Robert Merle
Né en 1908 à Tébessa, Algérie, Robert Merle fait des études de philosophie et d’anglais. Prix Concourt en 1949 pour Weekend à Zuydcoote (c’est à Zuydcoote qu ’il fut fait prisonnier en 1940). Après avoir enseigné à la Faculté des Lettres de Rennes, il est professeur à la Faculté des Lettres de Nanterre.
Le regard sur la mort — surtout sur le scandale de la violence, de la torture, de la guerre — et la question du sens de la vie, telles semblent bien être les dominantes de l’œuvre de Robert Merle. Ancrés dans l’histoire la plus douloureusement vécue ou jouant avec la fiction, l’anticipation, ses récits mettent en scène les angoisses de notre temps, disent l’homme aux prises avec ses démons intérieurs (instinct de domination et de mort) ou avec les engins terribles qu’il a créés (bombe atomique, mais aussi conditionnement des esprits, dans Les hommes protégés). Son entrée en littérature se fit avec un livre violent qui avait quelque chose à la fois de Sartre, de Camus, de Céline : Week-end à Zuydcoote : histoire de soldats sur une plage bombardée en 1940 au moment de l’embarquement pour l’Angleterre, histoire contée sans fioritures, dans une langue rapide, directe, imagée, histoire traversée de bruits et de fureurs, par la révolte contre une mort absurde, comme par les éclairs du sexe. Que toute guerre est absurde et criminelle, La mort est mon métier dont le héros est le commandant d’un camp de la mort, fonctionnaire du crime obéissant et scrupuleux, pris dans les rouages d’une logique terrifiante, et pareillement L’Ile, sorte de fable sur la colonisation, le racisme et le pouvoir, le répètent sous des formes différentes. Après L’Ile, Merle situe ses fictions plutôt dans le futur que dans le passé, mais à travers des romans qui touchent à la politique fiction il poursuit une réflexion sur les pouvoirs — et les expériences dangereuses de l’homme (notamment dans Un animal doué de raison où les dauphins jouent un rôle essentiel et dans Les Hommes protégés). Mais il n’en reste pas moins avec un essai sur Fidel Castro et un récit (Derrière la vitre) sur mai 1968 le témoin de l’histoire immédiate.
► Bibliographie
Romans :
Week-end à Zuydcoote, 1949, Gailimard. La mort est mon métier, 1952, Gallimard. L'Ile, 1962, Gallimard. Un animal doué de raison, 1967, Gallimard. Derrière la vitre, 1970, Gallimard. Maievii, 1972, Gallimard. Les hommes protégés, 1974, au Seuil. Madrapour, 1976, Gallimard.
Essais :
Oscar Wilde, 1948, Hachette. Oscar Wilde ou la destinée de l'homosexuel, 1955, Hachette. Moncada premier combat de Fidel Castro, 1965, Laffont. Ahmed Ben Bella, 1965, Gallimard.
Théâtre :
T.l {Sisyphe et la mort, Flaminéo, Les Sonder!ing), 1950, Gai Iimard. T.II {Nouveau Sisyphe, Justice à Miramar, L'assemblée des femmes}, 1957, Gallimard.