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Robert Guiscard (v. 1015-1085) ; duc des Pouilles, de Calabre et de Sicile.

Robert Guiscard (v. 1015-1085) ; duc des Pouilles, de Calabre et de Sicile. Sixième fils du Normand Tancrède de Hau-teville, Robert Guiscard (c'est-à-dire « le Rusé ») suit en 1046 ses frères aînés en Sicile. Dès 999 environ, des combattants originaires de Normandie s'étaient, au retour de la Terre sainte, fait engager pour aider à la défense de Salerne contre les Arabes ; d'autres pèlerins, à peine plus pacifiques, portaient leur dévotion à l'archange saint Michel jusqu'au Gargano. Attirés par Guai-mar III, prince de Salerne [998/999-1027], les Normands trouvent vite à s'employer, le morcellement politique de l'Italie du Sud aidant : à Bari contre les Byzantins, à Capoue contre Naples, à Naples contre Capoue. En 1030, le chef de bande Rainulf Drengot obtient Aversa, entre Naples et Capoue, dont le territoire va former un « comté ». Guaimar IV, prince de Saleme [1027-1052], s'appuie sur leurs forces et les établit à Liris, après qu'on les a appelés une nouvelle fois à l'aide. En 1038 (l'année même où des Normands aident les Byzantins contre la Sicile musulmane avant d'aider les musulmans contre les Byzantins), l'empereur Conrad II, descendu châtier Capoue, fait de Guaimar son principal allié. Les Normands deviennent le meilleur soutien des ambitions de ce dernier. Sur ces bases, ils commencent à soumettre le sud de l'Italie et à inquiéter les territoires voisins du nord. En 1042, Guaimar reconnaît à douze chefs normands la domination de Melfi et de son territoire : les douze « comtes » décident d'exercer le pouvoir collégialement à Melfi et de se répartir le territoire ; l'ensemble forme un « duché ». En 1047, remettant Guaimar au pas, l'empereur Henri III investit directement les comtes normands Drogon et Rainulf des territoires qu'ils ont conquis en Campanie, en Pouille, en Calabre. Trop puissants, ils suscitent une coalition entre le pape Léon IX, Henri III et le basileus. Mais dès 1053, ils écrasent les coalisés et capturent le pape à Civitate en Capitanate. Marié à une fille du prince Guaimar, R. profite des dissensions des papes avec Byzance et avec les ducs lombards de Bénévent pour s'emparer des Pouilles (il prend Bari, la dernière base grecque, en 1071) et de la Calabre. Il se distingue particulièrement au cours des combats en Italie du Sud, de sorte qu'après la mort de son demi-frère Onfroi, les Normands le choisissent en 1057 comme duc des Pouilles, alors que Richard d'Aversa est reconnu comme prince de Capoue. Tous deux, en 1059, sont reconnus et investis par le pape Nicolas II au synode de Melfi : R. s'engage à verser un impôt annuel ainsi qu'à protéger les États pontificaux. Il est officiellement appelé « duc des Pouilles, de Calabre et de Sicile », île dont son frère Roger Ier commence précisément la conquête. Les Normands mettent en oeuvre une gigantesque redistribution de la fortune foncière et, comme ailleurs, introduisent la féodalité. Mais les ambitions de R. sont sans fin, le renforcement de son pouvoir personnel suscitant de sourdes tensions dans l'aristocratie normande. Le pape Grégoire VII, qui cherche à endiguer les tentatives d'expansion des princes normands, excommunie R. en 1074, mais le relève de la sentence, après qu'en 1076-1077 R. eut à nouveau étendu sa puissance en conquérant la principauté de Salerne et la ville d'Amalfi, et lui inféode une nouvelle fois ses territoires (accords de Ceprano, 29 juin 1080) : en raison de ses querelles avec l'empereur Henri IV, le pape doit pouvoir s'appuyer sur des alliés militaires puissants et ils ne sont pas foule. L'Empereur apparaît en 1081 et 1082 devant Rome, qu'il prend en 1083. Grégoire s'enfuit au château Saint-Ange, dont R. ne parvient à le «libérer» qu'en 1084, car depuis 1081 le Normand est en guerre contre Byzance, s'est avancé jusqu'à Salonique et a dû ensuite réprimer des soulèvements en Italie du Sud. Les bandes des encombrants « protecteurs » de la papauté en profitent pour piller Rome. Quant à R., il conduit le pape à Bénévent (avant Salerne, où il décède). R. reprend ensuite la lutte contre Byzance en Illyrie et défait la flotte gréco-vénitienne à Corfou. Il se prépare encore à une expédition militaire en mer Ionienne, lorsqu'il meurt brutalement dans l'île de Céphalonie, dont un promontoire garde encore son souvenir, le cap « Viscardo » (17 juill. 1085). Son fils aîné Roger « Borsa » lui succède en Pouille, difficilement. C'est le conquérant de la Sicile, son frère Roger, qui devient progressivement le vrai chef des Normands.



ROBERT GUISCARD (v. 1015-Cépha-lonie, 1085). Conquérant normand, comte ( 1057-1059) puis duc de Pouilles, de Calabre et de Sicile (1059-1085). Fils d'un modeste seigneur de Normandie, Robert Guiscard (c'est-à-dire l'« avisé ») fut à l'origine de l'État normand d'Italie du Sud et de Sicile. Il rejoignit ses frères en Italie et reçut du pape Nicolas II l'investiture des duchés de Pouilles et de Calabre (1059). Il chassa les Byzantins d'Italie du Sud et les Sarrasins de Sicile avec l'aide de son frère, Roger, qu'il plaça à la tête de la Sicile. Voir Grégoire VII, Robert II de Sicile, Sicile (Royaume de).

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