RÉALISME / RÉALITÉ
RÉALISME, n.m. (lat. realis « réel »). Ce mot est d'autant plus difficile à définir qu'il y a eu, au cours de l'histoire de la pensée, des inversions de sens : on peut dire que Platon est idéaliste parce qu'il définit le réel en termes d'idées, et qu'il est réaliste, parce que, pour lui, les idées sont des réalités. Gilson remarque que l'idéalisme platonicien est la même chose que le réalisme du Moyen Âge (qui consiste à dire qu'une réalité correspond au concept), et que le réalisme du Moyen Âge est l'idéalisme d'aujourd'hui (qui définit la réalité en termes d'idées). Selon lui, il s'agit, dans tous ces cas (chez Platon et au Moyen Âge) de discréditer la réalité sensible et d'attribuer la réalité à autre chose : « L'irréalisme du monde réel est doublé d'un réalisme du monde irréel » {le Réalisme thomiste). On distinguera donc les sens suivants. ♦ 1° Platon. Doctrine d'après laquelle les Idées sont plus réelles que les êtres individuels et sensibles. ♦ 2° Au Moyen Âge, doctrine d'après laquelle une réalité correspond à nos concepts universels, indépendamment des choses à propos desquelles nous les pensons. ♦ 3° Doctrine d'après laquelle l'être ne se réduit pas à la représentation et existe indépendamment de la connaissance actuelle qu'en ont les sujets. ♦ 4° Doctrine d'après laquelle l'être est d'une autre nature que la pensée, et ne peut ni être tiré de la pensée, ni s'exprimer intégralement en termes de logique pure. Dans l'acte de connaissance, la pensée individuelle saisit intuitivement une réalité autre qu'elle. C'est ce qu'exprime E. Gilson : « L'idéaliste pense, et le réaliste connaît (...). On ne peut pas rejoindre un objet en partant de la pensée (...). La connaissance est un acte de l'intellect qui consiste essentiellement à saisir un objet » {le Réalisme thomiste). ♦ 5° Le réalisme naïf croit que la réalité correspond exactement à nos perceptions, que l'herbe est verte et que la neige est froide. Un réalisme plus élaboré distingue entre les qualités premières, qui correspondent à ce que les choses sont, et les qualités secondes qui sont une traduction du réel en termes d'impressions sensibles. ♦ 6° Chez les mathématiciens, conception suivant laquelle les objets et les relations sont découverts, et non inventés, créés par l'esprit (Hermitte). ♦ 7° Esthétique. Tendance à représenter le réel sans l’idéaliser ni l’embellir, et même goût préférentiel pour la réalité rude ou grossière. ♦ 8° Attitude courante des personnes qui voient la réalité telle qu’elle est, ou qui saisissent en elle l'utilité et l'efficacité, sans s’embarrasser de scrupules ou de considérations sentimentales ou idéales.
Réalisme. Terme qui, au sens général, s’applique à toute forme d’art qui vise l’imitation du réel et refuse les traditions car elles produisent des formes sclérosées, de plus en plus coupées de la réalité humaine. Dans une perspective réaliste, l’objet à imiter doit être la chose réelle, comme le rappelle l’étymologie (res : la chose), et non un modèle qui en présente nécessairement une image idéalisée. De là résultent deux caractéristiques de l’art réaliste : tous les aspects de la réalité humaine, si minimes soient-ils, sont dignes de devenir des objets de représentation; les formes sublimées sont tournées en dérision. Aussi l’art réaliste use-t-il souvent de la parodie ou du pastiche. Le réalisme, dès qu’il fait son apparition dans la littérature française, au XIIIe siècle, avec la naissance des villes et de la bourgeoisie, présente ces deux traits distinctifs. Les fabliaux, les farces, le Roman de Renart, etc., toutes ces œuvres bourgeoises peignent le petit peuple et parodient la littérature chevaleresque et courtoise qui, mensongère, travestit les réalités de l’existence. Ces traits se perpétuent chez les écrivains réalistes à la Renaissance, chez Rabelais par exemple, au XVIIe siècle particulièrement avec la mode du burlesque dans les années 1643-1653, au XVIIIe siècle chez Marivaux ou Diderot par exemple. C’est en Angleterre que le réalisme est le plus fécond au XVIIIe siècle, chez des romanciers comme Foe, Fielding ou Richardson. Il faut attendre en France le XIXe siècle pour que le réalisme constitue un véritable courant.
Au sens strict, le réalisme est une tendance artistique que l’on peut situer au XIXe siècle de 1845 à 1860 environ, et qui se définit dans son désir de saisir une réalité brute. Il est préparé en littérature par Balzac, même si son écriture est empreinte de romantisme. Dès 1831, dans sa préface de La Peau de chagrin, puis dans son Avant-propos de la Comédie humaine en 1842 (année où il donne à son œuvre romanesque déjà partiellement écrite un titre d’ensemble), il s’affirme comme un grand théoricien du roman. Il désire rendre compte de tous les aspects de la société de son temps, notamment des milieux populaires et de la vie provinciale qu’il est un des premiers à dépeindre. Pour ce faire, il assigne à la description un rôle essentiel. Minutieuse, elle doit rendre compte du réel, de façon exhaustive. La description des lieux est particulièrement importante pour Balzac qui veut démontrer l’influence du milieu sur l’individu.
Le réalisme proprement dit naît de l’échec de la révolution de 1848 qui met fin aux rêves romantiques. Le terme est utilisé pour la première fois en peinture en 1859 à propos des deux toiles de Courbet, Un après-midi à Ornans et Un enterrement à Ornans. Il y brosse un portrait véridique des villageois, ce qui scandalise l’opinion, les classes défavorisées n’ayant jamais été considérées antérieurement comme un objet d’esthétique. Courbet, désireux de faire «un art vivant» et «un art démocratique», rejette à la fois le romantisme de Delacroix et l’académisme de Ingres. Une sorte de cénacle réaliste se constitue autour de lui, dès 1850, composé de peintres comme Millet, Daumier, etc., et de romanciers. Ce sont notamment Henri Murger, qui s’est taillé un grand succès en 1848 avec ses Scènes de la vie de Bohême, Champfleury, qui a donné en 1847 une nouvelle Chien-Caillou, histoire d’un pauvre graveur. Champfleury écrit ensuite Les Aventures de Mademoiselle Mariette (1853) et fonde avec Duranty la revue Le Réaliste, dans laquelle ils attaquent la conception romantique de l’art. Duranty écrit en 1860 Le Malheur d’Henriette Gérard, œuvre où il peint le drame d’une jeune fille mariée contre son gré à un homme de soixante ans qu’elle précipite dans la tombe. Le souci de ces romanciers est de faire entrer dans le champ littéraire les masses populaires dont la révolution de 1848 a révélé la misère et de traiter de sujets contemporains. Ils préfèrent décrire les foules plutôt que l’individu, trop chargé de valeurs romantiques.
Le réalisme obtient ses lettres de noblesse avec Flaubert qui donne en 1857 Madame Bovary, roman taxé de « réalisme grossier et offensant pour la pudeur», et aussitôt condamné. L’œuvre, inspirée d’un fait divers, apparaît comme une étude de la vie provinciale de l’époque. Flaubert, animé du souci de l’exactitude et désireux de porter un « coup d’œil médical sur la vie », se livre à de minutieuses enquêtes. Il met le monde en fiches, comme le fera Zola deux décennies plus tard. Bien que son œuvre ait été aussitôt reconnue comme réaliste, Flaubert, qui partage avec les Parnassiens le culte du Beau, s’est toujours montré sceptique vis-à-vis du réalisme. En effet comment reproduire le réel sans le déformer, comment concilier exactitude et stylisation? C’est là une contradiction indépassable.
Après Flaubert, le réalisme va déboucher sans rupture sur le naturalisme. La seule nouveauté qu’introduira le naturalisme, c’est la primauté accordée à la physiologie et à l’hérédité que le réalisme se refuse à privilégier.
Dans la littérature romanesque du XXe siècle, le terme de réalisme a pris un sens tout différent. Robbe-Grillet, dans Pour un Nouveau Roman, en 1963, refusant de donner une fonction symbolique à l’espace et aux objets romanesques, prône un « nouveau réalisme » : « Dans le roman initial, les objets et les gestes qui servaient de support à l’intrigue disparaissaient complètement pour laisser la place à leur seule signification : la chaise inoccupée n’était plus qu’une absence ou qu’une attente, les barreaux de la fenêtre n’étaient que l’impossibilité de sortir... Et voici que maintenant, on voit la chaise, la forme des barreaux. Leur signification demeure flagrante, mais, au lieu d’accaparer notre attention, elle est comme donnée en plus. »
C’est parce que les choses apparaissent impénétrables aux nouveaux romanciers qu’ils refusent l’utilisation symbolique de l’espace, procédé qu’ils jugent réducteur et mensonger : «Dans les constructions romanesques futures, gestes et objets seront là avant d’être quelque chose; et ils seront encore là après, durs et inaltérables, présents pour toujours et comme se moquant de leur propre sens, ce sens qui cherche en vain à les réduire au rôle d’ustensiles précaires, de tissus provisoires et honteux à quoi seule aurait donné forme - et de façon délibérée - la vérité humaine supérieure qui s’y est exprimée, pour aussitôt rejeter cet auxiliaire gênant dans l’oubli, dans les ténèbres. »
La longueur des descriptions dans des romans comme La Jalousie (1953) de Robbe-Grillet ou comme La Modification (1957) de Butor témoigne d’un refus d’interpréter l’univers, car l’homme n’a pas la clef de la signification des choses : « L’homme regarde le monde, constate Robbe-Grillet, et le monde ne lui rend pas son regard. »
Ce regard scrutateur est à l’origine de descriptions interminables, toujours remises en question par les doutes du romancier. Elles sont fort différentes des descriptions balzaciennes, tout aussi longues, mais qui témoignent de la certitude d’un romancier omniscient à appréhender le monde qu’il dépeint.
RÉALITÉ, n.f. ♦ 1° Caractère de ce qui est réel. ♦ 2° Ce qui est réel, ce qui existe effectivement en dehors de la connaissance que nous en avons, ce qui n’est ni imaginaire, ni illusoire, ni simplement possible. Revenir à la réalité, c’est revenir « aux choses mêmes », au donné, au subi. Car la réalité, c’est ce qu’on ne peut changer, même si cela heurte nos désirs, c’est ce qu’il faut constater, c’est la solidité des choses.
réalisme, attitude ou doctrine philosophique qui consiste à affirmer que notre connaissance atteint la vraie réalité (à ne pas confondre avec le matérialisme, qui n'est pas une théorie sur la nature et la portée de notre connaissance, mais sur la nature de l'être). — Le matérialisme, pour lequel toute réalité est de nature matérielle, s'oppose au spiritualisme, pour lequel la vraie réalité est de nature spirituelle, tandis que le réalisme s'oppose à l'idéalisme, selon lequel nous ne connaissons que des phénomènes, non des réalités en soi. — On distingue communément : a) le réalisme naïf, qui est l'attitude naturelle de tout esprit et que Bergson a décrit au début de Matière et mémoire (il consiste dans l'identification que nous faisons spontanément entre nos représentations et la matière réelle des choses) : « J'appelle matière l'ensemble des images » ; b) le réalisme auquel peut aboutir une réflexion philosophique. Ce peut être un réalisme spiritualiste, dont Platon donne l'exemple le plus célèbre. L'expérience de la « réminiscence », selon laquelle nous redécouvrons par simple réflexion les vérités mathématiques élémentaires et les idéaux moraux, suffirait à prouver leur préexistence à l'esprit humain, leur réalité en soi. Ce point de vue a été repris, récemment, par la phénoménologie de Husserl et par le positivisme logique de Wittgenstein. Ce peut être un réalisme matérialiste, qui est une justification philosophique du réalisme naïf (Hume, Sartre). Signalons que le réalisme en art préconise la reproduction exacte du réel et l'imitation de la nature; il s'oppose aux tendances de l'art abstrait.
RÉALISME, n. m. (lire au préalable l’article Réel).
1° Sens courant: aptitude à voir la réalité telle qu’elle est, à en tenir le plus grand compte dans sa conduite. Dans ce sens, le mot s’oppose à l'idéalisme (comme tendance à idéaliser le monde) et peut parfois prendre une connotation péjorative (le réalisme politique, par exemple, confine au cynisme). Si l’on approfondit l’emploi de ce mot, au sens courant, on peut se demander à propos de quelles réalités certains individus sont dits «réalistes» par rapport à d’autres, ce qui renvoie à la question : qu’est-ce que le réel? C’est en effet souvent parce que nous privilégions certains aspects de la réalité que nous taxons les autres d’«irréalisme» (alors qu’ils se situent dans une autre dimension du réel, moins utilitaire).
2° Sens philosophique : doctrine qui attribue au monde intelligible, aux connaissances ou aux idées une réalité en soi, d’où il résulte que posséder la connaissance est saisir la réalité même. Ce qu’on appelle vulgairement la «réalité sensible» n’est qu’une apparence: la réalité est intelligible par essence; on ne saisit donc vraiment le réel que par la connaissance. Voir Platonisme.
3° Sens esthétique (art et littérature) : volonté de représenter le réel «tel qu’il est», le plus exactement possible, sans déformations dues à la subjectivité de l’auteur (aussi bien dans la dénonciation que dans l’idéalisation de la réalité). Le réalisme peut être descriptif (désir de peindre la nature en donnant une impression de réalité totale), psychologique (volonté d’analyser les mécanismes de l’âme humaine avec une précision d’anatomiste), social (représentation des conditions réelles d’existence du peuple; peinture de la bourgeoisie et de son «esprit»), et même fantastique (description des fantasmes et des peurs, des aspects mystérieux et effrayants du monde).
Historiquement, le réalisme a surtout été un courant littéraire, né au milieu du XIXe siècle, illustré notamment par l’œuvre de Balzac et celle de Flaubert, et poursuivi par le mouvement naturaliste. Le réalisme balzacien tend à reproduire avec vigueur la société de son temps. Le réalisme flaubertien est surtout marqué par la volonté de son auteur de ne pas intervenir (subjectivement) dans la conduite de son roman. Le naturalisme insistera sur la peinture de la misère humaine. Si la volonté de réalisme est indéniable, si la réalité est en partie retranscrite dans toutes ces œuvres, il faut pourtant observer que l’idéal réaliste est une vue de l’esprit. D’une part, parce que toute littérature reproduit, directement ou indirectement, de larges parts de la réalité. D’autre part, parce que le parti pris de réalisme aboutit le plus souvent à des choix eux-mêmes arbitraires (peinture du médiocre, de l’horrible, du misérable) dans lesquels le tempérament personnel de l’artiste se reconnaît aisément. Ainsi, le réalisme n’est qu’un modèle parmi d’autres, aussi conventionnel que les autres, de représentation du réel.
Réalité
1 Depuis l'époque romantique, elle est ressentie comme une cause d’insatisfaction et de souffrance par opposition au rêve et à l’imaginaire. Les poètes cherchent à passer au-delà pour atteindre la surréalité. La réalité remporte aussi d’heureuses victoires sur le rêve : Giraudoux, Intermezzo, Amphitryon 38.
2 La réalité vue comme objet de connaissance et d’interprétation pour l’écrivain : Proust, À la recherche du temps perdu; Gide, Les Faux-Monnayeurs; Aragon, La Semaine sainte; Ponge, Le Parti pris des choses; Robbe-Grillet, Les Gommes, La Jalousie.
3 La réalité et l’illusion théâtrale : Corneille, L’Illusion comique; Genet, Les Bonnes.
REALISME nom masc. - 1. Philo. Toute doctrine qui affirme l’existence d’une réalité indépendante de la connaissance que nous en avons. 2. Art et littérature. Toute forme d’art qui entend représenter de la manière la plus exacte qui soit la réalité.
ÉTYM. : du latin médiéval realis venu du latin classique res = « chose ».
Au second sens, le mot s’applique à des esthétiques et à des oeuvres d’une très grande diversité. Il peut désigner tout d’abord toute forme d’art ou de littérature qui entend proposer une image complète du monde et de la condition humaine, sans reculer devant certaines des réalités que, par pudeur ou par manque de courage, les écrivains taisent d’ordinaire : c’est ainsi qu’on peut parler aussi bien du réalisme de Rabelais, que de celui de Joyce ou de Céline. Le réalisme consiste alors dans un refus d’idéaliser ce qui est, en prenant en compte même les dimensions les plus triviales, les plus banales ou les plus quotidiennes de l’existence. Cependant, on utilise d’ordinaire le terme de réalisme pour l’appliquer à certaines des grandes œuvres romanesques du XIXe siècle français. En réaction contre un romantisme qui ne se serait penché que sur les tourments intérieurs de ses héros et ne se serait tourné que vers les terres exotiques, le réalisme assignerait au roman la fonction essentielle de dire le monde tel qu’il est, avec ses dimensions politiques, sociales et matérielles. Au lieu d’être seulement le reflet de son auteur, le texte se ferait témoignage sur la société dans laquelle celui-ci vit. En ce sens, le réalisme naît sans doute avec l’œuvre de Balzac et celle de Stendhal. Cependant, c’est dans la seconde moitié du XIXe siècle qu’il s’impose véritablement. Si la plupart des écrivains refusent l’idée que le réalisme serait une école à laquelle ils appartiendraient, leurs œuvres manifestent bien un souci commun de se consacrer à la description romanesque de la réalité. C’est indiscutablement l’œuvre de Flaubert qui constitue le monument le plus achevé de ce que l’on nomme le réalisme. Délaissant la veine romantique de ses premiers textes, l’auteur de Madame Bovary et de L’Éducation sentimentale construit une œuvre vouée délibérément à l’évocation de la réalité quotidienne, des destins les plus humbles ou les plus médiocres, dans laquelle le travail sur le style s’accompagne d’un souci du vrai et d’une obsession du document. Parmi les romanciers réalistes de la seconde moitié du XIXe siècle, il convient de citer, outre Flaubert, les Goncourt et bien entendu toute la génération naturaliste avec Zola, Maupassant et, pour ses premiers romans, Huysmans. Si l’on aborde maintenant la question du réalisme non plus dans une perspective historique, mais théorique, il importe de bien comprendre qu’en ce sens toute littérature est réaliste. On saisit mal, en effet, de quoi pourrait parler la littérature si ce n’est du réel, car celui-ci est tout ce que nous connaissons. Alors même que certains textes nous entraînent dans des univers inventés ou inexistants, ils ne peuvent nous faire pénétrer dans ceux-ci qu’à condition de les décrire dans le langage obligé de l’expérience qui est la nôtre : il leur faut donc les présenter comme étant réels, et, à ce titre, le monde de la science-fiction peut n’être pas moins réel que celui de La Comédie humaine. Comme il ne saurait y avoir de texte abstrait, la littérature réaliste ne se définit donc pas par le fait qu’elle représente la réalité, mais par les dimensions de la réalité qu’elle choisit de privilégier. Notons pour conclure que si toute littérature est réaliste, on peut soutenir tout aussi bien qu’il n’est aucune littérature qui le soit véritablement. Aussi fidèle, précis, documenté et complet qu’il soit, le roman n’est pas la réalité : il en est la représentation, c’est-à-dire la reconstruction. Et cette reconstruction se fait obligatoirement par le biais de la subjectivité d’un écrivain qui choisit dans le réel les éléments qu’il veut présenter et la manière dont il les agencera. Le réalisme ne saurait donc être le reflet fidèle de ce qui est : il constitue l’un des modes de représentation du réel, aussi arbitraire, subjectif et artificiel que n’importe quel autre.
—► Idéalisme
Réalisme Du latin realis, « réel », « effectif» (de res, « chose »]. - Sens courant : aptitude à tenir compte de la réalité, à l’apprécier avec justesse et lucidité. - Par opposition au nominalisme : doctrine d’après laquelle les idées générales et abstraites correspondent à des réalités objectives (les « universaux »), qui existent en dehors de notre esprit. - En épistémologie, doctrine postulant l’existence d’une réalité connaissable et absolue, qui serait indépendante de nos observations comme de nos instruments de mesure. • Le réalisme de Platon est aussi un idéalisme, dans la mesure où celui-ci considère les essences, ou Idées, comme la seule et unique réalité.