RÉPUBLIQUE
RÉPUBLIQUE, n.f. (lat. res « chose » publica « publique »). ♦ 1° Autrefois, le mot était employé comme synonyme d'État. Jean Bodin (1529-1596) a exposé, dans son ouvrage la République, la structure fondamentale de la monarchie française comme type idéal de l'Etat moderne. La Bruyère a traité dans le chapitre X des Caractères, « Du Souverain et de la République », des devoirs du souverain vis-à-vis de ses sujets. La République de Platon doit s'entendre au sens d'organisation politique, d'Etat. ♦ 2° Puis le mot a désigné toute forme de gouvernement qui n'était pas monarchique. Montesquieu, par exemple, envisage une république dans laquelle une partie du peuple seulement aurait la puissance. ♦ 3° Aujourd'hui, la tendance à identifier république et démocratie est très forte. On appelle généralement république une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir est exercé par le peuple et a donc à sa base le suffrage universel.
RÉPUBLIQUE (De la), dialogue de Platon, comprenant douze livres où se trouve exposée sa philosophie politique. Son originalité est de concevoir la structure de la nation et l'équilibre social à l'image de l'équilibre individuel. L'individu se compose de trois éléments : les désirs physiques, le cœur, ou la sphère des sentiments, et l'activité intellectuelle; la sagesse résulte d'un équilibre entre ces trois fonctions. De même, une société trouve son équilibre lorsque le commerce (l'économie au service des désirs), l'armée (élément sentimental de la nation) et la direction politique (analogue de la faculté rationnelle) se trouvent harmonieusement hiérarchisés : une société uniquement économique peut mourir faute d'idéal, par une surproduction naturelle, ou bien par manque d'armée (société de marchands); inversement, trop d'armée conduit à la dictature militaire et tue la république; c'est pourquoi il faut un pouvoir politique autonome. La république se définit par la nécessité et la séparation, bref l'équilibre de ces trois fonctions. Cet exposé idéal se trouve complété, en ce qui concerne son application, par le dialogue les Lois. (V. caverne [allégorie de la], Eros [mythe d'].)
RÉPUBLIQUE, n.f. (du latin respublica, «chose publique»). Au sens ancien : la cité, la réalité politique et sociale d’une communauté prise dans son ensemble. Comme l’indique l’étymologie, la république est vraiment l’affaire de tous les citoyens. Cependant, jusqu’au XVIIe siècle, le mot sera synonyme d’organisation politique, d’État, quel que soit le degré de participation des citoyens au pouvoir. Au XVIIIe siècle (Montesquieu, Rousseau), le mot république désigne une forme de gouvernement dans lequel le pouvoir est détenu par le peuple (Démocratie) ou par une partie du peuple (Aristocratie). Avec la Révolution française, la «République» devient inséparable de l’idée de démocratie : il n’y a que dans la démocratie que la république semble pouvoir être l’affaire de tous («Liberté, Égalité, Fraternité»). Aujourd’hui, le mot république peut désigner soit un État censé vivre sous un régime républicain (plus ou moins démocratique), soit le régime démocratique lui-même (fondé sur la souveraineté populaire, le pluripartisme et le suffrage universel). Noter le sens figuré du terme: «la république des lettres ». République Du latin res publica, « chose publique ». - Originellement, la chose publique, la cité, l’État. - Par opposition à monarchie : tout État dans lequel la souveraineté appartient au peuple. • Pour Aristote, la République est un régime constitutionnel dans lequel « la multitude gouverne en vue de l'avantage commun ». Le régime despotique, au contraire, ne vise que le seul intérêt des gouvernants. • Rousseau appelle République tout État régi par des lois », c'est-à-dire par la volonté générale : « Tout gouvernement légitime est républicain ». République 1 Au sens ancien d’État : cf. État. 2 Régime politique dans lequel, la souveraineté appartenant au peuple, l’exécutif et le législatif procèdent de l’élection. a) Étudié dans ses principes : cf. Démocratie. b) Peint dans la réalité historique française : - la naissance héroïque et violente de la République (1re République, septembre 1792-mai 1804) : Balzac, Les Chouans; Stendhal, La Chartreuse de Parme (l’épopée républicaine en Italie) : Hugo, Châtiments (Ô soldats de l’an deux), Quatrevingt-Treize ; France, Les dieux ont soif; - l’idéal républicain au XIXe siècle : Michelet, Le Peuple, Histoire de France; Hugo, Châtiments, Les Misérables (Enjolras), Quatrevingt-Treize ; Flaubert, L’Éducation sentimentale; Erckmann-Chatrian, Maître Gaspard Fix; Vallès, Le Bachelier, L’Insurgé; Aragon, La Semaine sainte; - l’idéal républicain et les problèmes politiques au début du XXe siècle : Romains, Les Hommes de bonne volonté. RÉPUBLIQUE (n. f.) 1. — Trad. du grec politeia : gouvernement ou constitution de la cité. 2. — (Class.) Syn. État. 3. — (Auj.) Tout État qui n’est pas monarchique.
République (gr. Politeia). Dialogue de Platon en dix livres. Le titre français traditionnel, qui dérive de la traduction latine (Respublica) du titre grec, est quelque peu trompeur; le mot doit se comprendre au sens large : « la société», ou « l'État ». Platon écrivit la République dans les premières années de son enseignement à l'Académie, cette école qu'il avait fondée pour fournir une éducation philosophique aux jeunes gens qui se destinaient à la carrière politique. Il y expose les principes qui devraient, selon lui, fonder une société idéale. Les gouvernants (les «gardiens») seront les philosophes-rois, qui seuls connaissent l'idée de Justice et l'idée de Bien (voir platon 4 et 5). Ils gouverneront dans l'intérêt de la majorité, qui n'a, elle, qu'une perception limitée. Le livre I a la même forme que les premiers dialogues socratiques (voir platon 2), celle d'une conversation, mais dans le reste de l'ouvrage Socrate expose, presque sans s'interrompre, ce qu'il nous faut considérer comme l'opinion de Platon lui-même sur la société, au moment où il écrit (vers 375 av. J.-C.). Les interlocuteurs de Socrate sont Cé-phale (un vieillard, père de l'orateur Lysias), son fils Polémarque, le sophiste Thrasymaque, enfin les frères de Platon, Glaucon et Adimante. La discussion a lieu dans la maison de Céphale.
Le point de départ du dialogue est une question: «Qu'est-ce que la justice ? » ce qui, réduit à sa plus simple expression, revient à se demander: « Pourquoi faut-il être bon ? » On montre que la réponse traditionnelle, fournie par le poète Simonide (la justice, c'est rendre à chacun ce qui lui est dû), est insuffisante. Thrasymaque refuse la morale conventionnelle et soutient que le comportement des hommes est et doit être guidé par l'intérêt. Socrate réduit Thrasymaque au silence, mais Glaucon et Adimante, insatisfaits, reformulent la position de Thrasymaque. Glaucon soutient que la justice est affaire d'opportunité, et que tout homme serait injuste pour servir ses intérêts, s'il le pouvait. Adimante veut prouver que l'on ne recherche la justice que pour des raisons mercenaires. Socrate a donc la charge de montrer que la justice est préférable à l'injustice, de manière absolue et non pour les avantages qu'on en tire. Il avance l'idée que, pour bien concevoir la justice, il faut la placer dans le macrocosme d'un État idéal : si on la découvre dans ce contexte, on l'appliquera par analogie aux individus. Il entreprend donc de construire l'État idéal. Celui-ci sera constitué de trois classes, les gardiens ou magistrats (et Platon s'intéresse particulièrement à leur éducation) ; les auxiliaires ou soldats; les producteurs. La sagesse de l'État réside dans la première classe, son courage dans la deuxième. La tempérance ou maîtrise de soi doit caractériser les trois classes, et la justice politique est ce qui maintient chaque classe dans ses fonctions propres. De la même façon, il y dans l'âme de chaque individu les qualités de chacune des trois classes, mais en proportions variées. Les hommes sont sages par l'élément rationnel qui est en eux, courageux et capables d'élans généreux en raison de l'élément «irascible», et ils sont portés à satisfaire leurs appétits par l'élément désirant, le «concupiscible». Dans l'individu discipliné, le courage et le désir sont subordonnés à la raison ; la justice est l'harmonie entre ces trois éléments. La discussion de l'État idéal se poursuit; Socrate explique pourquoi il propose la mise en commun des femmes et des enfants, et il montre que, pour le bon fonctionnement de l'État, il faut que le pouvoir suprême soit entre les mains des philosophes. Il établit ce que sera l'éducation convenable pour les gardiens (seront exclus les récits des poètes, sources de fausses conceptions sur les dieux), et la nature de la connaissance véritable, qui n'est pas la connaissance des objets et des images du monde des sens, mais bien celle des réalités du monde intellectuel, appréhendées par la pure intelligence. Socrate développe alors la théorie des Idées ou Formes ; l'effet libérateur de l'éducation correcte est illustré par la célèbre allégorie de la caverne (liv. VII). Des hommes sont enchaînés dans une grotte souterraine, dos à l'ouverture; ils ne voient que les ombres des objets qui passent derrière eux, ombres projetées sur le mur du fond par un feu qui brille derrière eux; ils prennent ces ombres pour les seules réalités : telle est, selon Platon, la condition humaine en général. Les gardiens s'efforceront de sortir de la caverne pour parvenir au monde du savoir et de la sagesse. Au livre VIII, Socrate revient aux diverses formes d'organisation politique et de personnalités individuelles, et retrace le processus de dégénérescence par lequel le régime parfait et l'homme parfait, c'est-à-dire l'aristocratie et l'aristocrate, aboutissent en quatre étapes au pire, c'est à dire à la tyrannie et à l'homme tyrannique. Il examine enfin les récompenses de la vertu, dont les principales sont celles que reçoit l'âme après la mort, car celle-ci est immortelle; mais les récompenses ne sont qu'un élément secondaire. La nature de la vie après la mort est suggérée par le mythe d'Er, fils d'Arménios, qui revint à la vie douze jours après sa mort et raconta ce qu'il avait vu de l'autre monde (liv. X).
Au sens étymologique (res publica), c’est la « chose publique », c’est-à-dire l’État, quelle qu’en soit la forme. Aujourd’hui, désigne de façon plus limitée tout État non monarchique, le plus souvent de type représentatif.
république romaine
. L'expression latine res publica, littéralement « la chose publique », signifie « les affaires concernant l'État», «l'État» proprement dit, ou « la constitution de l'État». La Constitution romaine était républicaine au sens moderne, puisque le pouvoir suprême résidait entre les mains du peuple; était exclu le gouvernement arbitraire d'un individu (monarchie ou tyrannie) ou d'un petit groupe (oligarchie) ; tout citoyen mâle adulte avait le droit de prendre part à la vie politique (cette participation n'était cependant pas égale pour tous, voir démocratie). Pour les débuts de la République à Rome. Sous la République, le rôle politique du citoyen était déterminé par sa fortune. Du point de vue constitutionnel, la République dura de 510 av. J.-C. (expulsion des rois) jusqu'en 30 av. J.-C. (mort de Marc Antoine) ; voir rome 3-7. La république est théoriquement une démocratie, puisque toutes les lois doivent être approuvées par une assemblée de citoyens ; mais elle est en fait organisée en aristocratie, ou oligarchie à base élargie, puisqu'elle est gouvernée par un assez petit groupe de gens appartenant à une cinquantaine de familles (voir nobles), détenant régulièrement toutes les magistratures (voir magistrats). Le consulat (voir consuls), qui est la magistrature la plus haute, a pour effet d'intégrer dans la noblesse le consul et sa lignée, mais pour y demeurer il faut que ses descendants continuent d'être élus aux magistratures supérieures (« curules »). Durant toute l'époque républicaine, les plus hautes charges politiques, militaires et religieuses sont monopolisées par les nobles. En dessous de ce niveau existe une classe d'aristocrates issus d'un cercle moins étroit, gens ambitieux, habiles et surtout riches qui, sans être des nobles, sont devenus membres du Sénat (et sont donc désormais de rang sénatorial) parce qu'ils ont détenu des magistratures importantes ; car on attend des sénateurs qu'ils soient fortunés, tout en leur interdisant de s'enrichir en prenant part directement au monde des affaires. En dessous du rang sénatorial, on trouve les «chevaliers», équités, dont certains sont les hommes les plus riches de l'État romain (voir ordre équestre) ; leur fortune leur vient ordinairement des affaires. C'est dans cette classe que se recrutent les gens assez riches pour se porter candidats aux magistratures supérieures, et, s'ils sont élus, entrer au Sénat (voir supra et aussi homo novus). En effet la candidature coûte très cher ; le prestige du candidat, et parfois aussi sa sécurité, exigent qu'il soit entouré d'une large escorte, qu'il faut payer; les gens de sa tribu ou de sa centurie attendent de lui des dons d'argent en échange de leur soutien. Ces dons ne sont pas considérés comme des manoeuvres de corruption, auxquelles on recourt parfois mais qui sont illégales. Il faut suivre la série des magistratures dans un ordre déterminé (voir cursus honorum), avant de briguer la plus haute de toutes, le consulat. Les deux consuls, qui détiennent exactement la même autorité, gouvernent l'État pendant leur année de charge; leur pouvoir est limité par les lois, par le droit de veto détenu par chacun d'eux, et par les dix tribuns de la plèbe. Les citoyens exercent leurs droits politiques dans les assemblées ; ils sont divisés en 35 tribus ou en 193 centuries selon la nature de l'assemblée (voir comices). Lors des élections et pour toutes les questions soumises aux assemblées, le vote s'effectue par groupe et non par tête : le vote du groupe est celui de la majorité des individus qui le constituent ; le vote individuel n'intervient que pour déterminer cette majorité. Les groupes (tribus ou centuries) des riches et puissants s'expriment les premiers; ceux qui rassemblent les pauvres votent en dernier. Comme le résultat est proclamé dès que la majorité simple est atteinte, la plupart du temps les derniers groupes n'ont même pas l'occasion de voter. Le vote a lieu uniquement à Rome, si bien que ceux qui habitent la campagne sont le plus souvent empêchés d'y prendre part. Les assemblées ne sont pas délibératives : on n'y débat pas; on ne peut qu'adopter ou rejeter des décisions qui ont été prises ailleurs. La seule assemblée délibérative est le Sénat, qui prend des décisions dans tous les domaines, en politique extérieure aussi bien qu'intérieure. On est membre du Sénat à vie (à moins d'en être expulsé : voir censeurs). Le simple citoyen n'a pas le droit de prendre la parole devant une assemblée sans l'autorisation des magistrats et des tribuns, qui seuls ont le pouvoir de convoquer une assemblée publique et d'y débattre. Les membres de l'assemblée peuvent tout au plus manifester leur opinion de façon non officielle, par exemple par leurs cris. Cette organisation se retrouve dans les villes ou municipes (municipia) de l'Italie tout entière; à la fin de la République, les citoyens de ces villes sont aussi citoyens romains, mais les municipes gardent une autonomie locale, et ont leur propre sénat et leurs sénateurs, appelés décurions (decuriones).
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