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Robert Sabatier

Né à Paris le 17 août 1923, Robert Sabatier, après la disparition précoce de ses parents connut une enfance très proche de celle d’Olivier, le jeune héros de sa trilogie romanesque, avec pour décor Montmartre, le canal Saint-Martin et la petite ville de Saugues, en Haute-Loire (où il prendra le maquis pendant la guerre). En 1947 il fonde en province une petite revue littéraire : la Cassette. En 1950, son recueil Les Fêtes Solaires lui vaut le prix Antonin Artaud. La même année il entre dans l’édition où il occupera diverses fonctions jusqu ’à celle de directeur littéraire. Son premier roman Alain et le Nègre paraît en 1953. Robert Sabatier est membre de I’Académie Goncourt.
Robert Sabatier est célèbre. Des millions de lecteurs connaissent les aventures d’Olivier, découvrant seul à dix ans les rues de Montmartre et les lumières des boulevards, faisant amitié avec Bougras, un demi-clochard (Les Allumettes suédoises), s’adaptant à la vie bourgeoise dans l’appartement de son oncle l’industriel, mais courant les cinémas de quartier avec la bonne (Trois sucettes à la menthe), enfin s’émerveillant à Saugues devant la forge et l’étable de son grand-père, apprenant le patois en même temps que les secrets de la campagne (Les Noisettes sauvages). Mais il n’est pas sûr que, masqué par le succès de sa trilogie, l’écrivain Sabatier ne soit pas méconnu. Sans doute Sabatier est tout entier présent dans ces trois romans qui transposent sa propre enfance. Depuis Alain et le Nègre, en 1953, l’enfance, qu’il s’agisse ou non de la sienne lui est toujours apparue comme le temps non seulement où l’on apprend à voir, mais où l’on sait voir comme on ne le saura jamais plus. Aussi bien sa quête du monde, sa volonté visible dans ses poèmes de déchiffrer les signes du réel, le langage des choses, passent par l’enfance : « Et je m’évade où je m’attends moi-même./ Portant les mots de l’enfant que je fus, » dit-il dans Les Châteaux de millions d’années. Sans doute aussi dans ses romans de l’enfance se manifestent le réalisme de Sabatier. Mais le charme d’Olivier ne doit pas cacher ce qui fait le prix des Allumettes suédoises : une reconstitution savoureuse, une description presque ethnologique du Paris des années trente. Par là le récit dépasse le réalisme des romans balzaciens. Et dans les romans plus complexes, plus riches qui précédèrent la trilogie, Boulevard, Canard au sang, Dessin sur un trottoir ou le trop méconnu Chinois d’Afrique, le réalisme n’était que de surface; l’étrange, l’inquiétant, le merveilleux se glissaient dans le trame du quotidien, sous les pas d’une strip-teaseuse ou dans les rêves d’un apatride. C’est que sous une forme aux allures traditionnelles, Sabatier, romancier ou poète cherche à renouer avec des savoirs perdus comme à préparer des fêtes pour demain. Et le travail qu’il poursuit actuellement avec sa belle et monumentale Histoire de la poésie française, participe de cette même quête, et pourrait bien être aussi source de renouvellement.

► Bibliographie
Poèmes
Les fêtes solaires, 1950, Janus, 1955 Albin Michel; Dédicace d'un navire, 1959, Albin Michel; Les Poisons délectables, 1965, Albin Michel; Les Châteaux des millions d'années, 1968, Albin Michel;
Romans : aux éditions Albin Michel; Alain et le Nègre, 1953; Le Marchand de sable, 1954; Le goût de la cendre, 1955; Boulevard, 1956; Canard au sang, 1958; La Sainte Farce, 1960; La mort du figuier, 1962; Dessin sur un trottoir, 1964; Le Chinois d'Afrique, 1966; Les Allumettes suédoises, 1969; Trois sucettes à la menthe, 1972; Les noisettes sauvages, 1974;
Essais : Aux éditions Albin-Michel, L'État princier, 1961 ; Dictionnaire de la mort, 1967; Histoire de la poésie Française, T. I et II, 1975, T. III et IV, 1976,