Ravachol, François Koenigstein, dit (Saint-Chamond 1859-Montbrison 1892); anarchiste français.

Ravachol, François Koenigstein, dit (Saint-Chamond 1859-Montbrison 1892); anarchiste français. Fils d'un ouvrier hollandais installé à Izieux (Loire), François Koenigstein, orphelin de père à huit ans, quitte tôt l'école, devient domestique agricole, lit Eugène Sue, écoute les orateurs anticléricaux itinérants, choisit de porter le nom de jeune fille de sa mère. Devenu ouvrier à Saint-Chamond et Saint-Étienne, il y clame sa révolte contre les patrons. En 1886, il assassine un brocanteur et sa servante, pour les voler, puis, en 1891, un ermite ; arrêté, il s'évade, tue et dépouille deux quincaillières, se cache à Lyon chez des anarchistes qui l'endoctrinent et l'envoient à Saint-Denis. En mars 1892, une bombe explose boulevard Saint-Germain, chez le président de la cour d'assises qui a lourdement condamné des manifestants du 1er mai précédent, puis, rue de Clichy, chez l'avocat général. R., dénoncé, arrêté, avoue. Condamné aux travaux forcés pour ses attentats, il est rejugé à Montbrison pour ses meurtres, condamné à mort, et exécuté le 11 juillet. Devant la guillotine, il chante « Si tu veux être heureux, nom de Dieu, pends ton propriétaire, fous les curés au feu... », et le couperet interrompt un « Vive la Résolution] ». La légende s'empare immédiatement de lui. En mai, Le Petit Journal l'a représenté dans sa cellule, prêchant l'anarchie aux gardiens, et Le Père Peinard le montre, tel un martyr, portant sa tête dans ses mains. Le criminel, sordide, transfiguré pour avoir osé s'en prendre à la magistrature, a, sans le savoir, donné le signal d'une vague d'attentats, dont celui d'Auguste Vaillant contre le Palais-Bourbon, et l'assassinat du président Carnot. Bibliographie : J. Maîtron, Histoire du mouvement anarchiste en France. 1880-1914, 1951-1955, 2 vol. ; id., Ravachol et les anarchistes, 1964.