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réfutation

La réfutation correspond à une tâche oratoire essentielle : ou il s’agit de défendre, et tout le discours consiste en une réfutation de celui de l’accusation ; ou il s’agit de répondre aux objections mutuelles, comme dans l’altercation. On peut aussi la considérer comme une partie du discours. En tout état de cause, il est toujours plus facile d’accuser que de défendre. Selon Quintilien, il importe de prendre garde non seulement à ce que l’accusateur a avancé, mais aux termes dans lesquels il l’a avancé. On examinera donc d’abord si ce que l’on veut réfuter est essentiel ou étranger à la cause. Si c’est essentiel, il faut ou le nier, ou le soutenir, ou prouver un défaut dans la forme. Pour les affaires où les faits reprochés sont indéniables, et dont l’action est bien intentée, il faut défendre les faits. Si on nie, on peut le faire de deux manières : ou on soutient que le fait incriminé n ’est pas, ou qu ’il n ’est pas comme on prétend qu’il est. Dans les cas les plus désespérés, il est nécessaire de nier absolument. On peut réfuter toutes les preuves adverses à la fois, ou les prendre une par une : cela dépend des forces respectives de chaque partie; on aura aussi intérêt, dans les cas où l’adversaire oppose beaucoup de preuves, ou des preuves qui semblent vraiment dirimantes, à en présenter une comparaison judicieusement orientées avec les nôtres. On pourra avoir avantage, également, à réunir ou à séparer les arguments opposés. Si l’attaque est manifestement mensongère ou inexacte, on la nie ; s’il s’agit de griefs fondés sur des faits improuvables ou incertains, on les récuse ; on peut aussi s’arranger pour tourner les arguments en ridicule, ou en contradiction. On réfléchira à la véracité, à la pertinence à l’égard de l’affaire, à la bienséance et à l’honnêteté, à la qualité morale, des reproches exprimés. On atténuera toute désignation accusatrice. On essaiera d’utiliser à l’envers un argument adverse que l’on aura astucieusement reconnu comme valide. Il est raisonnable d’éviter d’utiliser des paralogismes, sauf dans une situation désespérée. Il vaut mieux ne donner l’impression ni de rester court contre un argument, ni de s’attacher maniaquement à vouloir répondre à chaque point du dernier détail. Il est prudent de ne pas trop aller, même par tactique, au devant des objections adverses. La réfutation peut être envisagée plus techniquement par le biais des lieux ; on retrouve alors Aristote, qui a systématisé également ce point important. On peut, théoriquement, réfuter soit en faisant un contre-enthymème, soit en élevant une objection. Le contre-enthymème consiste à conduire un raisonnement différent de celui de l’enthymème de l’accusation ; l’objection consiste à présenter une proposition opposée à l’une des prémisses de l’adversaire. C’est en principe toujours possible, dans la mesure où toutes ces procédures reposent sur l’opinion, et beaucoup de vérités d’opinion se contredisent. Voici les lieux correspondants. De l’enthymème contesté : on prend un point de départ général et opposé, ou un cas particulier contradictoire. Du contraire : on oppose un contraire dont la définition négative ne vérifie pas la proposition contestée. Du semblable : on oppose un analogue dont les considérants ne vérifient pas ceux de la proposition contestée. Des jugements autorisés : on oppose un jugement antérieur qui infirme la proposition contestée. Il y a des lieux généraux qui sont les modes fondamentaux de réfutation : le vraisemblable, l’indicé, l’exemple et le signe invariable et nécessaire. Ce dernier accompagne toujours incontestablement une chose : si le fait en question est réel, il n’y a aucune réfutation possible. D’un indice, en revanche, on ne peut absolument rien déduire : on peut donc au contraire toujours réfuter. Pour l’exemple, si un seul contre-exemple est signalable, l’argument s’écroule ; et on a toujours la possibilité de dire qu’il y a quelque différence dans le cas considéré. Le lieu du vraisemblable est bien sûr plus subtil, et de plus grande portée. En apparence, il concerne ce qui est arrivé ou qui semble arriver la plupart du temps. Le domaine de ce lieu est donc le caractère fréquent : c’est-à-dire aussi bien celui des trois autres ; on peut donc chaque fois construire une objection qui démontre non pas que la chose n’est pas vraisemblable, mais seulement qu’elle n’est pas nécessaire. Il ne suffit donc pas de réfuter en montrant que la chose en question n’est pas nécessaire; il faut le faire en montrant en outre que la chose n’est pas vraisemblable.

=> Oratoire, éloquence, partie; cause; altercation; preuve, enthymème, exemple, indice, lieu, paralogisme; autorité, vraisemblable, bienséances, honnête; atténuation; confirmation.

RÉFUTATION (n. f.) 1. — (Rhétorique) Partie du discours visant à refuser radicalement une thèse avancée (argument ou objection). 2. — (Lato) Preuve détruisant ce qui a été avancé.

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