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Ramsès II ; roi d'Égypte [v. 1292/1295 ou 1279-1212 av. J.-C.].

Ramsès II ; roi d'Égypte [v. 1292/1295 ou 1279-1212 av. J.-C.].

Après la mort de l'hérétique Aménophis IV (Akhenaton), le général et futur roi, Horemheb sort l'Égypte du désordre, restaure l'ordre établi et poursuit sa politique de stabilisation en désignant comme successeur un général âgé originaire du Delta, Paramsès, le futur Ramsès Ier qui règne deux ans [1314-1312 ou 1295-1294]. Les Ramessides n'établissent plus leur capitale à Thèbes, la vieille cité des prêtres et des rois, mais à Pi-Ramsès (Tell ed-Dabâ, à proximité de Fagous), une ville fondée par Séthi Ier, fils de Ramsès Ier qui l'avait associé immédiatement au pouvoir. Située sur la rive est du Delta, cette nouvelle capitale récemment retrouvée est mieux adaptée à la nouvelle politique extérieure et permet de s'opposer plus efficacement aux menaces qui viennent de la Syrie et d'au-delà. Pendant soixante-sept ans, sous la direction de R., troisième souverain de cette XIXe dynastie, l'Égypte profite des succès des campagnes militaires en Orient et en Occident et atteint le sommet de sa puissance et de son rayonnement culturel. Si la deuxième année de son règne, R. affronte des pirates Chardanes, l'essentiel de ses efforts militaires est consacré à écarter le danger hittite. En effet les Hittites, avec leur avant-garde de principautés locales dépendantes en Syrie-Palestine, sont devenus les nouveaux adversaires de l'Égypte (le royaume de Mitanni, au nord de la Mésopotamie, a reculé en Palestine et au nord de la Syrie devant l'essor de la puissance assyrienne). Dès le règne du père de R., Séthi Ier, des combats les avaient déjà opposés. Après plusieurs campagnes menées par R. en Syrie, la bataille de Qadesh sur l'Oronte montre aux deux belligérants, R. et le roi hittite Muwa-talli, qu'aucun des deux ne pourra dominer l'autre. Même si les narrations qu'en donnent les murs de cinq temples et les sources littéraires (c'est le fait militaire égyptien le mieux documenté) décrivent l'épisode comme le plus haut fait militaire de R., la victoire de ce dernier est relative. Certes, il a sauvé son armée, mais à peine a-t-il quitté la région qu'un glacis anti-égyptien est créé en Syrie. En fait ce sont des querelles dynastiques et la menace assyrienne qui affaibliront l'Empire hittite et amènent le nouveau roi hittite Hattu-sili III à conclure un traité d'amitié et d'assistance avec R. Le texte de ce traité a été conservé dans ses versions hittite et égyptienne : c'est le premier traité d'État à État de l'histoire du monde qui nous soit parvenu. Commence alors une période de paix durable entre les deux puissances qui nouent des relations personnelles (R. épouse deux princesses hittites ; correspondance) et échangent des hommes (architectes égyptiens) et des produits (fer hittite). C'est également sous le règne de R. que l'on peut placer F Exode du peuple d'Israël, un événement mineur pour les Égyptiens. Cette période de pax aegyptiaca qui touche un Empire s'étendant de la cinquième cataracte à la Syrie du Nord s'achève sous Mineptah [1212-1202], fils de R., lorsque des peuples que les Égyptiens nomment « peuples de la mer » (fédération de Libyens et de populations indo-européennes) organisent un raid en Égypte et lorsqu'à la mort de Mineptah éclate une crise de succession. La dynastie ne survivra pas plus d'une génération à R. dont la momie retrouvée, soignée, restaurée assure sa célébrité. Désormais l'Égypte, dont l'armée ne connaît pas les armes en fer, cesse d'être une grande puissance. L'époque des Ramessides présente cependant des caractéristiques complexes qui, apparues à la fin de leur dynastie, contribuent à dissoudre le pouvoir central du roi : l'établissement depuis la XVIIIe dynastie de mercenaires étrangers de plus en plus nombreux, et la fondation de colonies étrangères en Égypte ; d'importants contrastes sociaux et des problèmes économiques entraînent la formation de bandes de voleurs qui pillent les tombes des rois thébains ; des troubles éclatent en Thébaïde ; des grands travaux restent inachevés, on connaît même des grèves dans des communautés d'artisans et le territoire de l'Empire se réduit de plus en plus. En outre, avec les Ramessides se clôt l'ère des grandes constructions : si R. lui-même avait été un très grand bâtisseur (temple funéraire - Ramesseum - à l'ouest de Thèbes ; temple creusé dans le roc d'Abou Simbel ; temples de Louksor et de Karnak, d'Arsha, etc.), ses successeurs, moins actifs, certes, ne déméritent pas (en particulier Ramsès III, à la XXe dynastie). Enfin, en éliminant les dernières traces de l'épisode amarnien, R. avait renforcé les grands prêtres d'Amon au point que ce dernier est devenu plus riche et plus fort que Pharaon. Le roi a donc en face de lui le pouvoir grandissant d'un clergé totalement indépendant, et celui, en plein essor, des chefs mercenaires, deux pouvoirs qui déterminent l'histoire ultérieure du pays. Derrière la superbe des inscriptions royales, derrière la démesure des constructions, se dessine la crise à venir. Il n'est alors pas étonnant que les hommes aient cherché à la combattre par une piété populaire nouvelle et plus intense, qui se marque par un recours croissant à la magie. Bibliographie : C. Lalouette, L'Empire des Ramsès, 1985 ; N. Grimai, Histoire de l'Égypte ancienne, 1988.




RAMSÈS II, dit RAMSÈS LE GRAND (1301-1235 ? av. J.-C.). Pharaon du Nouvel Empire (XIXe dynastie), il lança des expéditions militaires en Syrie et en Palestine et s'illustra à l'occasion de la bataille de Qadesh contre les Hittites. Grand bâtisseur, il fit construire des monuments gigantesques tels les temples d'Abou Simbel et la salle hypostyle du temple de Karnak. En 1976, la momie de Ramsès II, rongée par un champignon, fut amenée par avion à Paris et restaurée par une équipe de 102 scientifiques. Elle est exposée aujourd'hui au musée du Caire. Voir Temple égyptien.

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