Résumé du cours : Le Temps et la Mort
Résumé du cours : Le Temps et la Mort
COURS DE TERMINALE 2023/2024
Introduction : Une Définition du Temps ?
Le temps est insaisissable, impalpable, indéfinissable. L’expérience du temps est la plus familière mais aussi la plus mystérieuse à penser. Définir le temps comme "ce qui passe quand rien ne passe" est une tautologie. Dire que le temps est "le changement perpétuel transformant le présent en passé" implique déjà la notion de temps. On ne peut définir le temps qu’à partir du temps. Comme l'exprime Saint Augustin : « Qu’est-ce donc que le temps ? Quand personne ne me le demande, je le sais ; dès qu'il s'agit de l'expliquer, je ne le sais plus » (Confessions).
I. L'homme Existe dans le Temps
Le Temps est Insaisissable
Saint Augustin (354-430), théologien et évêque d'Hippone, rompt avec la philosophie antique qui considérait le temps comme une mesure objective des astres. Augustin s'intéresse à la dimension subjective du temps, vécue par l’appréhension qu’on en a. Il analyse le temps en le décomposant en passé (qui n'est plus), futur (qui n'est pas encore), et présent (qui ne fait que passer). Ainsi, le présent, selon Augustin, est lui-même un néant car il cesse d'être dès qu'il existe : « Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité » (Les Confessions).
Le Temps est Irréversible
Le temps est irréversible. Il est impossible de retourner dans le passé. Cette irréversibilité est illustrée par les paradoxes temporels comme le paradoxe du grand-père ou le paradoxe de l’écrivain. Le temps ne peut être parcouru que dans un seul sens, de la naissance à la mort, et chaque instant est unique et définitif. Vladimir Jankélévitch affirme : « Le temps ne sonne jamais deux fois. Le temps lui est toujours "à l'endroit" ».
L’irrévocabilité du temps signifie que ce qui est fait ne peut être défait. Le passé est intouchable. Par exemple, renverser une tasse de café sur la moquette peut être nettoyé, mais il restera éternellement vrai que la tasse a été renversée. La conscience du "jamais plus" mène souvent à des sentiments de regret et de remords.
Le Temps est Mouvement et Changement
Héraclite (VIe siècle avant J.C.) a affirmé : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Il montre que le temps est synonyme de changement constant. Le temps fait passer toute chose, mais ce n’est pas le temps lui-même qui passe, ce sont les choses qui passent à travers le temps. Héraclite déclare : « Rien n'est permanent sauf le changement ».
II. Les Caractéristiques du Temps
Irréversibilité
L’irréversibilité du temps signifie qu'il ne peut pas y avoir de retour à un état antérieur. Vous ne pouvez pas passer deux fois par le même instant. Le temps ne va que dans un seul sens, du passé vers le futur. Une fois un moment passé, il ne peut être revécu. Cette caractéristique est souvent illustrée par des exemples physiques, tels que le mélange irréversible de café et de lait. Une fois mélangés, il est impossible de séparer les deux de nouveau sans une action extérieure spécifique. L'irréversibilité est également démontrée par le concept d'entropie en physique, où un système tend naturellement vers le désordre.
Linéarité
Le temps est linéaire, il avance de manière continue et ininterrompue. Chaque instant succède au précédent sans possibilité de retour. Le principe de causalité, où une cause précède toujours son effet, soutient cette idée de linéarité. Par exemple, dans un temps cyclique, une cause pourrait influencer son propre effet, ce qui est une contradiction logique. La linéarité du temps est reflétée dans la flèche du temps, symbolisant le progrès irréversible des événements.
Continuité
Le temps avance de façon continue, sans interruption, sans saut, ni accélération, ni ralentissement. Le flux du temps est uniforme, chaque seconde dure le même temps pour tout le monde. Ce caractère continu du temps est indifférent à nos perceptions humaines de l'impatience ou de l'ennui. Par exemple, que l'on soit absorbé par un film passionnant ou ennuyé par un cours ennuyeux, une heure dure toujours 60 minutes.
Destructivité
Le temps est destructeur. Tout ce qui naît doit mourir, et chaque seconde qui passe nous rapproche de notre fin. Kronos, le titan dévorant ses enfants, est une métaphore du temps qui détruit tout sur son passage. Le temps est un principe de corruption et de destruction. Baudelaire exprime ce concept dans "L'Horloge" : « Chaque instant te dévore un morceau du bonheur ».
Mémoire et Identité
Le temps est aussi mémoire et identité. Notre mémoire est la conservation du passé dans le présent. Elle rassemble les différents moments de notre passé et contribue à notre conscience de soi. Sans mémoire, nous perdrions notre identité. Marcel Proust illustre cette idée dans "À la recherche du temps perdu", où le goût d'une madeleine trempée dans du thé rappelle au narrateur des souvenirs d'enfance, reliant ainsi le passé et le présent.
III. Le Temps et la Mort
La Mort comme Limite
La conscience humaine est marquée par la finitude et la temporalité. Martin Heidegger (1889-1976) décrit l'homme comme un « être-pour-la-mort ». La mort est une certitude mais indéterminée dans ses modalités : « Dès qu'un homme est né, il est assez vieux pour mourir » (Heidegger).
L'Importance de la Conscience de la Mort
La conscience de la mort donne du sens et de la valeur à la vie. Freud écrit : « Si vis vitam, para mortem » (Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort). La mort incite à vivre pleinement et authentiquement, intensifiant le vécu de la vie. Blaise Pascal (1623-1662) compare l'homme à un condamné à mort qui ignore la date de son exécution.
Conclusion
Le temps est une réalité complexe et multidimensionnelle, insaisissable et irréversible, marquée par le changement et la finitude. Les perspectives de Saint Augustin, Héraclite, Galilée, Newton, Einstein et Bergson montrent que le temps est à la fois une réalité objective et une expérience subjective. La conscience de la mort enrichit cette compréhension, nous rappelant que vivre pleinement signifie accepter la finitude de notre existence.