qualité
La qualité désigne quelquefois un état de la cause : autant dire que c’est une notion importante surtout dans le genre judiciaire. Quintilien utilise en effet ce terme pour qualifier les causes où la question ne consiste ni à discuter de l’existence du fait, ni de sa définition, ce qui constitue les deux principaux états clairs et nets, massifs pourrait-on dire, de toutes les discussions possibles. Restent tous les autres, et c’est alors qu’est en jeu l’état de qualité. En réalité, les enjeux concernent aussi le délibératif, à cause des réflexions sur ce qui est opportun et sur ce qui ne l’est pas. On retrouve vite les grandes catégories d’Aristote, dans la mesure où il s’agit de considérer, par rapport à l’objet du discours, tout ce qui le concerne ou peut éventuellement le concerner des points de vue de sa nature, de son apparence, de sa fin, de sa cause, de ses constituants, de ses agents, de ses conséquences, de ses moyens, de sa grandeur, de son allure, de son importance, de ses relations, de ses circonstances de temps, de durée, de lieu, de fonction, de manifestation, de régime et de proportion. Par exemple, on défend un fait indéfendable en le présentant, sous quelque jour que ce soit, comme honnête, ce qui est possible en cherchant un fondement quelconque au comportement en question, soit dans la nature humaine soit dans les institutions. On peut s’en sortir également en plaidant la parenté, ou l’égalité, ou la similitude entre plusieurs faits, subis et accomplis, comme des traitements violents. On peut dire qu’un crime n’est dû qu’à la nécessité de châtier une horreur préalablement commise, ou encore qu’il en résulte un bien évident, pour les individus ou pour la collectivité, ou que c’est un moindre mal par rapport à ce qui se serait passé sans cela. On peut aussi prétendre que le responsable est une autre personne, ou la situation générale, ou l’ignorance, ou la nécessité. On peut également avancer que l’intention était bonne, ou que le mal n’est pas si grave qu’on le prétend.
Dans les cas plus précisément délibératifs, soit qu’il s’agisse d’honorer, soit qu’il s’agisse de déclasser, il importe de considérer toujours, outre le fait ou les faits mêmes qui forment le sujet de la délibération, les personnes, leurs motivations, leur degré d’implication, leurs caractères, leur situation, la nature des enjeux, l’ensemble du cours de la vie de chacun, la proportion entre l’objet de la discussion et les faits qui en sont le prétexte. Commentant ces points, Quintilien devient lyrique. Ce genre de causes, qui roule sur la qualité du fait, est, de tous, celui où l’orateur brille davantage, parce qu’il peut se traiter de part et d’autre avec beaucoup d’esprit, et parce que les sentiments et les passions ne s’expriment en nul autre avec autant de force. L’orateur y emploie toutes sortes de preuves, les unes amenées de loin, dans lesquelles il a souvent recours à la conjecture, les autres tirées du fond de son sujet, mettant en usage tout ce qu’il a d’artifice et d’adresse pour faire paraître les choses telles qu ’il veut qu ’elles paraissent. C’est là le grand effort de l’éloquence ; c’est là qu’elle triomphe principalement. Cet enthousiasme de Quintilien révèle l’aspect dynamique et volontariste de la rhétorique, la jubilation du rhétoricien maître de son art et conscient de son pouvoir, la force et la portée de cette technique, redoutable dans la mesure où elle crée un effet de réel supérieur à la réalité. C’est dans les commentaires de cette espèce que l’on voit clairement la vraie nature de la rhétorique, véritable fée de la qualité des objets et jamais serve de leur mesure.
=> Éloquence, oratoire, genre, judiciaire, délibératif, démonstratif; état de la cause; preuve, définition, conjecture, lieu; honnête.
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