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Rodolphe de Habsbourg (1218-1291); roi allemand [1273-1291].

Rodolphe de Habsbourg (1218-1291); roi allemand [1273-1291]. R. est à l'origine de la puissance des Habsbourg, qui tirent leur nom d'un château situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Zurich. Possesseur de terres en Haute-Alsace, dans la région de Zurich et en Argovie, il n'est nullement le « pauvre comte » que raille Ottokar II de Bohême devant le pape. Grâce à des querelles familiales et des conflits sans importance, puis par héritage et par mariage, il s'est constitué un territoire, qui sans être d'un seul tenant, n'en est pas moins imposant, du Saint-Gothard à la Forêt-Noire et du lac de Constance aux Vosges, qu'il consolide également de manière continue vers la Bourgogne et la Savoie, en l'emportant dans des conflits avec l'abbé de Saint-Gall, avec les évêques de Strasbourg et de Bâle, avec les comtes de Wurtemberg ; grâce à quoi, il pose les fondements d'une seigneurie qu'on qualifie de « Hautes Terres » et, plus tard, d'Autriche antérieure. R. correspond donc bien au type des seigneurs expansionnistes de son époque. Il se trouve en Italie avec Frédéric II et se révèle un parfait chevalier. C'est un homme pieux, toujours actif, mais aussi un calculateur réaliste, qui sait faire des compromis (ainsi avec le royaume de France) et attache de l'importance à la gestion et aux questions financières. Il est important pour sa politique qu'il entretienne de bonnes relations avec la Curie, négociant sans relâche pour obtenir son couronnement impérial, mais sans céder au mirage italien. En 1272-1273, les électeurs et le pape cherchent un nouveau roi allemand, car Richard de Cornouailles est mort et ils ne veulent ni d'Alphonse X de Castille, trop inconstant, ni d'un Franco-Angevin, trop dangereux. L'archevêque de Mayence, Werner d'Ep-penstein [1259-1284], tourne ses regards vers le Habsbourg, qui est alors âgé de cinquante-cinq ans. Son élection se déroule sans difficultés (Francfort, 1er oct. 1273), si l'on excepte l'opposition d'Ottokar de Bohême. R. et son épouse Gertrud de Hohenberg (issue d'un lignage souabe secondaire) sont couronnés à Aix-la-Chapelle le 24 octobre 1273. R. se met aussitôt à restituer à l'Empire les biens impériaux dont les propriétaires d'alors ne peuvent justifier l'existence d'une cession légale devant le comte palatin, qui sert de juge. Il doit cependant exclure de l'opération les territoires des princes-électeurs, qui imposent au souverain de donner leur accord à toute aliénation (« lettres de volition », Willebriefe). Il confirme aux villes leurs anciens droits et devoirs. Il sanctionne, après l'échec des Staufen, une évolution fondamentale de l'Empire : celui-ci est défini non comme une monarchie absolue, mais comme une unité supérieure, association contractuelle aussi, assurant la vie commune de territoires régis chacun par une loi écrite, progressivement codifiée (« paix territoriales », Landfrieden Dans sa diplomatie, R. a un autre atout : six filles. Le comte palatin Louis, le duc Albert de Saxe, le marquis Otton III de Brandebourg, le duc Otton de Basse-Bavière deviennent ses gendres. Sachant par son expérience dans les « Hautes Terres » que la richesse foncière donne considération et pouvoir, R. se préoccupe d'édifier une puissance territoriale à l'est. Le refus d'Ottokar de Bohême de restituer à l'Empire les territoires autrichiens, saisis à l'extinction des Babenberg, lui en offre l'occasion. R. agit contre le prince, condamné pour violation du droit de l'Empire et excommunié par l'archevêque de Salzbourg. En 1276, Ottokar s'incline et doit se contenter de la Bohême et de la Moravie. La terre d'Eger lui reste, mais seulement comme dot donnée à la fille de R., Judith, qui est mariée à son fils Venceslas II. Un nouveau conflit s'achève en 1278 avec la mort d'Ottokar à la bataille de Dürnkrut. L'Autriche et la Styrie vont aux fils de Rodolphe, Albert (futur roi Albert Ier) et Rodolphe II (1290), la Carinthie et la Car-niole à l'efficace auxiliaire de R. contre Ottokar, le comte Meinhard de Tyrol, la Bohême et la Moravie restent à Venceslas II. R. a résolu avec habileté et énergie le problème le plus important qui se posait à son entrée en fonctions, la récupération des territoires perdus par l'Empire pendant l'interrègne. Il ne parvient pourtant pas à affermir la justice et la sécurité de manière satisfaisante en Allemagne, malgré des efforts sincères. En bref, quand il meurt (15 juill. 1291), R. a posé les bases de la puissance des Habsbourg mais aussi de toute révolution ultérieure de l'Empire ; dans l'immédiat, il échoue à assurer à sa famille la succession héréditaire à la couronne royale/impériale, qui passe à Adolphe de Nassau.



RODOLPHE Ier de HABSBOURG (Limbourg, Hesse, 1218-Spire, 1291). Puissant prince de l'Allemagne du Sud, devenu empereur (1273-1291), il fut l'initiateur de la puissance des Habsbourg. Élu roi de Germanie (1273), il mit fin à l'anarchie politique de l'Empire (Grand Interrègne). Soucieux de restaurer la puissance impériale, il lutta contre les grands féodaux sans réussir néanmoins à freiner l'émancipation des grandes principautés. Son règne fut surtout marqué par sa lutte contre Otokar II de Bohême qui dut lui céder ses possessions autrichiennes (Autriche, Styrie, Carinthie, Carniole) en 1276. Voir Maximilien Ier.

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