Que faut-il penser de cette affirmation : «Nous savons que nous sommes mortels, mais nous ne le croyons pas» ?
Nous savons que nous sommes mortels
- L’homme, remarque Rousseau, dans son "Discours sur l’origine de l’inégalité "(1755) est le seul animal qui se connaisse comme mortel.
- Certaines philosophies, telle celle de Platon, nous promettent l’au-delà, à l’instar des religions ; mais les penseurs matérialistes tiennent la mort pour un anéantissement du moi personnel.
- «On devient fou en y songeant !» (Maupassant, "La Tombe", 1884). Peut-être ce savoir nous serait-il insupportable, si nous ne pouvions pas l’occulter la plupart du temps...
Mais, généralement, nous négligeons de penser à notre condition
- Les hommes, constate Montaigne (1533-1592), négligent, de penser à la mort : «ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent, de mort nulles nouvelles» ("Essais", I, 20).
- Nous sommes, disait Pascal, comme des «hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort» ("Pensées", frag. 199, éd. Brunschvig).
- «Les hommes, n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser» (Pascal, "Pensées", frag. 168, éd. Brunschvig).
La mort en face
- L’homme moyen, selon Heidegger, ne connaît la mort que sous la forme d’un événement qui ne lui arrive pas en propre : il élude sans relâche l’expérience de l’angoisse.
- L’«insensé», laisse passer sa vie en pure perte : il s’affaire, il court ici ou là, et il oublie ainsi «cette éternité dans laquelle les mortels auront à passer tout le temps qui reste à courir après la mort» (Lucrèce, "De la nature", III).
- La mort est, selon Épicure, un néant de douleur tout comme elle est un néant de plaisir. Ce qui n’est rien ne saurait aucunement nous menacer, et l’idée que la mort n’est rien nous apporte la délivrance. •
Liens utiles
- R. CAILLOIS, Les Jeux et les Hommes. « Interdépendance des jeux et des cultures ». Tel est le titre proposé par R. Caillois à ce développement. Que faut-il penser de son affirmation ?
- Un critique moderne écrit à propos de la Lettre à d'Alembert sur les spectacles. « C'est cette curieuse liaison entre le sentiment, la littérature et la politique, qu'il faut dévoiler ». Votre lecture de l'oeuvre de Rousseau inscrite au programme vous semble-t-elle éclairée par cette affirmation ?
- « Il y a certaines vérités qu'il ne suffit pas de persuader, mais qu'il faut encore faire sentir. Telles sont les vérités de morale. Peut-être qu'[un] morceau d'histoire touchera plus qu'une philosophie subtile.» Vous réfléchirez à cette affirmation de Montesquieu (Lettres Persanes) en vous appuyant sur les documents du corpus.
- Commentez cette affirmation de M. Bloch-Michel rapportée par J.-P. Sartre dans « qu'est-ce que la littérature? » : « II faut moins de vertu dans les grandes circonstances que dans les petites »
- En vous référant à votre expérience personnelle aussi bien qu'à votre connaissance du répertoire racinien, vous commenterez et, éventuellement discuterez cette affirmation d'Eugène Ionesco : « Il faut aller au théâtre comme on va à un match de football, de boxe, de tennis. Le match nous donne en effet l'idée la plus exacte de ce qu'est le théâtre à l'état pur : antagonismes en présence, oppositions dynamiques, heurts sans raison de volontés contraires » ?