Résumé du cours (HLP) : « Les libres enfants de Summerhill » de Alexander Neill
Introduction : Une éducation idéale ?
Avec le développement de la psychologie, on s'interroge de plus en plus sur la place de liberté accordée à l'enfant dans l'éducation. L'école de Summerhill, fondée en 1921 par Alexander Sutherland Neill, est une expérience de pédagogie libertaire qui met l'accent sur l'autonomie et la liberté des enfants, en opposition à la pédagogie traditionnelle, souvent répressive et directive.
Qui était Alexander Neill ?
Alexander Neill (1883-1973) était le fils d'enseignants écossais. Ayant reçu une éducation rigoriste et calviniste, il développe un dégoût pour la religion et l'école. Après avoir obtenu une licence de lettres et entrepris une psychanalyse, il devient enseignant mais est vite dégoûté par les méthodes éducatives de l'époque victorienne, qu'il qualifie de « pédagogie du dressage » en raison des châtiments corporels, humiliations et punitions fréquentes. Cherchant des voies alternatives en pédagogie, il est influencé par Freud et surtout par Wilhelm Reich, cherchant à mettre la psychanalyse au service de l'éducation et à promouvoir une pédagogie centrée sur l'enfant.
Les principes de l'école de Summerhill.
Création et fondements
Neill crée Summerhill dans l'est de l'Angleterre pour accueillir des enfants inadaptés, puis des élèves classiques. Il rejette toute forme d'autorité, de discipline imposée, de morale préconçue et d'instruction religieuse. Les enfants apprennent uniquement ce qu'ils veulent, et il y a un refus des examens et des évaluations.
Démocratie directe :
Summerhill est autogérée démocratiquement. Toutes les décisions concernant la vie de l'école, y compris les punitions, sont prises par vote lors d'assemblées générales hebdomadaires. Aucune règle n'est définitive, et les sanctions peuvent être modifiées ou abolies chaque semaine. Neill résume l'idée générale de son ouvrage : « l’école doit servir les besoins de l’enfant ».
Cours facultatifs :
Les élèves sont libres d'établir leur emploi du temps, avec des cours proposés mais non imposés. Certains enfants ne font que jouer au début, refusant les cours, ce que Neill appelle le « temps de convalescence », proportionnel à leur haine de l'école traditionnelle. Une fois réconciliés avec l'apprentissage, ils récupèrent rapidement leur retard. Neill écrit : « Les cours sont facultatifs. Les enfants peuvent s’y rendre ou s’en tenir à l’écart - pendant des années si tel est leur désir ».
Une école libertaire :
Summerhill refuse les cours magistraux et les savoirs classiques, privilégiant les activités artistiques, ludiques, manuelles et sportives. L'éducation est fondée sur l’autonomie et la foi dans la bonté de la nature humaine, une influence rousseauiste. Neill déclare : « La plupart des enseignants présument a priori que la nature humaine est mauvaise ; pour ma part, je présume qu’elle est bonne. C’est là la véritable distinction entre celui qui croit au pouvoir de la discipline et celui qui croit au pouvoir de la liberté ».
Une pédagogie du bonheur :
Neill critique l'éducation traditionnelle, qu'il voit comme castratrice et génératrice de névroses, d'autodénigrement, de violence et de déséquilibres psychiques. Il prône une pédagogie fondée sur la confiance, la responsabilité, la sécurité et l’approbation, visant le bonheur et l’épanouissement des enfants. Pour Neill, « Le but de l’éducation c’est le travail dans la joie et la découverte du bonheur » et « L’absence de crainte est la meilleure des choses pour arriver au bonheur ».
Limites du projet de Summerhill.
Bien que généreuse et innovante, la pédagogie de Neill est souvent critiquée pour son idéalisme. L'intégration des élèves en société pose problème, et des rapports d'inspecteurs britanniques ont remis en question la qualité de l'enseignement et le niveau des élèves, menaçant plusieurs fois de fermer l'école. La vision de Neill, influencée par Rousseau, est parfois perçue comme naïve, opposant de manière simpliste un enfant naturellement bon à une société forcément mauvaise et répressive.
Critiques:
- Vision manichéenne : Neill a une vision simpliste de la répression comme seule source de névrose, influencé par une mauvaise lecture de Freud. De la psychanalyse, Neill n’a retenu que 2 choses : la répression est néfaste et les névroses sont causées par la répression sexuelle. Neill a une vision naïvement rousseauiste, naïvement manichéenne (enfant/bon ; société/mal).
- Séparation de la société : Son projet de protéger les enfants de la société est jugé irréaliste, car les enfants sont la société de demain.
- Approche élitiste : Summerhill a été critiquée pour ne pas pouvoir accueillir les enfants de familles très pauvres.
- Question de l'autorité : L'absence d'autorité peut abolir toute possibilité de rébellion et de construction de soi.
Conclusion
Summerhill représente une tentative radicale de réinventer l'éducation en mettant l'accent sur la liberté et l'autonomie des enfants. Malgré ses critiques et ses limites, l'école de Neill a inspiré des discussions sur la place de la liberté et de l'autorité dans l'éducation, questionnant la manière dont nous éduquons les enfants pour les préparer à être des individus équilibrés et heureux.
Références
- Neill, Alexander Sutherland. "Libres enfants de Summerhill." 1960.
- Documentaires : https://www.youtube.com/watch?v=_xqFSHa1FE8 / https://www.youtube.com/watch?v=g4UwRozylMc
- Articles Wikipédia : Summerhill School, Alexander Sutherland Neill