radicalisme philosophique
radicalisme philosophique, doctrine politique, économique et philosophique représentée par Bentham, James Mill et J. S. Mill (1re moitié du XIXe siècle en Angleterre), soutenant en politique la supériorité du gouvernement d'assemblée, en économie celle du libre-échange, l'utilitarisme en morale et en philosophie, la théorie de l'association des idées comme source de toute connaissance. — Dans un autre registre, une philosophie radicale est une philosophie du point de départ radical, qui reprend, à partir de rien, toutes les questions que l'homme peut se poser au sujet de lui-même et du monde : telles les Méditations métaphysiques de Descartes, qui partent du doute radical ou absolu, la philosophie de Fichte et celle de Hegel. Une réflexion radicale s'oppose à une réflexion sur l'histoire de la philosophie, ou sur les mythes religieux ou les structures politiques des Etats. On lira l'œuvre de Lequier consacrée au « point de départ radical » en philosophie. (V. associationnisme, utilitarisme.)
RADICAL, adj. (du latin radicalis, de radix, «racine»). 1° Qui tient à l’essence même de quelque chose, à son principe fondamental (à son noyau, à sa «racine»). Une impuissance radicale (foncière). Un changement radical (essentiel, fondamental). 2° Qui vise à agir en profondeur, à saisir les choses dans leurs racines mêmes (pour les modifier, les attaquer, les combattre énergiquement). Un remède radical. Une méthode radicale, une politique radicale. Il faut agir radicalement. 3° Qui est partisan du «radicalisme» ou du «radical-socialisme», doctrine des républicains libéraux et laïques sous la IIIe République (qui pensaient faire de leur parti politique un mouvement «radical» au sens n° 2). Dans ce sens, le mot s’emploie souvent comme substantif. Les radicaux de gauche. Noter que sous la IVe et sous la Ve République, en France, les radicaux se situant plutôt au «centre» de l’échiquier politique, leur programme n’avait plus grand-chose de «radical». RADICALISME, n. m. 1° Doctrine et mouvement des républicains libéraux et laïques sous la IIIe République; ensemble des positions du parti radical ou radical-socialiste en France. Voir le mot radical (sens n° 3). 2° Attitude d’esprit, doctrine politique de ceux qui veulent une rupture «radicale» avec le passé institutionnel. Les réformistes refusent tout radicalisme. 3° Attitude d’une intransigeance absolue, dans quelque domaine que ce soit. Le radicalisme s’oppose à toute position modérée. Le verbe correspondant est radicaliser. Radicaliser une opinion. Le mouvement se radicalise.Le terme radical apparut dans un sens politique pour la première fois en Angleterre. En 1797, Charles James Fox, adversaire de Pitt, se prononça pour une « réforme radicale », à commencer par l'élargissement du corps électoral. Le radicalisme anglais du XIXe s. concentra donc son action sur la conquête du suffrage universel et l'abolition des privilèges de l'oligarchie dirigeante, sans jamais se constituer en véritable parti. Il s'agissait d'un état d'esprit, qui se manifesta par intermittences, entre 1815 et 1832, dans les « clubs Hampden » et dans les campagnes d'orateurs populaires comme Henry Hunt et Cobbett. Après la première réforme électorale de 1832, jugée insuffisante, le radicalisme anglais trouva son expression dans le chartisme (v.), puis dans le « libéralisme avancé » de Cobden (v.). La réforme électorale de 1867 permit l'entrée à la Chambre des communes de représentants des trade-unions, qui se qualifièrent de « radicaux » jusqu'en 1980 environ. À la fin de l'époque victorienne, Joseph Chamberlain fut le chef du « radicalisme de Birmingham », qui se définissait comme protectionniste et impérialiste. De 1905 à 1912, le radicalisme anglais connut son dernier souffle avec les réformes sociales de Lloyd George, qui se heurtèrent à la Chambre des lords. Les pouvoirs de celle-ci furent alors réduits. Le radicalisme trouva une autre terre d'élection en Suisse à partir de 1830, sous l'influence de réfugiés politiques italiens (Mazzini), allemands et polonais. Appuyés sur les classes populaires, les radicaux manifestaient des tendances autoritaires et égalitaires, favorables à la centralisation de la Confédération et à la limitation de la souveraineté cantonale (réformes constitutionnelles de 1848 et 1874). Ils luttaient contre le cléricalisme catholique et ces mesures furent à l'origine de la guerre du Sonderbund (v.). De 1848 à 1891, les radicaux furent le seul parti gouvernemental, occupant les sept sièges du Conseil fédéral où ils conservèrent la majorité absolue jusqu'en 1919. Depuis 1959, ils n'y occupent plus que deux sièges. Leurs bastions sont les cantons de Vaud, de Lucerne et de Zurich.
RADICALISME (en Angleterre). Le radicalisme en Angleterre, apparu au début du XIXe siècle, fut principalement un état d'esprit et ne forma jamais un parti politique proprement dit. Le mot « radical » servit à désigner les partisans de réformes profondes parmi les whigs et les libéraux. Composé d'intellectuels et d'hommes issus des classes moyennes, le radicalisme anglais lutta pour l'établissement du suffrage universel et l'abolition des privilèges de l'oligarchie dominante, aristocratie et grande bourgeoisie. Ses chefs les plus actifs, entre 1815 et 1832, furent le tailleur F. Place et le journaliste Cobbett. Puis, la réforme électorale de 1832 ayant été vite jugée insuffisante, le radicalisme trouva des expressions nouvelles dans le chartisme. Les représentants des Trade-Unions aux Communes, après la réforme électorale de 1867, se qualifièrent de « radicaux », Joseph Chamberlain puis Lloyd George furent les derniers représentants de ce mouvement après l'apparition du Parti travailliste.
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