ROBESPIERRE Maximilien François Marie Isidore
ROBESPIERRE Maximilien François Marie Isidore. Homme politique français. Né à Arras le 6 mai 1758, guillotiné à Paris le 10 thermidor an II (28 juillet 1794). Fils d’un avocat d’Arras, Maximilien de Robespierre (il n’abandonnera définitivement la particule qu’en 1790) avait perdu très tôt sa mère. Son père, souvent absent, paraissait se désintéresser de ses quatre enfants (deux garçons et deux filles). Maximilien fut recueilli par son grand-père maternel et placé au collège de sa ville natale à l’âge de sept ans. En 1769, grâce à une bourse accordée par l’évêque d’Arras, il fut envoyé poursuivre ses études à Paris, au collège Louis-le-Grand. Il en sortit en 1781 après avoir obtenu le diplôme de licence à la Faculté de droit. De retour à Arras, il fut admis au conseil provincial d’Artois. Sa carrière d avocat et d’homme du monde, brillamment inaugurée en 1783, subit une certaine éclipse à partir de 1786. Aigri et déçu, il envisageait de quitter Arras. Mais voici que Louis XVI annonce son intention de réunir les États généraux. De nouvelles perspectives s’ouvrent à Robespierre. Il se porte candidat, prenant résolument parti pour le peuple. A la Constituante, son discours du 20 juillet 1789, où il dressait le bilan de la journée qui avait vu la chute de la Bastille, attira sur lui l’attention de ses collègues. Mais le commencement de la popularité de Robespierre auprès des masses ne date que du 25 janvier 1790. Ces jour-là il était monté à la tribune pour présenter un projet de décret : « Tous les Français seront admissibles à tous les emplois publics sans autre distinction que celle des vertus et des talents. » C’est à cette époque également que Robespierre commence à se faire remarquer chez les Jacobins qui le portent à la présidence de leur société le 31 mars 1790. Le 16 mai 1791, Robespierre remporta son plus grand succès parlementaire à la Constituante. Il parvint à faire décréter qu’aucun des membres de l’assemblée actuelle ne pourrait être réélu à la prochaine législature. Après la clôture de la Constituante, Robespierre concentra toute son activité chez les Jacobins, prenant nettement position contre la politique belliciste dé Brissot et des Girondins. En mai 1792, Robespierre réussit à mettre sur pied un journal : Le Défenseur de la Constitution. Dans le premier numéro il fit connaître son « credo » politique : il préfère voir les Français « libres et respectés avec un roi » qu’« esclaves ou avilis sous la verge d’un sénat ». Brissot, en prônant la république en juillet 1791, « avait fait reculer la Révolution peut-être d’un demi-siècle ». Au cours des semaines de juillet, lourdes d’orages prêts à éclater, il essaya de prêcher aux fédérés patience et prudence. Mais il dut bientôt se rendre compte qu’on ne pouvait plus endiguer le courant populaire. « Dans la situation où nous sommes il est impossible aux amis de la liberté de prévoir et de diriger les événements », écrivait-il à Couthon le 9 août. Le lendemain, il n’y avait plus de roi en France. Robespierre accepta le fait accompli aussitôt, sans réserve, totalement. Le 5 septembre, il fut élu le premier, au premier tour de scrutin, député de Paris à la Convention nationale. Il y retrouva ses adversaires, Brissot et les Girondins. Le procès de Louis XVI approfondit encore plus l’abîme qui les séparait. Vint ensuite la trahison de Dumouriez. Pour Robespierre, la connivence des Girondins avec le général rebelle ne faisait pas de doute. Le procès des Girondins était virtuellement ouvert. Deux mois après, le 2 juin 1793, leurs chefs étaient proscrits. Le 10 juillet suivant, Danton, qui dominait alors le Comité de salut, en tut éliminé. Trois jours plus tard le couteau de Charlotte Corday débarrassa Robespierre d’un censeur gênant, Marat. La voie était libre. Le 27, il entra au Comité de salut public. Mais il ne réussit pas à s’en rendre maître. Grâce à la diplomatie de l’habile Barère, Carnot y fut introduit dès le 11 août avec son compatriote et ami, Prieur de la Côte-d’Or. Ce qui provoqua un vif mécontentement chez Robespierre. Le jour même il dénonça aux Jacobins l’existence au Comité de salut public des « traîtres qui y tramaient contre les intérêts du peuple ». Il s’en accommoda pourtant. L’entrée au Comité de Billaud-Varenne et de Collot d’Herbois, quelque trois semaines après, parut renforcer sa position. Il s’en servit pour se débarrasser des Hébertistes d’abord, des Dantonistes ensuite, qu’il estimait également dangereux, les uns et les autres, pour l’avenir de la Révolution. Le 1er frimaire, Robespierre inaugurait aux Jacobins sa croisade contre l’athéisme. Il y voyait un complot ourdi par les agents de l’étranger. Le décret qu’il proposa le 18 floréal portait que le peuple français reconnaissait l’existence de l’Etre suprême — Sur l’Etre suprême — et l’immortalité de l’âme. Deux jours après la fête de l’Etre suprême (20 prairial), Robespierre, « pour affermir le bonheur du peuple », fit présenter par Couthon à la Convention un projet de réorganisation de la justice révolutionnaire, qui visait tout particulièrement les députés en accordant au Comité de salut public le droit de les envoyer directement au tribunal révolutionnaire. L’assemblée, après quelques tentatives, rapidement réprimées, de protestation, vota la loi du 22 prairial. En terminant son exposé, Couthon avait dit : « C’est encore des poignards que nous dirigeons contre nous, nous le savons, mais que nous importent les poignards ! » Il voyait juste : ce jour-là s’ouvrit devant lui et devant Robespierre la route qui devait les conduire, l’un et l’autre, à l’échafaud de thermidor. La chute de Robespierre est l’œuvre commune de Cambon, dont la politique financière était très sévèrement jugée par lui, des dirigeants du Comité de sûreté générale : Amar, Jagot et Vadier qui avaient vu une menace personnelle dans la création, sur l’initiative de Robespierre, auprès du Comité de salut public, d’un Bureau de police générale, et de quelques représentants en mission prévaricateurs qui craignaient d ’être livrés à la justice révolutionnaire. Elle ne put être consommée qu’à la suite de la mésentente qui s’était créée au Comité entre Robespierre et Billaud -Varenne qui refusait de reconnaître l’autorité de celui-ci. La tentative de la commune parisienne de prendre la défense de Robespierre en s’insurgeant contre la Convention échoua. Son irrésolution, son manque d’énergie au moment décisif furent la cause principale de cet échec. Robespierre n’en demeure pas moins le plus grand homme de la Révolution française qui n’a été, ne l’oublions pas, qu’une révolution essentiellement politique, faite par les bourgeois pour les bourgeois. Il réservait la priorité à l’égalité politique et au perfectionnement moral de l’être humain. La refonte économique et sociale devait venir après. Il eut à peine le temps d’amorcer la réalisation de ses projets. Dès le lendemain de la chute de Robespierre la presse s’acharna contre lui avec une véhémence incroyable. Un revirement parut se dessiner dès la fin de l’Empire. Mais c’est sous la Restauration, vers 1820, qu’on assista à une première tentative de réhabilitation de Robespierre (Guillaume Lallement). La révolution de 1830 fit accroître considérablement le nombre de ses apologistes. Sous le Second Empire, Robespierre trouva un hagiographe passionné dans Ernest Hamel. La troisième République lui préféra Danton. En 1910, sous la vigoureuse impulsion d’Albert Mathiez, se produisit un « retour à Robespierre », qui ne semble pas avoir survécu à la catastrophe de 1940. Les écrits de Robespierre peuvent être divisés en deux groupes : avant et après 1789. Avant : des vers d’ama-teur très médiocres, deux mémoires littéraires présentés à des concours académiques, des plaidoyers judiciaires publiés par ses soins et où l’on rencontre, déjà, des réflexions politiques et sociales. Après : des écrits polémiques destinés à justifier son activité politique, discours et rapports aux assemblées parlementaires et à la société des Jacobins; on y retiendra surtout ses discours sur la guerre et ses rapports sur « la situation politique de la République », sur « les principes de la morale politique », sur « les rapports des idées religieuses et morales avec les principes républicains ». Tous ils sont rédigés avec un soin extrême, le style demeure toujours grave, solennel, pour ne pas dire emphatique, par endroits; les effets déclamatoires sont savamment calculés, toute espèce de familiarité de langage, à la manière de Danton, en est rigoureusement exclue.. L’usage des longues périodes, l’abus des répétitions rend leur lecture peu attrayante, mais prononcés, je dirai plutôt déclamés, par Robespierre, auréolé de tout son prestige, ils ne pouvaient pas manquer de frapper profondément les auditeurs — v. Discours de Robespierre.
♦ « On ne craint pas ce chafouin à la tribune, mais il serait dangereux si l'on buvait à côté de lui. » Mirabeau.
♦ « Robespierre n’a pas une idée dans la tête, pas un sentiment dans le cœur. » Condorcet. ♦ « Robespierre est comme certains médecins qui, sur leur réputation, acquièrent force pratique; l’essentiel pour eux n’est pas de guérir, mais seulement de voir un plus grand nombre de malades. » Danton.
♦ « Robespierre ne sera jamais bien connu par l’histoire. Il a été culbuté parce qu’il voulut devenir modérateur et arrêter la Révolution. » Napoléon.
♦ « Les hommes d’Etat ne doivent pas être jugés d’après les règles ordinaires de morale. En 1793 et 1794, il s’agissait de sauver le corps social et s’il était prouvé que le chef des Jacobins n ’eût fait dresser les échafauds de la Terreur que pour abattre les factions et rétablir ensuite ce gouvernement royal que la France entière désirait, il serait injuste de regarder Robespierre comme un homme cruel et de l’appeler tyran, il faudrait, au contraire, voir en lui, comme dans Sylla, une forte tête, un grand homme d’Etat. » Louis XVIII. ♦ « Un dévot sans passions, sans les vices auxquels elles exposent, mais sans le courage, sans la grandeur et la sensibilité qui les accompagnent ordinairement, un dévot ne vivant que de son orgueil et de sa croyance... » Thiers.
♦ « Il y a un dessein dans sa vie, et ce dessein est grand : c ’est le règne de la raison par la démocratie. Il y a un mobile, et ce mobile est louable : c’est la soif de la vérité et de la justice dans les lois. Il y a une action et cette action est méritoire : c’est le combat à mort contre le vice, le mensonge et le despotisme. Il y a un dévouement, et ce dévouement est constant, absolu, comme une immolation antique : c’est le sacrifice de soi-même, de sa jeunesse, de son repos, de son bonheur, de son ambition, de sa vie, de sa mémoire à son œuvre. » Lamartine.
♦ « Avec moins de génie que plusieurs autres, moins de cœur et de bonté, Robespierre représente la suite, la continuité de la Révolution, la persévérance passionnée des Jacobins... » Michelet.
♦ « Aucun esprit, par sa médiocrité et son insuffisance, ne s'est trouvé si conforme à l'esprit du temps; à l'inverse de l’homme d'Etat, il plane dans l'espace vide, parmi les abstractions, toujours à cheval sur les principes, incapable d'en descendre, et de mettre le pied dans la pratique. » Taine.
Robespierre, Maximilien de (Arras 1758 -Paris 1794) ; homme politique et révolutionnaire français.
Issu d’une famille de petite noblesse provinciale, orphelin très jeune, il est d’abord élève des oratoriens, puis boursier au collège Louis-le-Grand à Paris. Il devient ensuite avocat au Conseil supérieur de l’Artois et juge au tribunal épiscopal. Il fréquente le cénacle littéraire des Rosati, et est reçu en 1783 à l’académie d’Arras, foyer de propagande philosophique. Il se fait connaître par quelques écrits académiques, dont certains sont couronnés par des prix : il y mélange les principes monarchiques, les sentiments religieux, les idées philosophiques et surtout les théories issues du Contrat social de Rousseau, sa principale source d’inspiration. Il est élu député du tiers état de l’Artois aux Etats généraux, mais ne commence à jouer un rôle important qu’après la prise de la Bastille. À l’Assemblée nationale, il fait figure d’adepte résolu des idées démocratiques, prône la liberté de presse, de réunion, le suffrage universel et direct, l’instruction gratuite et obligatoire ; il réclame la démocratisation de l’armée, l’aide aux chômeurs, et plaide en faveur des Noirs. C’est sur son initiative que le décret controversé, selon lequel les membres de la Constituante ne peuvent être réélus à l’Assemblée législative, est adopté (mai 1791). Avec cette mesure, il espère faire entrer dans la nouvelle Assemblée un personnel politique révolutionnaire nouveau. Menant une vie d’un ascétisme rigide dans une modeste chambre louée au menuisier Duplay, il gagne, par cette pratique fanatique de la vertu, qui est surtout le fruit d’une dureté et d’un rigorisme profonds, le surnom d’ « Incorruptible ». Cette réputation d’intégrité est un des facteurs majeurs qui contribuent à faire progressivement de lui le chef des Jacobins. Bien qu’il semble avoir été au départ partisan d’une monarchie constitutionnelle, la fuite du roi et la fusillade du Champ-de-Mars font de lui un républicain convaincu. Sous la Législative, il combat énergiquement, au club des Jacobins, les idées bellicistes de Brissot, et prévoit qu’une guerre contre l’Europe aboutira, soit au succès de la Contre-Révolution, soit à une dictature militaire. Après la prise des Tuileries, le 10 août 1792, à laquelle il ne participe pas directement, il est le soir même élu au Conseil général de la Commune, où il réclame la déchéance du roi, l’institution d’un Tribunal révolutionnaire et la réunion d’une Convention nationale élue au suffrage universel. C’est comme député de Paris qu’il entre à la Convention, où il vote la mort immédiate du roi. Avec Marat et les sections, il mène une lutte sans merci contre les Girondins qui l’accusent d’aspirer à la dictature, tandis qu’il leur reproche de compromettre l’oeuvre de la Révolution. Il est l’âme des émeutes parisiennes des 31 mai et 2 juin 1793 qui conduisent à l’élimination des Girondins. Après l’éviction de Danton, R. entre le 27 juillet 1793 au Comité de salut public, et devient l’inspirateur de la dictature montagnarde. Il expose son programme plus particulièrement dans les discours des 25 décembre 1793 et 5 février 1794 : à l’ordre constitutionnel s’oppose l’ordre révolutionnaire, rendu nécessaire par la gravité des circonstances (la France est menacée de l’extérieur par une coalition, de l’intérieur par le soulèvement vendéen, la misère sévit partout, les caisses de l’État sont vides). Pour préserver l’unité de la Révolution, il voit dans la Terreur le moyen de supprimer radicalement les « factions » et les « complots » : après avoir éliminé les radicaux (les hébertistes) en mars 1794, il s’en prend en avril aux « indulgents » (Danton, Desmoulins). R. tient alors en main, avec Couthon et Saint-Just, tous les leviers de commande. Par les décrets de Ventôse (févr.-mars 1794), il tente de réaliser un début de redistribution des richesses. Il proclame que le principe fondamental du gouvernement populaire est la vertu, et institue par décret le culte de l'Être suprême. Ses efforts pour faire renaître la religion comme fondement de l'État et de la morale trouvent leur apogée dans la fête du 20 Prairial (8 juin 1794), dont la mise en scène est réglée par le peintre David. Mais aussitôt après, par la loi du 22 Prairial (10 juin 1794) il supprime les dernières garanties de procédure qui restaient aux accusés, et va jusqu’à menacer l’immunité des députés, alors que la menace extérieure a été écartée par la victoire de Fleurus (26 juin). La résistance commence à s’organiser. Lorsque R. réclame le 8 Thermidor (26 juill. 1794) une « épuration » du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale, une coalition se forme entre les modérés du centre (la Plaine), d’anciens terroristes comme Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Fouché, Tallien, d’anciens dantonistes, ou des techniciens comme Carnot. Au cours de la célèbre séance du 9 Thermidor, les députés empêchent R. et Saint-Just de se faire entendre et décident leur arrestation. Sauvé par le soulèvement de la Commune qui le ramène à l’Hôtel de Ville, R. hésite à signer l'appel aux armes. Lorsqu’il se décide, il est trop tard : la Convention, avec l’aide des sections modérées, reprend T Hôtel de Ville. R. est grièvement blessé par un coup de pistolet qui lui brise la mâchoire. Il sera guillotiné le lendemain (28 juill. 1794) avec son frère, Couthon, Saint-Just, et dix-sept autres de ses amis, sous les acclamations de la foule.
Bibliographie : N. Hampson, Maximilien Robespierre, Montalba, 1982 ; M. de Robespierre, Écrits, présentés par C. Mazauric, 1989 ; J.-C. Frère, La Victoire ou la Mort: Robespierre et la Révolution, 1983.
CHUTE DE ROBESPIERRE • 27 juillet 1794 En ce début de thermidor an II (mi-juillet 1794), la Révolution - et, avec elle, Robespierre - semble bien avoir triomphé. Mais, paradoxalement, la victoire, tant en Vendée qu’aux frontières, va accélérer la chute de l’incorruptible. Car, la situation ne justifiant plus ce régime d’exception qu’est la Terreur, une forte majorité de la population aspire désormais à l’apaisement tandis que nombreux sont ceux, parmi les nouveaux membres de la classe dirigeante, qui veulent profiter de leurs récents acquis. Nul ne saura jamais ce qu’aurait été l'action de Robespierre s’il avait pu prendre en compte cette situation nouvelle. Le 9 thermidor, en effet, alors qu’il vient de réclamer la punition des «traîtres», mais sans citer de noms, un vote de la Convention, où s’allient modérés et anciens extrémistes qui se sentent visés (Barras, Fouché), le met en accusation ainsi que ses amis. Le 10 (28 juillet), au terme d’une tentative d’insurrection populaire avortée à laquelle il n’a pas accordé sa caution, Robespierre est guillotiné. Il monte à l’échafaud avec vingt de ses partisans, dont son frère Augustin, Saint-Just et Couthon.Homme politique français. Né d'une famille de petite noblesse, avocat à Arras, puis juge au tribunal épiscopal, il se passionna pour les idées de Rousseau. En 1789, il représenta le tiers état de l'Artois aux États généraux. Sous la Législative, il exerça une influence croissante au sein du club des Jacobins et prit clairement parti contre la guerre. Élu député de Paris à la Convention (sept. 1792), il s'imposa rapidement comme l'un des chefs des Montagnards, joua un rôle clé dans le procès de Louis XVI. Après avoir obtenu la chute des Girondins, en mai 1793, puis la promulgation de la loi des Suspects en sept., en raison de la trahison de Dumouriez, il entra au Comité de salut public. Pendant presque un an, il exerça une sorte de dictature à la tête du gouvernement révolutionnaire, et dirigea la Terreur (v.). Pour imposer un idéal révolutionnaire qu'avec Saint-Just il prétendait incarner, il élimina tour à tour les extrémistes sans-culottes des sections parisiennes (hébertistes et « enragés »), en mars 1794, puis les « indulgents » dirigés par Danton, en avr. Les principes vertueux qui lui avaient valu le surnom d'« Incorruptible », purent alors s'exprimer dans les rites d'une nouvelle religion, le culte de l'Être suprême. Mais cette apothéose précéda de peu sa chute. Robespierre fut renversé par une coalition de conventionnels en juill. 1794 (V. THERMIDOR) et monta sur l'échafaud avec ses fidèles (dont son frère Augustin, Saint-Just et Couthon).
ROBESPIERRE, Maximilien de (Arras 1758-Paris, 1794). Homme politique français. Chef des montagnards, il incarna la tendance démocratique de la Révolution française, mais aussi ses méthodes terroristes. « Incorruptible » pour les uns, « dictateur sanguinaire » pour les autres, il reste encore aujourd'hui une figure très controversée de l'histoire. Issu de la petite bourgeoisie de province, orphelin de sa mère dès 1774, il fit ses études chez les oratoriens d'Arras, puis au collège Louis-le-Grand à Paris où Camille Desmoulins fut son condisciple. Grand admirateur de la philosophie des Lumières et disciple fervent de Jean-Jacques Rousseau, devenu avocat, il s'enthousiasma pour la Révolution, la convocation des États généraux lui fournissant l'occasion d'agir. Élu député du Tiers en Artois (1789), il fut, à l'Assemblée constituante, l'un des rares députés démocrates, défenseur du suffrage universel et de l'égalité des droits. Principal animateur du Club des jacobins, il dénonça l'entrée en guerre de la France contre l'Autriche (1792), décision qu'il jugeait imprudente, faisant le jeu du roi, et soutint l'insurrection des sans-culottes parisiens qui aboutit à la déchéance de Louis XVI (10 août 1792). Devenu membre de la Commune insurrectionnelle de Paris, il commença à jouer un rôle politique de premier plan. Député montagnard à la Convention nationale, élue au suffrage universel, il combattit violemment les girondins hostiles à l'exécution de Louis XVI, puis contribua à leur éviction après la trahison de Dumouriez (juin 1793). Entré au Comité de Salut public (juillet 1793), il y joua avec Couthon et Saint-Just un rôle grandissant et devint bientôt l'âme de la « dictature jacobine », imposant un régime de Terreur, mesures d'exception jugées indispensables pour sauver la République gravement menacée. Après l'élimination des ultra-révolutionnaires (hébertistes) jugés « démagogiques », puis des Indulgents, groupés autour de Danton, Robespierre tenta d'instaurer son idéal de République démocratique et vertueuse, constituée de petits propriétaires libres et égaux en droit, lui donnant son couronnement spirituel avec l'institution du culte de l'Être suprême. Cependant, l'hostilité grandissante des modérés, mais aussi des principaux chefs du Comité de Sûreté générale après l'instauration de la Grande Terreur (loi de prairial an II, 10 juin 1794) jugée inutile après les victoires militaires (Fleurus), discrédita Robespierre. La crise aboutit le 9 Thermidor (27 juillet 1794) à son arrestation. Il fut guillotiné avec ses amis Couthon et Saint-Just le 10 Thermidor. Sa chute mit fin à la Terreur et brisa l'élan démocratique de la République.
Liens utiles
- ROBESPIERRE, Maximilien Marie Isidore de(6 mai 1758-28 juillet 1794)Homme politiqueC'est chez les Oratoriens à Arras que ce jeune homme issu de la petitenoblesse provinciale commence ses études.
- ROBESPIERRE, Maximilien Marie Isidore de (6 mai 1758-28 juillet 1794) Homme politique C'est chez les Oratoriens à Arras que ce jeune homme issu de la petite noblesse provinciale commence ses études.
- Maximilien de Robespierre par François Furet Personne n'est moins digne de confiance que ses sectateurs, si ce n'est sesdétracteurs.
- Andrieu, Jean-François d' Leclair, Jean-Marie Monteclair, Michel Pignolet de Mouret, Jean-Joseph
- BICHAT, Marie François Xavier (1771-1802)