RAMUZ, C.F. [Charles Ferdinand; on prononce habituellement: C.F.] 1878-1947

Romancier suisse d’expression française, né à Lausanne. D’abord professeur, il se rend à Paris en 1892, et, dès ses premiers livres (Aline, 1905 ; Jean-Luc persécuté, 1909; Aimé Pache, peintre vaudois, 1912 ; Vie de Samuel Belet, 1913), s’impose parmi ses pairs qui saluent en lui un artiste puissant : âpre et chaleureux tout ensemble. . Son écriture, riche en trouvailles sonores, friande d’images gracieuses, sinon précieuses, s’amuse au passage à des gaucheries feintes, des lourdeurs rustiques, que certains de ses cadets (surtout dans son pays d’adoption ; le jeune Giono, par exemple, moins génial, sans aucun doute, mais plus adroit), tenteront d’ailleurs d’imiter. Mais l’inimitable, chez Ramuz, est dans sa mentalité ; dans sa nature de païen qui aurait trop lu Jean-Jacques et qui reste hanté, au fond, de frayeurs (bien chrétiennes, celles-là), de remords sans cause et sans fin ; Les Signes parmi nous (1919), Le Grand Printemps (1919), Joie dans le ciel (1921), La Grande Peur dans la montagne (1926), Derborence (1936), Si le soleil ne revenait pas (1937), etc. Mettons à part La Beauté sur la terre (1927) et plus encore Adam et Eve (1932), bouleversante tragédie paysanne, avec ses brûlantes tirades sur la femme, où se succèdent enthousiasme et peur panique (ce dernier mot étant pris ici au sens le plus quotidien du terme). Inégal, et, aussi, sujet à quelques absences (poétiquement parlant) même dans ses plus belles réussites romanesques, C.E Ramuz a été assez sage, ou malicieux, pour inventer le « roman court ». Il excelle, à plus forte raison, dans la nouvelle ; ainsi, la belle, la savoureuse histoire du vannier Besson qui traverse avec sa hotte le pays vaudois : Passage du poète (1923 ; réédité après retouches, en 1929, sous le titre Fête des vignerons).

■ Œuvres - En poche : Aline (Grasset, coll. Les Cahiers rouges). - La Grande Peur dans la montagne (id.). - Derborence (id.). - Autres : Œuvres complètes, en 23 vol. (Éd. Rencontre). - Vie de Samuel Belet (Gallimard).