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Quatrevingt-Treize de Victor HUGO, 1874

• Dans cet ouvrage qui est son dernier roman, Hugo met la forme épique au service des idées qu'il s'est forgées peu à peu sur la Révolution française et la destinée de l'humanité. Monarchiste sous la Restauration et la monarchie de Juillet, il s'est converti en 1848 à l'idéal républicain qui situe en 1789 la naissance du monde à la lumière. Il ne renonce pas toutefois à juger la Révolution et a choisi l'année 1793 pour la mettre en procès. • Les personnages et les événements du roman sont symboliques. L'action débute dans les bocages de l'ouest où les Bleus et les Chouans se livrent une guerre inexpiable. La victime en est le peuple, représenté par Michelle Fléchard, veuve avec trois enfants, que le bataillon du Bonnet Rouge prend en charge malgré sa fidélité à la monarchie féodale. Bientôt apparaissent les protagonistes de ce combat de sang et d'idées : le terrible marquis de Lantenac, qui vient prendre la tête de la Vendée royaliste; le capitaine Gauvain, son neveu, jeune aristocrate gagné à la République dont il incarne l'idéalisme généreux; le représentant en mission Cimourdain, ancien prêtre et ex-précepteur de Gauvain, agent de l'absolutisme révolutionnaire. Au cours des combats, les trois enfants sont pris comme otages par les Vendéens assiégés dans une vieille forteresse seigneuriale, la Tourgue. Au moment où ils vont périr dans son incendie, Lantenac, qui avait pu fuir, touché par leur innocence, revient et les sauve : Un coeur effrayant venait d'être vaincu [...] L'humanité avait vaincu l'inhumain. Gauvain ne peut alors admettre que Lantenac, arrêté par Cimourdain, soit condamné à la guillotine : Est-ce donc que la Révolution avait pour but de dénaturer l'homme ? Il aide le chef royaliste à fuir et prend sa place dans sa prison. Cimourdain le fait condamner à mort. Dans son cachot, il a une dernière conversation avec son ancien maître. Méditant sur cet extraordinaire 93, il en absout la violence et affirme sa foi en l'avenir : Sous un échafaudage de barbarie se construit un temple de civilisation. À la république autoritaire voulue par Cimourdain, il oppose l'idéal d'une république généreuse attachée à libérer et élever les hommes. Cimourdain, fidèle à son intransigeance, le fait guillotiner, puis se suicide. • Les images simples, les personnages antithétiques, la recherche de symboles et la figuration dramatique des idées, la force des visions et des convictions, tout concourt à faire de ce roman un bon exemple de l'art épique et de la pensée idéaliste de Victor Hugo qui s'emploie non seulement à juger le passé mais aussi à enseigner les principes qui doivent désormais, à ses yeux, constituer la foi du monde.

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