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Résistance

Résistance

Tout ce qui dans la cure s’oppose au travail analytique. Le paradoxe est que la résistance est liée à la structure même de l’appareil psychique et aux effets du refoulement. En effet, il n’y a pas de raison pour que le sujet accède facilement à ce qui précisément a été refoulé. Ainsi, on ne s’étonnera pas de voir que «la résistance augmente à mesure qu’on s’approche du noyau pathogène». Ce sont en effet les forces psychiques elles-mêmes qui ont produit le refoulement qui provoquent la résistance. Dans cette perspective, le transfert lui-même prendra une place particulière puisqu’il est sur l’un de ses versants la résistance elle-même.

Désigne les moyens mis en œuvre par le sujet pour empêcher son désir inconscient de se faire reconnaître : « Chaque fois que l’investigation analytique découvre une des cachettes de la libido, un conflit surgit : toutes les forces qui ont provoqué la régression se muent en “résistances” contre nos efforts, pour maintenir le nouvel état des choses. » (Freud, La Technique psy­chanalytique.}

Le mécanisme de la résistance, qu’il ne faut pas confondre avec le refoulement ni avec la défense, est en particulier à l’œuvre dans la cure analytique. Il fournit alors un matériel à analyser.

résistance, ensemble des forces psychologiques qui, chez un sujet en analyse, s'opposent aux progrès de la connaissance de soi. Cette opposition inconsciente se manifeste sous les formes les plus diverses : doute et méfiance à l’égard du thérapeute, critique des théories psychanalytiques, non-respect des consignes, silences, absences, etc. Elle a pour but d’interdire l’analyse des symptômes morbides et des mécanismes psychologiques afin de préserver l’équilibre précaire difficilement construit par le sujet et de conserver les bénéfices procurés par la maladie. La cure psychanalytique consiste moins à fournir des interprétations au malade qu’à analyser ses résistances pour les combattre et les supprimer.

RESISTANCE (la). Désigne toutes les forces qui s’opposent au travail de guérison. « L’existence de cette force, écrit Freud, peut être considérée comme certaine, car on sent un effort quand on essaie de ramener dans la conscience les souvenirs inconscients. » C’est à cette même force que Freud attribue le refoulement. Comme l’écrivent Laplanche et Pontalis, à la suite de Freud, « tout le progrès de la technique analytique a consisté en une plus juste appréciation de la résistance, à savoir de cette donnée clinique qu’il ne suffisait pas de communiquer aux patients le sens de leurs symptômes pour que le refoulement soit levé. » Freud parle également de la « résistance à la psychanalyse » dans un sens beaucoup plus large ; comme « vexation psychologique » la psychanalyse suscite immanquablement des « résistances ».

Phénomène courant survenant au cours d’une psychothérapie et qui traduit la défense de l’inconscient du sujet contre l’intrusion du processus thérapeutique. La résistance peut se manifester par la parole et par les actions. Dans le domaine de la parole, le sujet qui, jusque-là, s’était conformé strictement à la règle fondamentale consistant « à tout dire, sans choisir, sans cacher les données lui paraissant inavouables », prétexte ne plus rien avoir à dire. D’autres fois, il avance des banalités d’une platitude évidente (« votre bureau est grand, il fait chaud, hier il a fait moins chaud »).

Dans ses actions, le sujet arrive en retard au rendez-vous, oublie de descendre à la station de métro habituelle qui le laisse près du bureau du thérapeute, se trompe de ligne de métro ou d’autobus, etc. La théorie freudienne voit dans la résistance la réévocation d’une situation infantile caractérisée par l’hostilité du sujet vis-à-vis de son père (ou toute autre autorité). Adler y distingue la manifestation d’une tendance à la supériorité (vis-à-vis du thérapeute). Il faut également savoir que dans la mesure où le sujet renonce à sa névrose (son alibi en faveur d’une attitude de refus vis-à-vis des exigences de la vie sociale), il se voit obligé d’assumer ses responsabilités. La résistance est alors une étape sur le chemin d’un tel changement.

Manifestation actuelle des anciens refoulements. L’analyse des résistances constitue un des travaux d’approche essentiels pour l’analyse proprement dite.


Il n’est aucune entreprise analytique dans laquelle on ne puisse bientôt constater que le Sujet se dérobe à la règle fondamentale d’« association libre » qui lui a été proposée. Il déploie au contraire contre elle, et sans s’en rendre compte, de tels phénomènes de « résistance » que c’est déjà un succès lorsqu’on l’amène à la reconnaître et à compter avec elle. En effet, lorsqu’on veut combler les lacunes du discours, en imposant à l’analysant d’y appliquer son attention, on le voit d’abord tenter de repousser les idées qui surgissent ou éprouver un sentiment pénible : déplaisir, irritation, angoisse...

1. La résistance s’avère extrêmement mobile selon les moments de la cure. Elle prend successivement les formes les plus diverses : impressions confuses, silences, jugement d’insignifiance, sentiments de convenance, exploitation des événements extérieurs, « stupidité » affective, lacunes de la mémoire, brouillages chronologiques, brisures de causalité, « souvenirs écrans », fuite dans l’action, objections intellectuelles. Il peut encore s’agir d’une surabondance paradoxale de matériel associatif (rêves interminables, récits inépuisables...). Une des découvertes surprenantes, concernant le phénomène de la résistance, c’est qu’elle inclue aussi bien des formations caractérielles, des réactions qui prennent leur origine dans le Moi lui-même. Nous sommes habitués à considérer le Moi comme particulièrement lié à la conscience. Mais, dans la résistance, le Moi se comporte de façon inconsciente...

2. C’est en tant que méthode de levée des résistances que la psychanalyse prend sa dimension spécifique et se distingue d’un simple « herméneutique » (un art de l’interprétation). C’est à l’expérience acquise relativement à la qualité de la résistance, et à sa force, qu’elle doit la conception conflictuelle de la névrose. De fait, la résistance suit le traitement pas à pas. Elle apparaît chaque fois que l’on aborde un thème nouveau, pour atteindre son apogée avec son élaboration et baisser ensuite. On est ainsi conduit à penser que les forces qui s’opposent à la communication, à la compréhension, et partant au changement, sont celles-mêmes qui ont provoqué un état pathologique par un empêchement du devenir-conscient. On peut alors considérer les idées repoussées dans la résistance comme des dérivés de formations psychologiques (désirs, impulsions, etc.), sujettes à une contre-force qui s’oppose à leur expression : lorsque le sujet arrive, à force d’injonction, à supprimer son autocritique, il livre en effet (sous forme de pensées, d’idées, de souvenirs) des rejetons de l'inconscient, ou un matériel qui a subi son influence.

3. On appelle dès lors refoulement, au sens le plus large, le processus pathogène qui se manifeste par l’intermédiaire d’une résistance à l’association libre. Mais la résistance à l’association n’est cependant pas la seule à apparaître dans la cure. Sa plus remarquable variété est celle qui s’exprime contre l’analyste lui-même, et contre le traitement, dans le phénomène de la reproduction affective lié au transfert des sentiments. Il peut y avoir résistance par le transfert (immobilisation de la cure par un « ressenti » obnubilateur, trop tendre ou trop hostile, pour l’analyste), ou résistance au transfert (par refus de revivre les émois jugés coupables ou source de déception, etc.). Des résistances supplémentaires apparaissent avec le bénéfice secondaire de la maladie (« gain épinosique »), et avec le phénomène de la compulsion à la répétition qui traduit l’inertie psychique, la « résistance du Ça ». Il est jusqu’à une curieuse forme de résistance à la psychanalyse : la fuite... dans la guérison (disparition des symptômes, sans modification stucturale profonde de la personnalité), mais aussi bien la réaction négative à la thérapeutique, par besoin inconscient de souffrance (résistance du Surmoi). La psychanalyse contemporaine, à côté de bien d’autres aspects, a insisté sur la résistance par idéalisation et l’a ramenée à sa base d’envie, de dépendance et de haine masquées.

4. L’école de J. Lacan a reformulé la résistance comme « ce qui fait écran à l’avènement de la parole ». Elle relèverait d’une « interposition imaginaire » tenant au fait que l’individuation se structure dans une relation duelle. En ce sens, la résistance se rapporte au Moi pour autant qu’il se pose « en travers » de l’inconscient, à la reconnaissance duquel « il résiste par l’incidence de sa propre signification, dans la parole ».

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