RONSARD Pierre de 1524-1585
RONSARD Pierre de 1524-1585
Poète, né au château de La Possonnière, en Vendômois. Son père, descendant anobli d’une famille de « sergents fieffés » de la forêt de Gastine, le destine à la vie de gentilhomme (c’est-à-dire à la carrière militaire ou diplomatique), mais l’adolescent devient à moitié sourd avant sa dix-huitième année. Or, un parfait cavalier doit être exempt de toute disgrâce physique, et Ronsard, de ce jour, ne songe plus qu’au vert laurier de la gloire. Avec Du Bellay et Baïf, il suit les cours de Dorât, l’humaniste, principal du collège de Coqueret sur la montagne Sainte-Geneviève ; l’esprit païen de la poésie grecque et latine, que Dorât leur révèle, lui apparaît de plus en plus comme le chemin véritable vers l’humanisme. À leur groupe, dénommé d’abord la « Brigade », se joignent bientôt de nouveaux membres : sept en tout, selon la tradition ; d’où le nom de Pléiade, adopté en souvenir de la Pléiade alexandrine (mais Ronsard a donné, en trente ans, trois listes différentes : seuls, outre les trois fondateurs, y figurent sans discontinuer l’honorable auteur dramatique Jodelle, et un poète mineur rescapé de l’ancienne « école lyonnaise », Pontus de Tyard).. Le chef en titre de la Pléiade est d’abord Du Bellay, qui va lancer le manifeste du groupe, La Défense et illustration de la langue française, et, la même année (1549), inaugurer le genre de l’« ode » à l’antique, alors inconnu dans notre poésie. Mais Ronsard, dès que paraît son premier livre d’Odes (1550), éclipsera tous ses rivaux par l’éclat triomphal, l’infinie diversité, l’ampleur, enfin, de sa production : de nouvelles Odes (1553-1556), Le Bocage, et Le Nouveau Bocage (1550-1554), Les Hymnes (1555, en particulier L’Hymne de la mort) et Les Discours (1560-1562 : Discours sur les misères de ce temps ; Remontrance au peuple de France, etc.) ; enfin l’épopée de La Franciade (1574). Parallèlement, se succèdent les trois livres des Amours : Amours de Cassandre (1552), Amours de Marie (1555) et Amours d’Hélène (1578) ; sans parler des poèmes érotiques (Les Folastries, 1553). Alors que, sous Henri II, le poète de cour Ronsard doit partager son titre avec le médiocre Mellin de Saint-Gelais, le règne de Charles IX (1560-1574) verra l’apogée de sa gloire, incontestée désormais. Mais déjà sous Henri III, l’aimable Desportes va parvenir à l’évincer. Son triomphe aura donc été fort bref, au total.
Ronsard plus encore qu’un poète royal a voulu être un poète national ; et il le fut (de son vivant, tout au moins). Ses Discours versifiés, tels que La Remontrance au peuple de France (au plus fort des guerres de religion), ne manquent certes pas d’allure parfois : Ne prêche plus en France une Évangile armée / Un Christ empistolé tout noirci de fumée ; et, même, ses Hymnes, moins heureux dans l’ensemble, comportent de beaux moments lorsqu’une indiscutable sincérité les anime. Ainsi L’Hymne de l’automne ; ou surtout L’Hymne de la mort : Moi donc, qui de longtemps, par épreuves, sais bien
Qu’au sommet du Parnasse on ne trouve plus rien
Pour étancher la soif d’une gorge altérée...
L’épopée de La Franciade, en revanche, est difficilement défendable, ainsi que les Odes à la manière de Pindare (où notre poète officiel couvre de couronnes le roi, puis son fils ; puis de proche en proche ses sœurs, nièces et cousines ; enfin, après épuisement de tous les membres de la famille royale : les principaux ministres et les grands prélats, les grands dignitaires, etc.). L’Ode pindarique à Michel de L’Hôpital, tant vantée, avec ses huit cent seize vers divisés en vingt-quatre triades (c’est-à-dire alternant strophe, antistrophe et épode, comme dans la poésie et la tragédie antiques), donne la mesure des possibilités de Ronsard sur ce plan. Non pas que son art connaisse les moindres limites. Non pas que sa muse athlétique pèche par quelque point. Elle a l’envergure de l’aile, l’amplitude de la foulée.
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