Romances sans paroles de Paul VERLAINE, 1874
Bien qu'ils datent de l'époque de la liaison de Verlaine avec Rimbaud, ces poèmes ne doivent rien à la technique de l'auteur d'Une Saison en enfer et des Illuminations. Par le titre Romances sans paroles, qui reprend un vers du poème A Clymène (Fêtes galantes), Verlaine attire l'attention sur les recherches musicales qu'il a entreprises dès ses Poèmes saturniens tout en restant fidèle à la versification traditionnelle. À ce sujet, on verra son Art poétique, composé en 1874 et publié dans Jadis et naguère (1885) : De la musique avant toute chose/Et pour cela préfère l'impair, [...]; Prends l'éloquence et tords-lui son cou! La première section, Ariettes oubliées (une ariette est une chansonnette), contient quelques-uns des poèmes les plus célèbres de Verlaine : C'est l'extase langoureuse..., Il pleure dans mon coeur... Ô triste, triste était mon âme... Les paysages y font l'objet d'une subtile composition symboliste (Dans l'interminable / Ennui... L'ombre des arbres). La section Paysages belges évoque la technique des peintres impressionnistes. La troisième section, Birds in the night (Oiseaux dans la nuit), est liée aux difficiles rapports de Verlaine et de sa femme, ainsi que la dernière, Aquarelles. Si Verlaine est resté étranger à l'ambition de voyance de Rimbaud, il a contribué à réduire l'écart entre l'âme et le langage dans la poésie moderne.
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