QU’EST-CE QUE LA RHÉTORIQUE ? (Les pouvoirs de la parole - L’art de la parole)
QU'EST-CE QUE LA RHÉTORIQUE ? (Cours de spécialité d’humanités, littérature et philosophie)
Sources :
Introduction :
Rhétorique = savoir incontournable dans la culture classique. Son objet est le discours lui-même, plus précisément, les propriétés persuasives du discours.
La littérature, la politique, la justice, la publicité mais aussi la philosophie relèvent de la rhétorique.
Origines :
Etymologie grecque : « rhêtorikê », « technique, art oratoire ». Art ou technique (1) de persuader (2) au moyen du langage. Art de bien parler, de s'exprimer avec éloquence. La rhétorique, apparue dans la Grèce antique, était une discipline scolaire à part entière aux XVIIIe et XIXe siècles. Elle regroupe les différents procédés et techniques de langage, dont les figures de rhétorique.
Note (1) : La « technè » en grec veut dire "fabrication", "production" et vaut aussi pour les Beaux-Arts. Cependant, à partir du XVIIIe, art et technique se sont divisés et spécialisés respectivement dans la recherche du beau et la production industrielle.
Note (2) : Pour convaincre, il faut élaborer une démonstration rationnelle et argumentée. Persuader, en revanche, fait appel à des motifs plus souterrains, comme la sensibilité et l'imagination. C'est pour cette raison que les démagogues se contentent de persuader, tandis que les politiques responsables cherchent d'abord à convaincre. Mais pour atteindre une adhésion pleine et entière de la raison et du cœur, un zeste de persuasion demeure indispensable.
Naissance de la rhétorique <=> Naissance de la démocratie grecque où lois et justice dépendent du langage et du vote des citoyens.
Selon une légende, la rhétorique serait née en Sicile, au VIe siècle avant J-C, en réaction à la tyrannie d'Hiéron de Syracuse qui avait exproprié de leurs terres de riches propriétaires. Le premier rhéteur serait un dénommé Corax (un surnom signifiant « corbeau » !), qui aurait édité un recueil de conseils concernant « l'éloquence judiciaire ». La légende raconte encore que Corax refusait d'être payé s'il perdait un procès. Les premiers rhéteurs furent donc des avocats.
Peu à peu, vers le Ve siècle avant J.C., la rhétorique va gagner toute la Grèce continentale, notamment grâce aux sophistes qui était des professeurs de rhétorique et en faisaient un usage contestable (Hippias, Protagoras, Gorgias, etc.)
Prolongement important : SOPHISTE ET SOPHISME
https://databac.fr/sophiste/ https://databac.fr/sophisme/
Quelques exemples de sophismes :
- Argument « non sequitur » : L'homéopathie va me guérir puisque l'allopathie a échoué. Si la gauche a échoué, la droite va réussir ! (et inversement).
- Argument « ad hominem » / « ad personam » : Vous êtes un homme blanc alors vous ne pouvez pas comprendre la souffrance d'une femme noire (et inversement). Puisque vous mangez de la viande, vous n'aimez pas les animaux => « Quand on ne peut attaquer le raisonnement, on attaque le raisonneur » Paul Valéry.
- Argument « ad baculum » (=terreur) : Si vous maintenez vos propos, je porterai plainte. Il faut restreindre certaines libertés pour lutter contre le terrorisme.
- Argument « ad misericordiam » : J'ai beaucoup souffert donc vous devez me croire.
- Argument « ad populum » : Tout le monde pense comme moi. Les français veulent/pensent que…
- Argument « ad verecundiam » (=respect) : C'est vrai, je l'ai vu à la télé et lu sur Internet.
- Argumentum « ad potentiam » = autorité) : C'est vrai puisqu'Aristote le disait…
- Argument « ad antiquitam » : Cela fait des siècles que…
- Argument « ad novitam » : Achetez ! C'est nouveau !
- Argument « ad hitlerum » : Vous êtes fasciste. Vous croyez que 1+1=2. Mais Hitler y croyait aussi. Donc vous ne devriez pas y croire (cf. loi de Godwin)
- Argument « ad ignorantiam » : Il n'a pas démenti ce qui est écrit dans le journal, alors cela doit être vrai. Puisque vous ne pouvez pas prouver que Dieu n'existe pas, Il doit exister. Prouvez-moi que l'astrologie est inefficace.
- Argument « ad secundum quid » (= généralisation hâtive) : J'ai vu un homme à cheveux rouges frauder dans le métro. Donc, tous les hommes à cheveux rouges fraudent dans les transports en commun : https://www.youtube.com/watch?v=3IOM8Oo4sQA
- Etc.
Pour aller plus loin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophisme#Exemples / http://sophismes.free.fr/
Avec la société grecque apparaît la démocratie, c'est-à-dire l'égalité entre la parole de chacun, qu'expriment les deux règles fondamentales que sont l'isonomie (la même loi pour tous) et l'iségorie (égalité de la parole de chacun). C'est dans ce cadre que peut apparaître la figure du sophiste, spécialiste de la rhétorique. Avec les sophistes, la dimension socio-politique du langage a pris une importance capitale. Les sophistes étaient des professionnels du langage qui pouvaient monnayer leurs services au prix fort : les jeunes membres de la classe aisée pouvaient ainsi apprendre à combattre les arguments de l'adversaire, à convaincre un auditoire, etc. Ces facultés conféraient un pouvoir direct dans la mesure où de nombreux rapports de force étaient réglés par la discussion publique. Ainsi le succès dans la sphère politique et juridique dépendait directement de la maîtrise de la langue de l'orateur.
La critique de la rhétorique chez Platon :
Exemples de thèses soutenues par les sophistes :
- Toute opinion est relative : Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas »
- La démagogie vaut mieux que l'expertise : « Gorgias. – Quand le médecin n'arrivait pas à les persuader, moi j'y arrivais par le seul art de la rhétorique. Qu'un orateur et un médecin se rendent dans la cité que tu voudras, s'il faut débattre lors d'une assemblée ou d'une quelconque autre réunion publique pour savoir lequel d'entre les deux on doit choisir comme médecin, je dis que le médecin ne comptera pour rien, et qu'on choisira celui qui est capable de parler, s'il le veut bien. Et quel que soit l'homme de métier que lui opposerait le débat, l'orateur persuaderait qu'on le choisisse plutôt que n'importe qui d'autre ; car il n'y a pas de sujet sur lequel l'orateur ne parlerait de façon plus persuasive que n'importe quel homme de métier devant une foule. Tant est grande et belle la puissance de notre art. » in « Gorgias » de Platon.
- Les forts doivent dominer les faibles : « Calliclès : Or, d'elle-même la nature, au rebours, révèle, je pense, que ce qui est juste, c'est que celui qui vaut plus ait le dessus sur celui qui vaut moins et celui qui a une capacité supérieure, sur celui qui est davantage dépourvu de capacité. Qu'Il en est ainsi, c'est d'ailleurs ce qu'elle montre en maint domaine : dans le reste du règne animal comme dans les cités des hommes et dans leurs familles, où l'on voit que le signe distinctif du juste, c'est que le supérieur commande à l'inférieur et ait plus que lui. En vertu de quelle sorte de justice, dis-moi, Xerxès a-t-il fait une expédition contre la Grèce, ou son père contre les Scythes ? sans parler de mille autres exemples analogues que l'on pourrait alléguer. Eh bien! cette conduite de la part de ces gens-là est conforme à une nature, à la nature du juste, et, par Zeus ! conforme en vérité à une loi qui est celle de la nature; non point toutefois, sans doute, à celle que nous, nous avons instituée. Modelés à façon, les meilleurs et les plus forts d'entre nous, pris en main dès l'enfance, sont, tels des lions, réduits en servitude par nos incantations et nos sortilèges, apprenant de nous que le devoir est l'égalité, que c'est cela qui est beau et qui est juste! Mais, que vienne à paraître, j'imagine, un homme ayant le naturel qu'il faut, voilà par lui tout cela secoué, mis en pièces : il s'échappe, il foule aux pieds nos formules, nos sorcelleries, nos Incantations et ces lois qui, toutes sans exception, sont contraires à la nature; notre esclave s'est insurgé et s'est révélé maître. C'est à cet instant que resplendit la justice selon la nature. » - « GORGIAS » de Platon.
- Il faut laisser libre cours à ses désirs : « Calliclès : Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise : pour bien vivre, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, il faut être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu'ils éclosent. » Platon, « Gorgias », 492a – 492c.
- L'impunité autorise l'injustice :
https : //www.youtube.com/watch?v=brFWNwsLESE (texte lu)
Explication: https : //drive.google.com/open?id=1RT-rONCLMiIhppFLwYKMv11GGiVkjQXX
- Une suspicion de mauvaise foi et d'artificialité va peser sur la rhétorique. Toujours dans le « Gorgias », Platon définit la rhétorique comme un art élaboré du mensonge. Il en disait ceci « chose malhonnête, trompeuse, vulgaire, servile, et qui fait illusion... ». Socrate et Platon pensaient en effet que les sophistes ne s'intéressaient pas à la vérité, mais seulement à la manière de faire adhérer autrui à leur opinion (« doxa »). Le mot « sophiste » en est venu à qualifier aujourd'hui, de manière péjorative, celui qui profite des ambiguïtés du langage pour produire des raisonnements ou des arguments apparemment solides, c'est-à-dire prenant l'apparence de la rigueur démonstrative, mais contenant en réalité un vice ou une perversion volontaire visant à manipuler ou à tromper l'auditeur. Sophiste = Rhéteur = Démagogue. (cf. cours de Science Po).
- La critique platonicienne de la rhétorique : https://www.devoir-de-philosophie.com/dissertations_pdf/71334.pdf
- L'allégorie de la Caverne :
La réhabilitation de l'art rhétorique par Aristote.
A la différence de son maître Platon, Aristote ne juge pas la rhétorique comme immorale, mais amorale. Autrement dit, elle constitue un outil qui peut être utilisé à bon ou à mauvais escient… comme un marteau que l'on peut utiliser pour planter un clou ou… fracasser le crâne de son voisin !
Tentative d'Aristote de distinguer une rhétorique honnête d'une sophistique perverse.
Aristote dit que la rhétorique est un « moyen d'argumenter, à l'aide de notions communes et d'éléments de preuves rationnels, afin de faire admettre des idées à un auditoire ». Elle a pour fonction de communiquer les idées, en dépit des différences de langage des disciplines. Aristote fonde ainsi la rhétorique comme science oratoire autonome de la philosophie mais précise, dans sa « Rhétorique » qu' « il ne faut rien persuader qui soit méprisable. ». Aristote ne conçoit pas la rhétorique comme simple technique d'influence de l'état d'esprit de l'auditoire, mais il veut mettre à la disposition de l'orateur des techniques qui lui permette d'argumenter sur la réalité du monde.
Cicéron // Aristote : ↓↓↓ Reprise cours Hatier ↓↓↓
Exemple de dissertation : La rhétorique est-elle l'art du mensonge ?
La rhétorique est-elle l'art du mensonge ?
ANTITHESE : Le trait essentiel de la rhétorique, c'est son indifférence à l'égard de la moralité et de la véracité. Il s'agit d'apprendre à l'orateur à user de tout, à son gré, en vue de ce qu'il veut persuader sans se soucier que ce soit bien ou mal, vrai ou faux.
THESE : La rhétorique n'est pas une « science » ayant un objet déterminé et qui chercherait le vrai, elle ne dépend d'aucun savoir spécialisé. Ce n'est qu'une technique que le bon rhéteur met au service du vrai et le méchant au service de ses intérêts.
Ne condamnons pas trop vite la Sophistique : elle a représenté un moment nécessaire dans le processus de "laïcisation" et de démocratisation de la parole politique. A sa manière, elle est le moment des "Lumières" de la civilisation grecque. Les Sophistes représentent la prise de conscience réfléchie de la fierté et de l'assurance grecques en face de l'obscurantisme des "Barbares" : propagateurs des Lumières civilisatrices, ils expriment l'individualisme exubérant et l'utilitarisme conquérant de leur époque. Toutefois, à considérer le langage sous son seul aspect de "techné", la sophistique courait le risque d'en faire l'enjeu d'une manipulation aux mains des plus habiles et le moyen de la violence persuasive. Être capable de prouver et de "faire croire" : puissance admirable du langage mais aussi suprême danger; le langage devient une technique susceptible d'un usage ambigu.
1a) La rhétorique est l'art de tromper.
L'orateur n'a pas pour mission de dire le vrai, il doit produire la conviction en partant de tout ce que chaque cas comporte de probable et de persuasif. Peu importe que ce qui est présenté ne soit pas vrai, pourvu que cela en ait au moins l'apparence. Ce qui compte, ce n'est pas la valeur morale réelle de l'orateur, c'est seulement celle que lui attribue son public en raison de son habileté.
- Reprendre la critique platonicienne de la rhétorique.
1b) Il suffit de savoir utiliser les matériaux disponibles. Au tribunal, tout est dans la présentation des faits, et l'exemple de l'utilisation des aveux arrachés à un inculpé par la torture est tout à fait significatif de la technique de la rhétorique : s'ils me sont favorables, je dirai qu'il n'y en n'a pas de plus véridiques ; s'ils me sont défavorables, j'affirmerai que les conditions dans lesquelles ils ont été obtenus les rendent de toute façon suspects.
1c) Toutes les roueries sont permises. On peut, par exemple, invoquer la loi non écrite quand la loi écrite est contre soi. Dans le cas où les témoignages ne fournissent aucun fait favorable à notre cause ou défavorable à celle de la partie adverse, on peut déconsidérer la partie adverse ou au contraire exalter notre propre honnêteté. Au surplus, procéder autrement, ce serait faire perdre à la rhétorique sa nature véritable, qui et d'être une faculté toute formelle de raisonner en vue de persuader.
TRANSITION :
La rhétorique semble être l'art de « faire flèche de tout bois », c'est-à-dire de mettre au service de sa thèse n'importe quel fait, n'importe quel texte, n'importe quel témoignage. Mais, en matière de discours, tous les coups sont-ils permis ? Le rhéteur ne doit-il pas mettre son art de la parole au service du vrai et du juste ?
2a) La rhétorique n'est qu'une technique de persuasion. Chacun se croit capable d'examiner l'opinion d'autrui, de soutenir la sienne, de présenter sa défense ou de porter une accusation. Mais, tandis que la plupart le font à l'aventure, d'autres sont capables de réussir sûrement grâce à une méthode. Faut-il pour autant traiter cette méthode d'art du mensonge ? Certes non ! Sur ce qui est vrai ou qui est absolument constant, il n'y a pas de place ni pour une délibération, ni pour une contestation. La rhétorique n'intervient donc que lorsque le vrai n'est pas connu.
2b) Seule l'intention fait la faute. Il ne faut pas tenir rigueur au maître d'armes d'avoir appris l'escrime à quelqu'un qui s'en sert contre père et mère, pas plus qu'il ne faut le louer d'avoir transmis son art à un vaillant défenseur de la patrie. Il en est de même pour la rhétorique. Lorsqu'elle permet de plaider le faux, c'est l'orateur qui est coupable, et non la rhétorique. Il ne faut pas tenir rigueur à cet art des mensonges qu'il permet lorsqu'il est utilisé à mauvais escient.
2c) S'adresser aux passions n'est pas mentir. A la différence du discours dialectique qui s'adresse à l'homme parlant et raisonnable, le discours rhétorique s'adresse à l'homme total capable de jugement, mais aussi de passions. C'est pourquoi, selon les circonstances, l'orateur doit être capable d'apaiser ou, au contraire, d'exciter ces passions afin de mieux parvenir à l'établissement de la vérité. Ce qu'Aristote appelle la « catharsis ».
CONCLUSION / SYNTHESE :
Si la rhétorique peut, parfois, permettre au méchant de dissimuler le vrai, elle peut aussi concourir à l'établissement de la vérité quand elle est bien utilisée ou à se défendre d'une accusation malhonnête : « Il faut être capable de persuader les contraires, non point en vue de faire dans la pratique l'un aussi bien que
l'autre, mais (...) en vue d'être, si un autre en use sans justice, à même de le réfuter par nos propres moyens.» (Aristote).
Il ne faut donc pas considérer la rhétorique comme un art du mensonge mais comme un art de la parole, de la discussion. Certes, la maîtrise du langage permet de mentir, mais elle permet, aussi, de faire triompher la vérité. L'art oratoire n'est-il donc pas, comme le dit Esope, « la meilleure et la pire des choses. » ?
Rappel (1) : Les 3 types de discours chez Aristote.
La rhétorique chez Aristote
Auditoire
Temps
Acte
Valeurs
Argument type
Le judiciaire
Juges / tribunal
Passé simple
Accuser - défendre
Juste - injuste
Enthymème (ou déductif)
Le délibératif ou politique
Assemblée / peuple
Futur simple
Conseiller - déconseiller
Utile - nuisible
Exemple (ou inductif)
L'épidictique ou démonstratif
Spectateur
Passé Présent Futur
Louer – blâmer - instruire
Noble – Vil / Admirable - exécrable
Amplification
Rappel (2) : Les 5 différentes phases de l'entraînement rhétorique chez Quintilien.
Inventio (invention) Je commence par chercher des bonnes idées. Dispositio (disposition, ou structure) J'organise ces arguments de la manière qui sera à la fois la plus claire et la plus frappante pour mes destinataires. Elocutio (style et figure de style) J'emploie pour exprimer ces idées des phrases correctes, un vocabulaire riche et varié, des figures de style, des sonorités agréables ou surprenantes. Memoria (apprentissage par cœur du discours et art mnémotechnique) Je mémorise tout ce texte pour pouvoir le dire sans hésitation et d'une manière qui ait l'air naturelle. Actio (récitation du discours). Je pense à tout mon corps : ne pas avoir de tics, ne pas regarder mes pieds, mais faire un geste frappant pour souligner une idée importante, etc.
RHÉTORIQUE, n. f. Art de bien dire et de bien parler; et donc, ensemble des procédés oratoires employés pour produire un discours convaincant, au niveau de l’invention, de la composition et de l’élocution (voir ce mot, au sens n° 2). La rhétorique est au service de l’éloquence. Elle comprend notamment les figures de rhétorique, qui peuvent être de véritables procédés d’argumentation (la concession, par exemple) ou simplement les classiques figures de style. Traditionnellement, la rhétorique était enseignée, raison pour laquelle certaines classes sont appelées «classes de rhétorique». Le mot «rhétorique» désigne aussi l'art d'écrire d’un auteur particulier : la rhétorique de Rousseau, son habileté à manier l'anaphore, l'antithèse, le style périodique. Voir Figure de style. On emploie parfois le mot rhétorique au sens péjoratif de «rhétorique creuse», par opposition à la véritable éloquence, chaleureuse et sincère. On appelle rhétoriqueurs un groupe de poètes français de la fin du XVe siècle, remarquables par leur virtuosité formelle et leur habileté rythmique. Certains leur ont reproché leur trop grand formalisme verbal.