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Résumé de Cours: LE TRAVAIL

COURS DE TERMINALE 2023/2024




Résumé du cours sur le travail


I. Définition et essence du travail

Le travail est une activité caractéristique de l'être humain, consistant en la transformation consciente et volontaire de la nature par l'utilisation d'outils, de machines et de techniques. Étymologiquement, le terme "travail" dérive de "tripalium", un instrument de torture, ce qui souligne l'aspect pénible associé historiquement à cette activité. La tradition judéo-chrétienne perçoit le travail comme une conséquence du péché originel, condamnant l'homme à une vie de labeur pour subvenir à ses besoins.
Karl Marx, dans "Le Capital", différencie le travail humain de l'activité animale en insistant sur la conscience et la volonté impliquées. Les animaux construisent leurs abris par instinct, sans planification préalable. En revanche, l'homme conçoit mentalement son œuvre avant de la réaliser. Marx illustre cette idée en déclarant :
« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte c'est qu'il construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche » (Marx, "Le Capital").
Le travail implique donc un projet et une planification consciente, permettant à l'homme de transformer la nature tout en développant ses propres facultés créatives et intellectuelles.

II. Le travail comme valeur

Le travail est valorisé pour plusieurs raisons fondamentales :
  1. Donner du sens à l'existence : Le travail permet à l'individu de se réaliser et de trouver une signification à sa vie, en contribuant à quelque chose de plus grand que lui.
  2. Assurer l'autonomie : Par le travail, l'homme peut subvenir à ses besoins et assurer son indépendance économique, évitant ainsi la dépendance envers autrui.
  3. Conférer un rôle social : Le travail intègre l'individu dans la société, lui attribuant un statut et une reconnaissance sociale. Il devient une partie intégrante de son identité.
  4. Développer les potentialités : Le travail permet de développer et d'actualiser les capacités individuelles et collectives, contribuant ainsi au progrès de la société.
Hegel, dans "Phénoménologie de l'esprit", souligne l'importance du travail pour la réalisation de l'essence humaine et l'accès à la liberté véritable :
« Le travail est la seule façon pour l'homme de réaliser son essence c'est-à-dire d'accéder à la plus haute liberté » (Hegel, "Phénoménologie de l'esprit").
Hegel considère le travail non seulement comme un moyen de subsistance, mais aussi comme un processus de formation et d'auto-actualisation, permettant à l'homme de se libérer des contraintes naturelles et de se réaliser pleinement.

III. Travail aliéné et exploitation

Karl Marx introduit le concept de "travail aliéné" pour décrire les conditions de travail dans lesquelles l'homme ne se reconnaît plus dans son activité. Dans les sociétés industrielles, le travail est souvent fragmenté et dépersonnalisé, transformant l'ouvrier en une simple machine. L'ouvrier devient étranger au produit de son travail, ne voyant pas le résultat de ses efforts. Marx décrit cette situation dans "Le Capital" :
« On fuit le travail comme la peste... l'ouvrier n'a le sentiment d'être soi qu'en dehors du travail » (Marx, "Ébauche d’une critique de l’économie politique").
Le machinisme et le taylorisme, en rationalisant et en standardisant le travail, accentuent cette aliénation. Les travailleurs sont réduits à des tâches simples et répétitives, perdant ainsi tout sentiment d'accomplissement et de reconnaissance dans leur travail. Simone Weil, dans "La condition ouvrière", décrit cette déshumanisation du travail, où les ouvriers perdent tout contrôle sur le processus de production et sont réduits à des tâches répétitives et déqualifiées.
L'aliénation du travail conduit à une situation où l'ouvrier ne se reconnaît plus dans le produit de son travail et où le travail devient une activité vide de sens. Marx critique cette déshumanisation et propose une réorganisation du travail permettant aux ouvriers de retrouver leur dignité et leur humanité.

IV. Le travail comme contrainte

Le travail est souvent perçu comme une contrainte pour plusieurs raisons :
  1. Naturelle : La nécessité de travailler pour survivre et subvenir à ses besoins élémentaires. Cette contrainte est inhérente à la condition humaine.
  2. Sociale : L'obligation de travailler pour obtenir des biens et des services ainsi que pour maintenir une certaine position sociale. Le travail devient une condition pour être accepté et reconnu dans la société.
  3. Religieuse : Dans la tradition judéo-chrétienne, le travail est considéré comme une malédiction divine, une punition pour le péché originel. Cette vision influence encore la perception du travail comme une activité pénible et inévitable.
Malgré la pénibilité du travail, certains métiers peuvent être passionnants, mais ils comportent toujours une part de contrainte. Le travail est souvent vu comme une obligation plutôt qu'un plaisir intrinsèque. Même les activités les plus gratifiantes peuvent devenir répétitives et épuisantes, soulignant ainsi l'aspect contraignant du travail.

V. Le travail comme libération

Paradoxalement, le travail peut aussi être un instrument de libération et de réalisation personnelle :
  1. Création et matérialisation : Le travail permet à l'homme de concrétiser ses idées et de se reconnaître dans ses créations. Il donne une forme tangible à ses pensées et à ses projets.
  2. Formation et éducation : Le travail éduque et forme, développant les compétences et les capacités de l'individu. Il est un moyen d'apprentissage et de perfectionnement continu.
  3. Renforcement de la sociabilité : Les échanges économiques et les relations de travail favorisent la coopération et la paix sociale. Le travail crée des liens entre les individus et renforce la solidarité.
Hegel, dans "Phénoménologie de l'esprit", montre que par le travail, l'esclave peut acquérir une autonomie et une conscience de soi, retournant ainsi la relation de domination avec le maître. Le travail devient alors un moyen de se libérer des contraintes imposées par autrui et de réaliser pleinement son potentiel.

VI. Obligation juridique et morale du travail

Le travail est reconnu comme un droit fondamental dans la "Déclaration universelle des droits de l'homme" de 1948, qui stipule que chaque personne a droit au travail et à une rémunération équitable : « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. » (articles 23 & 25). Le travail, bien qu'il soit une contrainte, est aussi un moyen de réalisation personnelle et sociale, ancré dans le cadre juridique et moral des sociétés modernes.
Cette reconnaissance juridique du droit au travail souligne son importance pour l'épanouissement individuel et collectif. Elle impose également une obligation morale aux sociétés de garantir des conditions de travail justes et équitables, respectant la dignité humaine et offrant des opportunités de développement personnel.


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