RIME
RIME, n.f Répétition de sons identiques à la fin de deux ou plusieurs vers. En principe, il faut une succession de deux sonorités (voyelle + voyelle; voyelle + consonne; consonne + voyelle) pour que la rime soit suffisante. Dans le cas où une seule voyelle est répétée, on parle de rime pauvre, ou encore d’assonance (voir ce mot, et les exemples qui y sont donnés). Plus le nombre de sonorités répétées à la rime est grand, plus la rime est riche. Dans la poésie classique, on alterne les rimes masculines et les rimes féminines; sont féminines les rimes dont le dernier mot se termine par un e muet, masculines toutes les autres. Cousine/voisine, fille/brille, émue/remue sont féminines. Soleil/pareil, front/rond, peur/rigueur sont masculines. Lorsqu’un vers se termine par une rime masculine, il ne peut être suivi que par un vers se terminant par une rime féminine (sauf s’il s’agit bien sûr de la même rime masculine). Et réciproquement. Les rimes sont dites plates lorsqu’elles adoptent la disposition aa/bb/cc/; croisées, dans la disposition abab ; et embrassées, dans la disposition abba. La rime consistant à jouer sur le son et sur le sens, les poètes aiment y pratiquer la paronomase (figure de style qui consiste à rapprocher des mots de sonorités proches mais de sens différents) :
Comme la vie est lente Et comme l’Espérance est violente (Apollinaire)
RIME nom fém. — Répétition en fin de vers de sons identiques. ÉTYM. : de la langue francique rim - « série ». On distingue les rimes suivantes, en fonction de leur qualité : a) rime suffisante : avec identité de la dernière voyelle accentuée et des sons qui la suivent ; solitude/rude b) rime riche : rime suffisante à laquelle s’ajoute l’identité de la consonne d’appui ; solitude/étude c) rime léonine : avec identité de deux syllabes ; altitude/ platitude On distingue les rimes suivantes en fonction de leur mode d’organisation : a) rimes plates = sur le modèle « aabb » b) rimes croisées = sur le modèle « abab » c) rimes embrassées = sur le modèle « abba » On distingue rimes masculines et rimes féminines, les secondes se terminant par un « e » muet. La rime remplace l’assonance à partir du XIIIe siècle et devient l’un des éléments clés de la versification française. À la fin du XVe siècle, les rhétoriqueurs en expérimenteront les formes les plus complexes : rimes équivoquées dans lesquelles les vers se terminent par une série de syllabes identiques par leur sonorité ; rimes batelées qui riment par le milieu et la fin ; rimes enchaînées dans lesquelles un vers doit commencer sur la syllabe par laquelle le précédent s’est terminé. Certains mouvements littéraires comme le Parnasse ont fait de la rime riche l’un des éléments clés de la poétique. Cependant, l’impératif de la rime condamne la poésie française à une certaine forme de répétition particulièrement sensible dans la tragédie du XVIIIe siècle ou dans la chanson aujourd’hui : les couples de mots rimant ensemble ne sont pas en nombre infini. Si bien que, chez. Corneille, « cœur » rime souvent avec « honneur » et, chez les artistes de variété, « amour » avec « toujours ». La poésie moderne sort de cette impasse en abandonnant purement et simplement la rime ainsi que le conseillait Verlaine dans son célèbre Art poétique. Ou bien, avec Aragon, elle s’attache à renouveler le répertoire des rimes. A cette fin, elle place par exemple à la rime des noms de lieu ou de personnes : « Et lorsqu’on mourait à Vimy Moi j’apprenais l’anatomie » Le Roman inachevé «Nous sommes en progression De l’homme sur le quadrumane Du pithécanthrope à Truman » Le Roman inachevé —► Féminine - Masculine - Vers