Rhétorique (style)
Rhétorique (nom fém.)
La rhétorique, comprise comme l’art de bien dire, ordonne les mots et les phrases selon un ordre préétabli qui cherche avant tout à séduire et à convaincre, parfois au détriment de la vérité.
♦ rhétorique (style)
Un style est dit rhétorique lorsqu'il obéit à des règles convenues et répertoriées qui ne laissent aucune place à la création personnelle.
Exemple
La mère pieuse de Louis n’écouta les censures du monde sur l’éducation du jeune roi, que pour se féliciter de les avoir méritées : on est sûr d’être dans la bonne voie, dès qu’on a choisi celle que le monde condamne. Aussi, instruit de bonne heure dans la foi et dans la piété, Louis porta sur le trône, outre l’innocence du premier âge, la grâce de Fonction sainte qui venait de le marquer du caractère auguste de la royauté, et l’établir successeur du grand Clovis. Un règne commencé avec cette grâce qui consacre les rois et les fait régner saintement, ne pouvait qu’être saint et glorieux. (Jean-Baptiste Massillon, Sermon pour le jour de Saint-Louis, roi de France.)
Commentaire
L'expression style rhétorique s'accompagne aujourd'hui d'une nuance péjorative : elle met en cause l'aspect apprêté du discours, sous-entend qu'un auteur qui utilise des modèles et des formules pour traduire sa pensée n'est qu'un exécutant dépourvu de génie. Pourtant, le style rhétorique peut s'enrichir de la personnalité d'un auteur; les règles du discours, lorsqu'elles sont parfaitement maîtrisées, peuvent favoriser l'expression d'une pensée originale. La technique ne permet plus seulement d'imiter: elle donne alors le pouvoir de créer.
rhétorique
Art du discours.
Commentaire Système de pensée, d'écriture et de présentation du discours, la rhétorique, enseignée dans la Grèce antique, se divise en quatre parties : — l'invention : c'est la découverte des idées, l'art d'exploiter toutes les richesses potentielles d'un sujet ; — la disposition : c'est la mise en ordre des matériaux réunis par l'invention ; — l'élocution : c'est le choix des procédés d'expression, la sélection des « figures de style » qui seront utilisées dans le discours pour lui donner une force de persuasion ; — l'action : c'est l'art de mettre en scène le discours. La rhétorique a souvent été confondue avec la sophistique, qui est l'art de tromper par une parole élégante et adroite. Longtemps, également, elle a été réduite à une rhétorique des figures : cela explique la connotation péjorative dont ce mot s'est chargé au cours des siècles où l'art de parler, c'est-à-dire l'éloquence, est devenu l'art de séduire par la parole, au détriment de la vérité. Battue en brèche, notamment au XIXe siècle par les romantiques assoiffés d'idéal, la rhétorique, sous l'influence de la linguistique, a cependant trouvé un nouveau souffle. Enseignée aujourd'hui sous d'autres termes (techniques d'expression, technique de l'argumentation, négociation...), elle est réhabilitée sous le nom de « nouvelle rhétorique ».
Citations Et cet art de dire et d'orner notre langage, s'il y a là un art particulier, que fait-il d'autre, lorsque nos propos rencontrent quelque sujet, que d'enjoliver et d'arranger notre langage comme un coiffeur fait d'une chevelure ? (Épictète, Entretiens, livre II, XXIII, in les Stoïciens, trad. d'E. Bréhier.) Il est évident que les rhétoriques et les prosodies ne sont pas des tyrannies inventées arbitrairement mais une collection de règles réclamées par l'organisation même de l'être spirituel. Et jamais les prosodies et les rhétoriques n'ont empêché l'originalité de se produire distinctement. Le contraire, à savoir qu'elles ont aidé à l'éclosion de l'originalité, serait infiniment plus vrai. (Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques, « Salon de 1859 », IV.)
RHÉTORIQUE, n. f. Art de bien dire et de bien parler; et donc, ensemble des procédés oratoires employés pour produire un discours convaincant, au niveau de l’invention, de la composition et de l’élocution (voir ce mot, au sens n° 2). La rhétorique est au service de l’éloquence. Elle comprend notamment les figures de rhétorique, qui peuvent être de véritables procédés d’argumentation (la concession, par exemple) ou simplement les classiques figures de style. Traditionnellement, la rhétorique était enseignée, raison pour laquelle certaines classes sont appelées «classes de rhétorique». Le mot «rhétorique» désigne aussi \'art d'écrire d’un auteur particulier : la rhétorique de Rousseau, son habileté à manier L'anaphore, L'antithèse, le style périodique. Voir: Figure de style. On emploie parfois le mot rhétorique au sens péjoratif de «rhétorique creuse», par opposition à la véritable éloquence, chaleureuse et sincère. On appelle rhétoriqueurs un groupe de poètes français de la fin du XVe siècle, remarquables par leur virtuosité formelle et leur habileté rythmique. Certains leur ont reproché leur trop grand formalisme verbal.
RHETEUR nom masc. - Orateur dont le discours sent l’artifice et manque d’un véritable élan.
ÉTYM. : du grec rhêtôr = « orateur », « professeur d’éloquence ».
L’évolution du mot confirme l’idée de Pascal selon laquelle la vraie éloquence se moque de l’éloquence (codifiée).
RHÉTORIQUE nom fém. - Art du discours.
ÉTYM. : du grec rhêtôr= « orateur », « professeur d’éloquence ».
Dans l’Antiquité, la rhétorique était une véritable technique qui enseignait l’éloquence, l’art d’être convaincant. Aristote et Cicéron en avaient exposé les grands principes et elle constitua longtemps l’une des principales disciplines qu’un homme cultivé se devait de maîtriser. Quintilien, écrivain du premier siècle de notre ère, a écrit un important ouvrage sur l’art oratoire (De institutione oratoria = Institution oratoire).
—> Éloquence - Rhéteur
rhéteur (gr. rhêtôr, lat. rhetor). À l'origine, à Athènes, orateur public à l'ekklêsia, homme politique; plus tard, à Athènes puis à Rome, professeur d'éloquence et de rhétorique.
rhétorique. Théorie de l'art de persuader par la parole; c'est l'art oratoire réduit à un système susceptible d'être enseigné. Dans le monde grec, la rhétorique se développe d'abord, nous dit-on, en Sicile, vers le milieu du Ve siècle av. J.-C., et elle est portée à un grand raffinement par les sophistes, dont la plupart considèrent que la connaissance et la maîtrise de la rhétorique sont indispensables pour les hommes qui se destinent à une carrière politique. Au cours du Ier siècle av. J.-C., à mesure que la culture grecque se répand, l'étude de la rhétorique
prend une place importante dans l'éducation des Romains; elle exerce une influence de plus en plus grande sur la littérature romaine de l'époque impériale (voir éducation). La rhétorique est divisée en cinq parties : invention, disposition, élocution, mémoire et débit ou action. L'« invention» est la découverte (inventio) des éléments pertinents; la «disposition» est l'art de disposer ces éléments de manière structurée; l'« élocution» consiste à reconnaître le style approprié à l'occasion, «élevé», «moyen» ou «simple» (parfois appelé «bas»). La « mémoire » apprend comment mémoriser le discours; l'«action» enseigne les techniques du discours public. Parmi les oeuvres antiques sur la rhétorique, citons : Aristote (4, v) ; Cicéron, Brutus, De l'invention, Du meilleur genre d'orateurs, De l'orateur ; Démétrios (3); Denys d'Ha-licarnasse, Sur l'arrangement des mots; Du sublime (attribué à Longin); Quintilien, De l'institution oratoire ; Tacite, Dialogue des orateurs', et La Rhétorique à Herennius, infra.
Rhétorique à Herennius, la (Rhetorica ad Herennium). Traité latin sur l'art oratoire, en quatre livres, rédigé entre 86 et 82 av. J.-C. par un auteur inconnu, et dédié à C. Herennius; on l'attribue parfois à un certain Cornifï-cius, d'après une allusion peu claire de Quintilien. Les manuscrits l'attribuent à Cicéron; il semble que l'oeuvre ait quelque rapport avec le traité De l'invention, un ouvrage de jeunesse de cet auteur. La Rhétorique à Herennius divise l'art oratoire en ses cinq parties; la section sur le style constitue le plus ancien traité latin conservé sur le sujet. L'oeuvre suit des modèles grecs et présente l'intérêt de constituer un exemple relativement ancien de prose latine.
Rhétorique Du grec rhètorikè (sous-entendu tekhnè/ « art oratoire ». Art de bien parler ; ensemble des procédés mis en œuvre par l’orateur pour convaincre ou séduire son public. • Dans le Gorgias, Platon condamne sévèrement l'art des rhéteurs (ou des sophistes), pour ce qu’ils flattent leur auditoire sans se soucier de la vérité ou de la justice.
Rhétorique. La rhétorique naît dans l’Antiquité, à Syracuse, après la chute des tyrans : à la lutte physique pour retrouver des terres, elle substitue la lutte (agon) verbale. Elle se répand ensuite à Athènes, où elle apparaît liée à la démocratie, puis de là à Rome, où, prospère sous la République, elle périclitera avec l’Empire. On peut la définir comme l’art de persuader par le discours, ce qui suppose un discours efficace et orné. Les deux piliers de la rhétorique consisteront donc dans des techniques argumentatives et dans une théorie du style et des figures. Comme pour bien dire, les praticiens de la rhétorique pensent qu’il faut aussi bien penser, la rhétorique aura partie liée avec la grammaire, mais aussi avec la logique et avec la philosophie. Les grands orateurs de l’Antiquité insistent en effet sur la nécessité de qualités morales, sans lesquelles la rhétorique ne serait que cette discipline mensongère critiquée par Platon. L’orateur est donc défini comme le vir bonus dicendi peritus, homme doué de qualités morales et habile à parler. Trois genres se partagent la rhétorique. Ce qui définit la « matière » de la rhétorique, c’est qu’il y a toujours un enjeu du discours, qui en constitue la «question». C’est selon le contenu de la question, la situation à laquelle elle s’applique et le résultat qu’elle doit avoir sur l’auditeur (s’agit-il en particulier de modifier ses conceptions ou de l’amener à une action?), qu’on peut définir les trois genres de la rhétorique. Le démonstratif (ou épidictique) consiste à louer ou à blâmer, comme dans l’oraison funèbre, le délibératif vise à conseiller ou à dissuader d’une action future, comme le sermon, et le judiciaire porte sur une action déjà faite qu’il s’agit de juger, comme dans le plaidoyer. L’enseignement de la rhétorique se compose de cinq parties dont les trois premières concernent la fabrication du discours, et les deux dernières l’orateur : 1. L’invention est l’art de trouver des idées et des arguments mais propose aussi une réflexion sur les «mœurs» de l’orateur et les «passions» du public. La rhétorique apparaît ici comme liée à la psychologie. 2. La disposition concerne l’organisation d’ensemble du texte, une fois que les idées ont été trouvées. Il s’agit alors de les ordonner dans un plan, un synopsis (cf. le plan du premier acte d'Iphigénie en Tauride de Racine, publié en 1747 par son fils. Chaque scène y est résumée avec les arguments utilisés par chaque personnage). 3. L’élocution porte sur la mise en mots des idées arrangées en fonction des deux premières parties et comprend une théorie des figures et du style. L’efficacité du discours suppose qu’il soit adapté au sujet et au public. La notion d'aptum est une autre des notions fondamentales de la rhétorique. Ainsi, à chaque genre du discours doit correspondre un langage, un style bien défini. Dès l’Antiquité sont définis trois styles, le simple ou bas, le tempéré ou médiocre, c’est-à-dire moyen, et le sublime. Ces trois styles se distinguent surtout par le vocabulaire et les figures et ne doivent pas être mêlés. Hors du discours, en littérature, la distinction est également valide. Par exemple, le style bas est celui des genres comiques, le style médiocre celui des genres mineurs de la poésie comme l’idylle, le rondeau, et le style sublime celui des grands genres comme la tragédie ou l’épopée. 4. L’action qui concerne l’art de jouer le discours. Il convient en effet d’avoir une diction claire et d’accompagner la déclamation d’une gestuelle adaptée. Cicéron, par exemple, prenait des leçons auprès de Roscius, le plus célèbre acteur de son temps, et l’enseignement des jésuites faisait une large part au théâtre, conçu comme une préparation à l’art oratoire. 5. La mémoire, dernière partie de la rhétorique, consiste en un ensemble de procédés mnémotechniques, fondamentaux dans l’Antiquité et jusqu’à l’invention de l’imprimerie. Avec le développement du livre, à partir de la Renaissance, la rhétorique portera aussi sur l’écrit, ce qui entraînera progressivement un déplacement de l’attention de l’argumentation vers les figures, de l’invention vers l’élocution. Se met ainsi en place aux siècles classiques une rhétorique restreinte qui gouvernera le xixe siècle et la première moitié du xxe. De nos jours, avec le retour en force de l’argumentation, la rhétorique retrouve, sous une forme moderne, ses buts élargis.