Résumé de cours : SCIENCE ET RAISON
COURS DE TERMINALE 2023/2024
Résumé de cours : SCIENCE ET RAISON
L'hypothèse n'est pas une simple conjecture mais une proposition rationnelle qui doit pouvoir être testée et vérifiée par des expériences. Par exemple, l'hypothèse de Lavoisier sur l'oxydation des métaux a permis de comprendre que la combustion n'est pas une perte de phlogistique mais une fixation de l'oxygène.
Vérification expérimentale L'expérimentation est essentielle pour vérifier ou infirmer les hypothèses. Par exemple, l'expérience du Puy-de-Dôme de Pascal a confirmé l'hypothèse de la pression atmosphérique, montrant que la hauteur du mercure dans un tuyau est moindre en haut qu'en bas de la montagne, prouvant ainsi que la pesanteur ou pression de l'air est la cause de cette suspension du mercure. Une hypothèse validée par l'expérimentation devient une théorie ou une loi scientifique.
Claude Bernard résume cette démarche expérimentale en trois étapes :
- Observation : Le savant constate le phénomène sans idée préconçue.
- Interprétation rationnelle : Application de la raison pour produire une hypothèse rationnelle.
- Expérimentation : Vérification de l'hypothèse par des expériences contrôlées.
La transition de l'observation à l'hypothèse est inductive, allant du particulier au général, tandis que la vérification expérimentale est déductive, allant du général au particulier.
La Science en Marche
Critique de l’inductivisme L'inductivisme ou empirisme pose un problème majeur : comment passer d'énoncés singuliers à des énoncés universels ? Bertrand Russell illustre ce problème avec l'exemple de la dinde inductiviste qui, nourrie tous les jours à 9 heures, en déduit qu'elle sera toujours nourrie à cette heure-là, jusqu'au jour de Noël où on lui coupe la tête. Cela montre que les raisonnements inductifs ne garantissent pas la certitude.
Karl Popper critique également l'inductivisme en soulignant qu'aucun nombre d'observations particulières ne peut prouver la vérité d'un énoncé universel. Un seul contre-exemple suffit à réfuter une théorie, ce qui montre les limites de l'induction comme méthode scientifique.
Critère de falsifiabilité (Karl Popper) Karl Popper propose que la scientificité d'une théorie repose sur sa réfutabilité. "On peut prouver qu'une théorie est fausse, mais jamais qu'elle est vraie" (Popper). Une théorie qui ne peut être falsifiée, comme la psychanalyse ou le marxisme, n'est pas scientifique. Les théories scientifiques sont toujours provisoires et hypothétiques. Popper en déduit que ce n'est pas l'abondance des vérifications expérimentales qui assure la scientificité d'une théorie, mais la possibilité pour elle d'être falsifiée.
Popper introduit le concept de "conjectures et réfutations" pour décrire la méthode scientifique : les théories sont des conjectures que la communauté scientifique tente de réfuter. Une théorie est scientifique si elle admet la possibilité d'être infirmée par des observations ou des expériences. Par exemple, la théorie de la relativité générale d'Einstein a été soumise à de nombreuses tentatives de réfutation, comme l'expérience d'Eddington lors de l'éclipse solaire de 1919, qui a confirmé la courbure de la lumière par la gravité.
Loi Scientifique et Hasard
Détermination et hasard La science postule un déterminisme des phénomènes étudiés, cherchant à résorber le hasard. La loi scientifique est un énoncé sous forme d'équation mathématique d'un rapport constant et nécessaire entre des phénomènes, comme la loi de la chute des corps de Galilée : H = 1/2 g t², où g est la constante d'intensité de la pesanteur. La notion de loi implique une régularité et un ordre, niant ainsi le hasard.
Interprétation du hasard Henri Poincaré considère que "le hasard est seulement la mesure de notre ignorance". Selon Poincaré, le hasard traduit notre ignorance des causes multiples d'un phénomène. Par exemple, le résultat d'un jet de dés est déterminé par de nombreux facteurs, mais notre incapacité à les mesurer précisément donne l'illusion du hasard.
Cournot voit le hasard comme l'interférence de deux séries causales indépendantes. Par exemple, si une tuile tombe sur la tête de M. Dupont, c'est le résultat de la rencontre de deux séries causales : les conditions météorologiques et la sortie de M. Dupont.
Bergson, quant à lui, définit le hasard comme une intention prêtée au mécanisme. "Le hasard est dans nos têtes : on croit au hasard" (Bergson). Selon lui, le hasard n'existe que parce que nous attribuons une importance humaine à des phénomènes réguliers.
Conclusion
La science moderne respecte trois critères :
- Code logico-mathématique : "La nature est un livre écrit en langage mathématique" (Galilée). La science utilise des équations et des formules pour exprimer des rapports constants entre les phénomènes.
- Vérifiabilité ou falsifiabilité : Une théorie doit pouvoir être prouvée vraie ou fausse par l'expérimentation. Karl Popper souligne que la falsifiabilité est essentielle pour distinguer la science de la non-science.
- Loi scientifique et déterminisme : La science cherche à dégager des lois nécessaires et constantes entre les phénomènes, permettant ainsi la prévision.
L'esprit scientifique est opposé au dogmatisme. Le progrès scientifique se fait par remaniement, rupture et crise. Gaston Bachelard résume cela en disant que "la connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres" (Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique). La science ne prétend pas à une certitude totale, mais à une approximation de la vérité par une élimination indéfinie de l'erreur.
La méthode scientifique est en constante évolution, chaque nouvelle découverte remettant en question les théories précédentes. Le savoir scientifique est toujours provisoire et ouvert à la réfutation, ce qui permet une progression continue vers une meilleure compréhension du monde. Cette quête sans fin de la vérité scientifique est ce qui distingue la science de la croyance et du dogmatisme, faisant de la science une entreprise dynamique et en perpétuelle évolution.