Robert BENAYOUN
Né en 1926 à Port-Lyautey (aujourd’hui Kenitra) au Maroc. Critique cinématographique à la plume cultivée et imagée, spécialiste mondialement reconnu de Jerry Lewis, auteur d’excellents ouvrages sur Huston, Keaton et Resnais, d’une brillante anthologie du nonsense et d’un non moins excellent parcours à travers l’érotisme du surréalisme, Robert Benayoun est aussi l’auteur de deux films qui reflètent avec pertinence et humour ses goûts pour le fantasmagorique et le burlesque. Paris n existe pas représente un vertige, celui du temps présent qui bascule dans le passé. Le film narre le quotidien d’un jeune peintre victime d’hallucinations visuelles qui se trouve transporté dans le Paris des années folles et dans celui de l’entre-deux-guerres. Baroque, romantique et surréaliste à souhait, ce premier film correspondait bien à l’esprit de recherche stylistique de son temps. Benayoun devait attendre sept ans pour tourner Sérieux comme le plaisir, œuvre beaucoup plus libre que la précédente. Écrite en collaboration avec Jean-Claude Carrière, elle se veut l’éloge du vagabondage spatial, moral et structurel. Jane Birkin, Richard Leduc et Georges Mansart y forment un couple élargi qui ne vit que pour l’amour et le plaisir. Ils partent en vacances et font de multiples rencontres, toutes aussi insolites les unes que les autres. Benayoun jongle avec les lieux et les personnages, avec un sens plus ou moins aigu de la construction. Le résultat est plaisant, nostalgique (Bussières en Buster Keaton) et toujours, comme il se doit, surréaliste. L’échec commercial des deux films a sans doute empêché l’un des rares cinéastes engendrés par la revue Positif de poursuivre sa création. L’esprit terre-à-terre et conservateur des années quatre-vingt n’était de toute façon plus propice à l’expression de l’un des derniers princes de l’irrationnel.