QUALITATIF, QUALITÉ
QUALITATIF, QUALITÉ
♦ Le qualitatif concerne la qualité. Du point de vue de la psychologie génétique, la connaissance qualitative précède la connaissance conceptuelle puis scientifique. Le qualitatif, qui caractérise notamment les différents aspects psychologiques de la sensibilité, s’oppose au domaine de la quantité, échappe à la mesure et même à la science comme le soutient Bergson. Cependant, comme le remarquent déjà les sophistes de l'Antiquité, la détermination qualitative n’est pas complètement étrangère à la quantité et à la mesure ; par exemple, combien de gouttes de colorant faut-il pour qu’un liquide ait telle couleur ?... La pensée pythagoricienne reprise par Platon introduit la notion de mesure qualitative (l’octave, en musique). On sait par ailleurs qu’au-delà d’une dimension-limite une réalité donnée se modifie qualitativement en changeant de nature ou de manière d’être : ce passage de la quantité à la qualité est particulièrement souligné dans la dialectique* hégélienne et marxiste.
♦ Dans son acception la plus courante - mais la moins philosophique -le terme qualité désigne soit la fonction sociale, soit la valeur en général (une œuvre de qualité) et en particulier, la valeur morale. La qualité est, chez Aristote, une des dix catégories fondamentales de la pensée, en tant que manière d’être d’une réalité (blanc, noir, chaud, froid, etc.). Elle varie en intensité, mais, n’étant pas mesurable, elle s’oppose à la quantité. Elle devient chez Kant une des catégories de l’entendement.
♦ On entend par qualité sensible les propriétés sensibles de la perception (sons, couleurs, odeurs, etc.), données élémentaires à partir desquelles - selon les empiristes - s’élabore la connaissance. On distingue (Descartes, Locke) les qualités premières des qualités secondes : les premières, sans lesquelles le monde des corps serait inconcevable, sont l’étendue, le mouvement, l’impénétrabilité ; leur action sur nos sens produit les qualités secondes (couleurs, odeurs, etc.) qui - subjectives - ne sont pas constitutives des choses.
QUALITATIF, IVE. adj. Qui est relatif à la qualité; qui est du domaine de la nature des choses ou des êtres, par opposition à ce qui est quantitatif (qui concerne le nombre d’unités; qui est susceptible d’être mesuré). Qualitativement: d’un point de vue qualitatif.
• L’opposition qualité/quantité, la distinction entre l’ordre qualitatif et l’ordre quantitatif, sont essentielles. Elles constituent ce qu’on appelle une catégorie fondamentale de la pensée, du jugement. La qualité propre, la manière d’être, la nature originale d’une réalité (physique, morale) ou d’une personne échappent la plupart du temps à une mesure quantitative : on ne « mesure» pas le génie de Victor Hugo, la saveur indéfinissable d’une cerise, le degré de vertu d’un héros, l’intensité d’une souffrance, le charme d’un sentiment amoureux. À l’opposé de l’ordre qualitatif, l’ordre quantitatif répond à la question: «combien?»; il définit des unités, des façons de dénombrer, des rapports, des valeurs mesurables; il donne ainsi l’impression d’atteindre à une connaissance exacte, scientifique, «comptable», des réalités qu’il recense ou mesure; il permet d’agir efficacement sur toutes les réalités matérielles du monde. • Le problème se pose lorsque l’on veut mesurer quantitativement ce qui est d’ordre qualitatif. Le monde moderne, dans un souci tantôt d’objectivité, tantôt de rentabilité, essaie de tout quantifier. La psychologie par exemple, avec ses tests, tente de «mesurer» l’intelligence et d’établir le «quotient intellectuel» des gens, opération qui risque de réduire les multiples formes d’esprit à une norme rigide, qui uniformise l’activité de pensée. Le monde économique, dont le critère d’évaluation dominant est l’argent, tend logiquement à réduire au montant d’un salaire la qualité de travail des individus (leur créativité, leur valeur humaine, etc.). Les œuvres d’art tombent également sous la loi du marché : leur valeur propre, leur qualité intrinsèque risquent souvent de n’être évaluées que par le nombre des ventes, ou le chiffre de leur valeur marchande. Pour éviter la confusion entre des estimations provisoires, qui mesurent faussement les choses, et les jugements de valeur, qui tentent d’en saisir la véritable nature, il importe donc de bien distinguer le qualitatif du quantitatif.
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