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RAISON

RAISON (lat. ratio, calcul; faculté de calculer, de raisonner).
Ce terme connaît deux grandes acceptions : soit il désigne la faculté de penser, la « raison humaine », soit il désigne un principe d'explication, la « raison des choses ».
En tant que faculté de penser, la raison peut se définir encore en plusieurs sens, soit : 1. la faculté de raisonner discursive, de combiner concepts et propositions par opposition à la faculté de connaître intuitive (la ratio par opposition à l'intellectus chez saint Thomas, ou la raison par opposition au coeur chez Pascal); 2. la faculté de bien juger (comme chez Descartes) ou l'entendement qui « s'appelle raison en tant qu'il dirige au vrai et au bien », selon Bossuet. En ce sens s'oppose classiquement à la folie et à la passion qui consiste à raisonner mal, contrairement aux lois logiques ; 3. la connaissance naturelle par opposition à la connaissance révélée, la lumière  « naturelle par opposition aux lumières de la foi » ; 4. un système de principes a priori dont la vérité ne dépend pas de l'expérience . En ce sens, les vérités de la raison se distinguent du témoignage des sens autant que des révélations de la foi, si bien que Pascal voyait là trois ordres distincts de connaissance; 5. dès lors, toute une tradition définira usuellement la raison comme l'esprit humain en tant qu'il porte en lui les notions innées lui permettant de comprendre le monde, définition critiquée par les empiristes, et transformée par Kant; 6. la raison est pour Kant la faculté supérieure qui ramène à l'unité les règles de l'entendement» comme celui-ci fait la synthèse des éléments sensibles. Connaissance a priori et connaissance par la raison sont une même chose, et se distinguent ici de la connaissance par l'entendement (contrairement au sens 2 qu'on trouve par ex. chez Descartes). Le nom de Raison est réservé à un degré supérieur de synthèse des connaissances : si l'Entendement est la faculté des règles, la Raison est la faculté des principes. Elle est théorique lorsqu'elle fonde la science (et concerne uniquement la connaissance); pratique lorsqu'elle est considérée comme contenant le principe a priori de l'action morale.
En tant que principe d'explication, soit : 1. au sens théorique, ce qui rend compte d'un effet. Signifie alors plutôt raison d'être d'une chose à distinguer de sa cause simplement antécédente. Ainsi, se confond souvent avec la cause finale; 2. au sens normatif, le motif légitime d'un acte, sa justification (comme dans l'expression « non sans raison »). D'où : argument destiné à prouver qu'on a raison (« donner ses raisons »).

Raison: La raison peut signifier «sagesse». Elle peut être aussi synonyme de rationalité. Au sens de «sagesse», elle ne peut servir aucune forme de dictature. Au sens de «rationalité», elle peut favoriser l'instauration et le développement de dictatures, qu'elles soient ouvertement politiques ou plus sournoisement religieuses, technologiques, économiques …

Raison instrumentale Raison qui n'est pas simplement un outil de savoir, mais un instrument de domination de la nature et de l'homme. Ce sont les philosophes de l'École de Francfort Adorno, Horckheimer, Habermas, etc. qui ont critiqué cette perversion de l'idéal rationnel des Lumières. La raison instrumentale est à l'oeuvre dans la technocratie, dans l'aliénation de l'homme par l'économie, etc.

Déesse Raison Robespierre, au lendemain de la Révolution de 1789, organisa des journées de «déchristianisation». Il souhaita que le peuple cultivât le culte de la raison, lequel devait se substituer aux anciens cultes instaurés par l'Église romaine.

Lorsqu'ils critiquent la raison, certains philosophes, comme Adorno, lui donnent parfois le nom de rationalité. Ce terme sous-entend une raison technicienne et non humaine, fonctionnant mécaniquement. La rationalité se distingue d'une raison qui est au service de l'homme, qui lui permet de chercher la vérité et de se conduire moralement.

Prise indépendamment d'un courant philosophique particulier, la raison est la faculté de juger, de penser au moyen de liaisons intellectuelles rigoureuses. Descartes l'appelle aussi « le bon sens », qu'il distingue de ce qu'on pourrait qualifier d'intelligence et dont nous ne sommes pas tous pourvus selon les mêmes degrés, alors que la raison est la chose du monde la mieux partagée. Son caractère universel fait que, à travers elle, autrui se présente à moi comme mon semblable par-delà toutes ses différences et à ce titre, elle permet de définir aussi la spécificité de notre humanité commune.
Le mot est étymologiquement lié à la notion de calcul (ratio en latin) et on qualifie encore parfois les livres de comptes de « livres de raison ». Cette origine tend à déterminer l'image que l'on se fait en général de la raison, perçue comme une sorte d'outil mathématique se livrant à des opérations plus ou moins complexes. Mais raisonner n'est pas seulement calculer, parce que la raison ne semble pas se contenter de s'appliquer passivement à un contenu extérieur, elle contribue aussi à son élaboration pour nous.
Les principaux problèmes que pose la raison à la philosophie consistent à s'interroger d'abord sur sa relation au réel (la raison saisit-elle le réel parce qu'il est lui-même rationnel ? Connaître par la raison, est-ce connaître le monde tel qu'il est, ou seulement la façon dont nous l'appréhendons ?). Par ailleurs, on peut aussi se questionner sur les limites et les dérives possibles de cette faculté. Emmanuel Kant est le penseur qui a révolutionné durablement notre conception de la raison et de son pouvoir, en la contraignant à se juger elle-même au moyen d'une philosophie critique déterminant la nature des objets sur lesquels elle peut légitimement se prononcer. Ajoutons que la raison nous permet de nous fixer un projet de connaissance, mais aussi un projet de vie et d'action par sa dimension pratique.

Raison
Mot aux sens multiples : faculté de connaître, cause, justification. En philosophie, il désigne la faculté de faire et de combiner des jugements, mais aussi la connaissance rationnelle par opposition à la foi, et il conserve les sens courants de justification ou de principe explicatif. Le terme « raison » est défini de façon spécifique, comme beaucoup de concepts philosophiques, par chaque philosophe qui entend en faire un usage particulier. On peut néanmoins retenir (comme indication d'un problème) la distinction de la raison théorique, qui fonde les énoncés sur ce qui est (énoncés descriptifs), et de la raison pratique, qui entend fonder les énoncés sur ce qui doit être (énoncés prescriptifs). La raison théorique s'attache au réel, la raison pratique vise l'idéal.

Raison pratique
La raison telle qu'elle est destinée à un usage dans le domaine de l'action morale, juridique ou politique. Elle entend déterminer ce qui doit être, et énoncer à ce propos des vérités, c'est-à-dire des propositions prétendant à une forme d'objectivité. Certains philosophes, dont Pascal, ont contesté que la raison pût être « pratique ».




[…] être opposé à empirique ; il se différencie du mot raisonnable (voir Raison).2° Qui est judicieux, parfaitement sensé, mesuré, raisonnable. Une conduite […]

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