RADIGUET Raymond 1903-1923
RADIGUET Raymond 1903-1923
Romancier, né dans la banlieue de Paris. Emporté à vingt ans par la typhoïde, après une vie harassante dans les milieux littéraires où l’avait introduit Cocteau, il avait eu le temps d’écrire un recueil de poèmes (Les Joues en feu. 1920) qui enchanta Max Jacob, un livret d’opéra pour Satie (Paul et Virginie, 1921) et, surtout, deux grandes réussites romanesques : Le Diable au corps, écrit à seize ans (pendant la guerre) et publié trois mois avant sa mort, est l’histoire, sobre jusqu’au cynisme, d’un collégien qui fait sa maîtresse d’une jeune femme dont le mari est au front. Le second de ses romans, Le Bal du comte d’Orgel (posthume), plus dru encore dans son débit, plus glacial - en apparence - dans son ton, retrace une tragédie amoureuse qui semble amuser fort l’auteur (il n’a, alors, pas encore vingt ans). Ce roman, dit « classique », appelle (depuis le jour de sa sortie en librairie : 1923) la comparaison avec La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, ce qui est, au demeurant, le but que se proposait non sans orgueil cet écrivain prodigieux.
On s’est, à bon droit, étonné d’un art subtil et aussi d’une vue sereine sur la vie, qui sont de fait, l’un et l’autre, vertus propres à l’homme parvenu à maturité. Mais peut-être faut-il y voir, plutôt, l’effet de la grâce poétique, et, aussi, d’une innocente cruauté (qui sont l’une et l’autre propres à l’enfance).
■ Œuvres - En poche: Le Diable au corps (Garnier-Flammarion). - Le Bal du comte d'Orgel (id.). ■ Critique - K. Goesch, Radiguet (avec des textes inédits) (Plon, La Palatine, 1955).