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Résumé de cours sur la Vérité

Résumé de cours: Cours sur la Vérité

Introduction

La vérité est un concept fondamental en philosophie, définie traditionnellement comme la conformité d'un jugement à ce qui est. La principale difficulté est de parvenir à saisir les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes, au-delà des apparences trompeuses fournies par nos sens. Des exemples courants incluent le soleil qui semble se lever et se coucher, alors que c'est la Terre qui tourne autour de lui, ou le bâton droit qui paraît courbe lorsqu'il est plongé dans l'eau. Ainsi, parvenir à la connaissance implique souvent de dépasser les perceptions sensorielles pour faire appel à la raison. La question centrale est : comment distinguer le vrai du faux si les apparences peuvent être trompeuses ? Existe-t-il un critère de la vérité ?

I. Évidence et Vérité

A. La vérité s'applique aux idées, non aux choses
Le langage courant confond souvent réalité et vérité. La réalité concerne les objets existants, comme une lampe ou un tapis, tandis que la vérité concerne les énoncés, pensées et jugements. Par exemple, dire « cette lampe existe » ou « ce tapis est rouge » peut être vrai ou faux. La vérité ou la fausseté qualifient donc les assertions, non les objets eux-mêmes. Les choses ne sont ni vraies ni fausses en elles-mêmes ; ce sont nos représentations qui peuvent l'être. Par exemple, un faux tapis persan est bien un tapis, mais la fausseté porte sur le nom attribué à cet objet.

B. Le vrai est à lui-même sa marque
Selon Spinoza, « La vérité est à elle-même son propre signe » (L'Éthique, 1677). Descartes, dans son "Discours de la méthode" (1637), affirme que le jugement vrai se manifeste par son évidence intrinsèque. Il pose comme règle de n'accepter comme vrai que ce qui est clair et distinct : « Je pense, donc je suis ». L'idée vraie est celle qui s'impose avec clarté et distinction. Ainsi, pour Descartes et Spinoza, une idée qui se présente clairement et distinctement à l'esprit est une idée vraie.

C. Sous l'évidence, les préjugés
Cependant, l'évidence peut être trompeuse. Descartes reconnaît la difficulté de distinguer les idées claires et distinctes, soulignant que ce sentiment de certitude n'est pas toujours suffisant pour caractériser le jugement vrai. Helvétius critique ironiquement : « Descartes a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence, mais il a négligé de nous en donner l'adresse ». Les préjugés, les traditions et les passions peuvent fournir des contrefaçons d'évidence. Par exemple, les idées nouvelles sont souvent rejetées au nom de l'évidence établie par les traditions. Les penseurs comme Pasteur et Lavoisier ont dû lutter contre les préjugés de leur temps pour faire accepter leurs découvertes.

 
II. La Vérité est-elle Conformité au Réel ?

A. L'adéquation de la pensée à l'objet
La vérité est souvent définie comme l'adéquation de la pensée aux choses (adequatio intellectus et rei). Dans les universités médiévales, cette conception était courante : la vérité est la conformité de notre pensée aux choses. Cependant, cette définition est contestable car nous ne pouvons pas sortir de notre système de représentations pour confronter la copie et son modèle. Nous ne connaissons le monde qu’à travers notre structure mentale. Les choses en soi, au-delà de leur réalité phénoménale, nous échappent nécessairement. Nous ne pouvons jamais connaître les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes, seulement telles qu'elles nous apparaissent.

B. L'idée vraie est l'idée qui réussit
William James, théoricien du pragmatisme, propose que le seul critère de la vérité est le succès pratique. Pour James, une idée est vraie si elle est avantageuse et efficace : « Ce qui est vrai, c'est ce qui est avantageux de n'importe quelle manière ». Une loi physique est vraie si elle a des applications techniques fécondes, une religion est vraie dès lors qu'elle est consolante et apaise les souffrances des hommes. Cependant, cette doctrine pose des problèmes. Il y a des vérités qui blessent et des mensonges qui consolent. Nietzsche critique cette perspective : « La foi sauve, donc elle ment ». Ainsi, la vérité ne peut pas être réduite à son utilité ou son succès pratique.

C. L'idée vraie est l'idée unanime
L'unanimité, bien qu'elle puisse apporter une assurance temporaire, n'est pas un critère suffisant pour établir la vérité. L'histoire des sciences regorge d'exemples de théories unanimement acceptées qui se sont révélées fausses, comme le géocentrisme. Platon critique le relativisme, soulignant que si toutes les opinions se valent, aucune n'a de valeur véritable. Freud ajoute que les opinions de la foule peuvent être irrationnelles et contagieuses, souvent influencées par la manipulation sociale plutôt que par la raison. La vérité doit être vérifiée de manière indépendante et rationnelle, car l'unanimité peut résulter de pressions sociales ou de manipulations, et non de la réalité objective. Ainsi, même si l'accord général peut indiquer une certaine validité, il n'est pas une garantie infaillible de vérité. La vérité doit être recherchée à travers des méthodes de vérification rigoureuses et indépendantes pour éviter les erreurs causées par des consensus trompeurs. L'unanimité est un critère de vérité nécessaire mais insuffisant. Ce n'est pas l'unanimité qui fait la vérité. C'est la vérité qui fait l'unanimité.

D. Seule est vraie la connaissance vérifiée
La vérité doit être vérifiable. En logique et en mathématiques, la vérité repose sur la non-contradiction. Par exemple, l'énoncé « la somme des angles d'un triangle vaut deux droits » est vrai dans le cadre de la géométrie euclidienne, mais faux dans une géométrie non euclidienne. Dans le domaine expérimental, la vérité est ce qui est vérifié par un faisceau de preuves. Gaston Bachelard écrit : « Le monde scientifique est notre vérification » (Le Nouvel Esprit scientifique, 1934). La vérité n'est plus un absolu mais est relative à l'étendue et à la précision des techniques de vérification. Ainsi, la vérité scientifique évolue avec les avancées technologiques et les nouvelles découvertes expérimentales.

Conclusion

La vérité est une notion complexe, souvent confondue avec la réalité. La quête de la vérité implique de dépasser les apparences trompeuses pour faire appel à la raison et à la vérification. Les contributions de Descartes, Spinoza, Helvétius, William James et Bachelard enrichissent notre compréhension de la vérité, soulignant les défis de sa définition et de sa vérification. Le cours explore la complexité de la vérité, la distinction entre vérité et réalité, et les critères de vérification nécessaires pour atteindre une connaissance fiable. En fin de compte, la vérité reste un idéal philosophique, toujours en quête de définition et de confirmation, évoluant avec notre compréhension du monde et nos capacités de vérification.




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