte supériorité aérienne, progresse par bonds d’île en île, grâce à une sévère réglementation publique, l’immense potentiel industriel des Etats-Unis s’adapte alors complètement à la production de guerre ; il ne sert pas seulement à équiper sa propre armée de douze millions d’hommes (1945) mais aussi en grande partie les armées alliées et surtout celle de l’URSS : pour la seule année 1943, le tonnage des navires produits est supérieur au tonnage commercial mondial de 1939 et près de 100 000 avions sont produits en 1944. Grâce à de nombreux développements techniques (radar), on vient à bout du danger que représentaient les sous-marins allemands ; à partir de 1942 l’industrie de guerre de l’Allemagne et du Japon est sérieusement endommagée par des attaques aériennes dont l’intensité croît sans cesse ; le 7 novembre 1942, en jonction avec les armées britanniques, les forces terrestres, commandées par Eisenhower, entament, lors du débarquement en Afrique du Nord, la marche qui, par la Sicile, l’Italie et la Normandie, les conduira jusqu’à l’Elbe (19 avr. 1945). Plus encore que lors de la Première Guerre mondiale, l’intervention des forces américaines, dirigée par R., est décisive pour la victoire des Alliés. Mais cette fois encore, ce rôle décisif ne permet pas d’organiser le monde d’après-guerre conformément aux souhaits des Américains. Si le projet de Nations Unies, défendu une nouvelle fois par le président des Etats-Unis, est mis en oeuvre de manière plus efficace qu’en 1919 et avec cette fois la participation du pays qui en est l’inspirateur, lors des conférences de Téhéran et de Yalta, R., fatigué par un cancer, se montre très conciliant à l’égard de Staline, ce que celui-ci exploite pour étendre la puissance de l’URSS. Les attaques contre « FDR » qui, par manque de clairvoyance, aurait fait le jeu de l’impérialisme soviétique et aurait affaibli la position mondiale de l’Amérique, ne sont pas exactes. C’est la rupture de l’accord par les Russes, bien plus que les trop grandes concessions que leur avait faites R., qui a fait évoluer la situation d’après-guerre de manière défavorable à T Occident ; l’Américain n’abandonna rien de ce qu’il détenait effectivement ; alors qu’il n’avait guère la possibilité de contraindre les Russes à des concessions, il réussit cependant à en obtenir (ONU) ; il considérait qu’avoir confiance dans les assurances données par ses partenaires était le préalable fondamental à une politique de paix internationale et que la bonne entente avec l’URSS, reposant sur une vision politique réaliste avant même l’instauration de l’« équilibre de la terreur atomique », était la condition du maintien de la paix dans le monde. Bibliographie : R. Cartier, Roosevelt, 1945 ; M. Einaudi, Roosevelt et la révolution du New Deal, 1961 ; A. Kaspi, Franklin Roosevelt, 1988.




ROOSEVELT, Franklin Delano (Hyde Park, État de New York, 1882-Warm Springs, 1945). Président des États-Unis (1933-1945). Démocrate, promoteur du New Deal lors de la crise de 1929, il fut, lors de la Seconde Guerre mondiale, l'un des artisans de la victoire des Alliés. Issu d'une famille aisée, cousin du président Théodore Roosevelt - dont il épousa la nièce en 1905 -, Roosevelt, après avoir fréquenté les meilleures écoles privées, poursuivit des études supérieures à Harvard, puis à Columbia et devint avocat. Sénateur démocrate de l'État de New York en 1910, il soutint activement la candidature de Thomas W. Wilson aux élections présidentielles de 1912 et entra dans son cabinet comme secrétaire adjoint à la Marine (1913-1921). Candidat démocrate à la vice-présidence des États-Unis (novembre 1920), il ne put empêcher la victoire des républicains et fut battu. Après avoir interrompu quelque temps sa vie politique après une attaque de poliomyélite (1921), il fut élu gouverneur de l'État de New York (1929-1933), où il s'illustra par une lutte vigoureuse contre le chômage. Le congrès démocrate le désigna alors comme candidat aux élections présidentielles de 1932 contre le républicain Hoover, et Roosevelt fut élu triomphalement, emportant plus de 57 % des suffrages. Entouré d'une équipe remarquable de banquiers et d'économistes (le brain trust ou « trust des cerveaux »), Roosevelt prépara un programme économique et social de lutte contre la crise (le New Deal ou « Nouvelle donne »), destiné à relancer la consommation et l'investissement mais aussi à réformer le système ultra-libéral du capitalisme américain par l'intervention du pouvoir fédéral dans l'économie. Les 100 jours (mars-juin 1933) qui suivirent l'accession à la présidence de Roosevelt furent marqués par une série de mesures d'urgence spectaculaires. Roosevelt, après avoir accordé un moratoire aux banques, imposa par le Banking Act une spécialisation entre banques de dépôts et banques d'investissements et créa un système de garantie des dépôts bancaires. Afin de relever les prix et favoriser les exportations, il pratiqua une inflation contrôlée, suspendit temporairement la convertibilité du dollar et dévalua la monnaie de 41 %. Il lutta contre l'effondrement des prix agricoles par l'Agricultural Adjustement Act (AAA) et proposa des « codes » de concurrence loyale et des conditions d'emploi dans les entreprises (National Industrial Recovery Act ou NIRA). Il lutta enfin contre le chômage par des mesures sociales (Social Security Act) et la mise en oeuvre de grands travaux comme l'aménagement de la vallée du Tennessee. Les résultats du New Deal étant très lents, Roosevelt renforça considérablement le déficit budgétaire, l'État se chargeant de « réamorcer la pompe ». Les hostilités à la politique de Roosevelt furent nombreuses et vinrent particulièrement des hommes d'affaires et de ses soutiens politiques, telle la Cour Suprême, qui déclara inconstitutionnels le NIRA (1935) et l'AAA (1936). Cependant, la popularité du président, entretenue par une habile propagande (« causeries au coin du feu » à la radio) mais aussi justifiée par une remontée de l'indice de production, permit à Roosevelt d'être réélu en novembre 1936 avec une majorité renforcée (près de 61 % des suffrages). Si son premier mandat fut absorbé par la crise (résolue définitivement par les commandes militaires et la guerre), sa deuxième présidence fut surtout dominée par les problèmes internationaux. D'abord conscient de l'attachement des Américains à l'isolationnisme, Roosevelt laissa voter par le Congrès des lois de neutralité (Neu-trality Act, 1935). Puis, inquiet des agressions allemandes, italiennes et japonaises, il menaça ces pays de les mettre « en quarantaine » (discours de la quarantaine, Chicago, octobre 1937) puis, les hostilités en Europe ayant commencé, il obtint du Congrès la levée de l'embargo sur les armes à condition que les belligérants les paient comptant et assurent leur transport (loi cash and carry, novembre 1939). Roosevelt, néanmoins, refusa d'apporter son aide à la France défaillante de 1940 malgré les appels lancés par Paul Rey-naud. Réélu en novembre 1940 avec une majorité réduite (54 % des voix), il décida cependant d'aider la Grande-Bretagne, demeurée seule dans la lutte, en faisant voter par le Congrès la loi prêt-bail (étendue en 1941 à l'URSS) et engagea l'industrie américaine à fabriquer des armes. Il signa avec Churchill la Charte de l'Atlantique (août 1941) définissant les buts de guerre des Alliés et achemina ainsi les États-Unis vers une intervention, malgré la résistance des isolationnistes encore majoritaires (la loi sur le service militaire national ne fut votée qu'à une voix de majorité), que précipita l'attaque japonaise de Pearl Harbor (7 décembre 1941). Roosevelt participa durant la guerre à toutes les grandes conférences entre les Alliés (Casablanca, Québec, Le Caire, Téhéran). À Yalta (février 1945), il obtint de Staline la promesse d'une intervention armée soviétique contre le Japon mais rejeta toute idée d'expansion soviétique ou communiste en Europe. Aux élections de 1944, Roosevelt fut réélu pour la quatrième fois à la présidence mais mourut quelques mois plus tard, à la veille de la victoire. Voir Truman (Harry).

Liens utiles