QCM sur Thomas d’Aquin (saint)
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THOMAS D’AQUIN saint. Philosophe et théologien d’origine italienne, écrivant en latin. Né entre la fin de 1224 et le début de 1225 au château de Roccaseca, près d’Aquino (Italie du Sud); mort à Fossanova, près de Terracine, le 7 mars 1274. Le « Docteur commun » de l ’Êglise, appelé aussi « Docteur angélique ». Les événements qui composent sa biographie se réduisent à quelques déplacements au cours d’une vie religieuse dominicaine toute remplie par une carrière universitaire de professeur de théologie. Fils de Landolfo d’Aquino et de Theodora, d’origine lombarde, il fut offert comme oblat à l'abbaye du Mont-Cassin (1230), puis étudia aux écoles de Naples (1239). Thomas, malgré la violente opposition de sa famille, entre en 1244 dans l’ordre des Frères Prêcheurs, nouvellement fondé par saint Dominique (1216). Après son noviciat (1245), il est envoyé à Paris, au couvent de Saint-Jacques, le plus grand centre intellectuel de l’Ordre, où il est l’élève d’un maître fameux, saint Albert le Grand. En 1248, il suit à Cologne son maître à qui l’Ordre vient de confier la fondation d’un nouveau centre d’études; il y reste jusqu’à la fin de sa formation scolaire en 1252. A cette date, il rentre à Paris pour commencer à enseigner : il a vingt-sept ans. Il suit alors les étapes obligatoires de la vie universitaire de son temps; d’abord bachelier biblique (1252-1254), puis bachelier sentenciaire (1254-1256), il est reçu maître en théologie en 1256 et titulaire officiel de l’une des deux chaires confiées aux Prêcheurs à l’Université de Paris. Dès lors, il enseignera sans relâche jusqu’à la fin de sa vie. A Paris d’abord de 1256 à 1259, puis à la curie pontificale (Anagni, Orvieto, Viterbe) et au couvent d’études de Sainte-Sabine à Rome de 1259 à 1268, de nouveau à Paris de 1269 à 1272, enfin à Naples où il organisera le couvent d’études de la Province Romaine de 1272 jusqu’à sa mort en 1274. Appelé par le pape Grégoire X à assister comme théologien au Concile de Lyon, il mourra pendant le voyage, le 7 mars 1274, à l’abbaye cistercienne de Fossanova. Il avait quarante-neuf ans. Son corps fut transféré en 1369 dans l’église des Jacobins à Toulouse où il reposa jusqu’à la Révolution française. On a pu dire avec raison que par son entrée dans l’Ordre des Prêcheurs et sa vie de professeur au service de l’Université, Thomas d’Aquin était comme le signe de la rupture définitive entre deux mondes. Par sa naissance, il appartenait à la haute société féodale et ses traditions familiales le destinaient à la plus puissante des abbayes bénédictines; sa vocation religieuse dominicaine, puis la fonction d’enseignement à l’Université qu’il tenait de l’autorité de ses supérieurs, le menèrent dans une voie qui le plaçait en plein cœur de la société nouvelle, celle des Communes, et au milieu de la plus représentative et effervescente des écoles urbaines, l'Université de Paris. Celle-ci consacra le génie intellectuel de frère Thomas, et en retour la longue présence du maître à Paris illustra considérablement son Université et contribua grandement à sa célébrité mondiale. L’histoire de la vie de saint Thomas d’Aquin est donc tout entière l’histoire de son œuvre, qui est immense. Comme tous les maîtres universitaires de son temps, frère Thomas d’Aquin, maître régent en théologie, avait à assurer les devoirs de sa fonction. On sait que toute la pédagogie ancienne et médiévale était à base de lecture de textes, et la scolastique universitaire avait institutionnalisé et amplifié ce type d’enseignement. Le professeur était essentiellement un « lecteur » et son cours une « lecture » ou une « leçon ». Il était chargé de lire avec ses étudiants la Bible, et le Livre des Sentences de Pierre Lombard, le manuel de théologie de l’époque. (C’est par le Lombard que tout le XIIIe siècle a reçu l’enseignement de saint Augustin.) Il était aidé dans cette tâche par des assistants, des bacheliers bibliques et sentenciaires. De 1252 à 1256, frère Thomas remplit ses fonctions de bachelier avant d’être maître lui-même en 1256. Une fois maître, il restera scrupuleusement fidèle à ses obligations, et ses commentaires bibliques comme sa longue exposition des quatre livres des Sentences — Commentaire sur les « Sentences » de Pierre Lombard — sont le fruit de son enseignement ordinaire. Ces « explications de texte » étaient de deux sortes. D’abord une lecture cursive pour les débutants; mais bientôt, pour des étudiants formés, la lecture même du texte suscitant une foule de questions, un mot obscur, une pensée difficile, un conflit dans l’interprétation étaient l’occasion d’une élaboration plus poussée. La recherche doctrinale déborde ainsi l’exégèse. Il était dès lors naturel que la « question » se détachât peu à peu du texte qui l’avait fait naître et se constituât en un genre autonome. Ici encore l’institution universitaire joua son rôle. Elle fit se rencontrer les maîtres, et organisa la « dispute » par laquelle tel maître soumettait a la discussion de ses collègues, devant le public scolaire, une question à l’ordre du jour. On objectait, on réfutait, enfin le maître en charge déterminait, et devait fournir le procès-verbal complet de la dispute à l'Université qui le publiait. Ainsi, parallèlement à ses leçons ordinaires, le maître devait tenir des « questions disputées », ou y participer. Ces questions jouaient donc le rôle des exercices pratiques ou des exercices de séminaire tels qu’on les conçoit dans l'Université moderne. Les problèmes qui y étaient abordés étaient ceux de la recherche scientifique d’alors. Nous avons de saint Thomas plusieurs groupes de Questions disputées qui, à côté de ses commentaires bibliques et sentenciaires, représentent sa contribution à la vie de l’Université. En plus des « questions disputées », il y avait aussi des questions dites « quodlibetiques » — v. Quodlibet — oui ressemblaient beaucoup aux « questions disputées », si ce n’est que le sujet de la dispute au lieu d’être annoncé à l’avance était laissé à l’initiative du public. Ces disputes-là se tenaient seulement deux fois par an, à Noël et à Pâques; c’est là que les questions brûlantes de l’actualité quotidienne étaient évoquées; les conflits de doctrines ou de personnes que l’on y relève reflètent les hostilités, les curiosités ou la malice du moment. C’était une épreuve redoutable pour le maître. Que saint Thomas, au cours de ses deux séjours parisiens, se soit régulièrement soumis à cet exercice, témoigne assez éloquemment d’un trait de son caractère, l’ouverture d’esprit et la recherche toute franche de la vérité en dehors des concurrences idéologiques. Le succès qu’il rencontra prouve en retour l’estime en laquelle le tenait le monde si exigeant des étudiants et des professeurs. Une dernière tâche officielle du maître était de prêcher aux étudiants. Saint Thomas le fit sans nul doute dans l’église de son couvent de Saint-Jacques, qui s'élevait autrefois sur l’emplacement du pâté de maisons actuel entre la rue Soufflot et la rue Cujas, à mi-côte sur la montagne sainte-Geneviève. Nous avons conservé quelques-uns de ses sermons, mais c’est la partie de son œuvre qui a le moins survécu. Outre ces œuvres, fruit de son activité professionnelle à l'Université, saint Thomas nous a laissé un certain nombre de petits traités occasionnels sur des points de doctrine à propos desquels son avis avait été sollicité; petits traités occasionnels également les écrits de polémique pour la défense de la nouvelle forme de vie religieuse inaugurée par les ordres mendiants, et peut-être même l’office du Saint-Sacrement qu’on lui attribue. Enfin, il y a la série des grands ouvrages originaux que constituent les deux Sommes, la Somme contre les Gentils et la Somme théologique, et les Commentaires sur Aristote, le pseudo-Denys et le Livre des causes. La chronologie des écrits de saint Thomas d’Aquin n’est que relative : il n’y a aucune œuvre pour laquelle on puisse indiquer avec certitude la date exacte de sa composition. Néanmoins, la critique interne et l’examen des sources utilisées permettent de déterminer avec une assez grande probabilité la succession des principaux ouvrages et de les répartir en quatre grandes périodes qui correspondent aux divers lieux de séjour de saint Thomas. Première période : premier séjour parisien (1252-1259). A cette période appartiennent les deux leçons inaugurales de frère Thomas comme bachelier et comme maître. A son enseignement ordinaire de bachelier biblique, il faut probablement rattacher le commentaire sur le Livre d’Isaïe. Le Commentaire sur les « Sentences » date des débuts de l’enseignement magistral ainsi que la série des Questions disputées, De la vérité. Les Quodlibets VII à XI doivent se répartir entre Noël 1256 et Pâques 1259. Les petits traités Des principes de la nature [De principiis naturae] et L’Etre et l’Essence , qui donnent un exposé des principes de la philosophie scolastique, ont été écrits pour ses élèves par le jeune professeur. Le célèbre commentaire sur le Traité de la Sainte-Trinité — Opuscules théologiques — de Boèce trace un exposé extrêmement pénétrant de la méthode en théologie et des divisions de la philosophie. On s’accorde maintenant pour le dater des environs de 1256 et l’on y admire la précoce maîtrise d’un théologien qui a su définir en des pages définitives les lois de sa science. L’opuscule Contra impugnantes Dei cultum est la réponse de saint Thomas aux attaques de Guillaume de Saint-Amour contre les ordres mendiants. Enfin, à la fin de cette première période appartient la mise en chantier du premier ouvrage original, la Somme contre les Gentils. Commencée en 1258 la rédaction de cette Somme chevauche sur la première et la deuxième période. En juillet 1259, maître Thomas laisse sa chaire de Paris à Guillaume d’Antona et part pour l’Italie. Deuxième période : séjour à la curie pontificale et à Rome (1259-1269). Saint Thomas y sera au service de trois papes successifs, Alexandre IV, Urbain IV, enfin Clément IV. A ce moment, il ne semble pas que maître Thomas d’Aquin ait à assurer un enseignement de type universitaire. Tout d’abord, il achève la Somme contre les Gentils. Surtout il devient en quelque sorte le théologien du pape Urbain IV. Ancien patriarche de Jérusalem, non moins attentif aux problèmes théologiques qu’aux conflits militaires entre Orient et Occident, il avait demandé à Thomas à la fois une critique théologique d’un recueil de textes grecs récemment arrivés d’orient et une « glose » de l’Evangile où entreraient, à côté des autorités latines, les témoignages des Pères grecs. Le premier de ces travaux est le célèbre opuscule Contra errores Graecorum, le second forme ce que l’on appelle la Catena aurea. Saint Thomas lui-même l’avait intitulé Expositio continua, c’est-à-dire commentaire perpétuel. Urbain reçut la dédicace de la partie concernant l’évangile de saint Matthieu (1262-1263), il mourut trop tôt pour voir l’achèvement de l’ouvrage dont la suite fut dédiée au cardinal Hanni-bald qui avait été un élève de maître Thomas. C’est à son séjour à la curie pontificale que Thomas dut de connaître et d’étudier nombre de documents importants, par exemple les actes des conciles d’Ephese et de Chalcédoine, ceux du deuxième concile de Constantinople. Ce souci de la documentation scientifique caractérise l’un des traits du travail de saint Thomas. De cette époque datent aussi nombre de courts opuscules : De regimine principum, De articulis fidei, De emptione et venditione, De rationibus fidei, Responsio ad Fr. Joannem Vercellensem de articulis CVIII, où il paraît que Thomas est alors le théologien officiellement consulté de la curie pontificale. En 1265, la faveur de Thomas est telle qu’on lui offre le siège archiépiscopal de Naples, qu’il refuse. Cette même année, le chapitre général de l’Ordre l’assigne au couvent de Sainte-Sabine à Rome où, de nouveau, le maître se trouve consacré à l’enseignement universitaire. Il commente alors le Livre de Jérémie et les Èpîtres de saint Paul. Il soutient aussi la série des dix Questions disputées, De la puissance divine. En 1267, saint Thomas retourne à la curie du Pape à Viterbe. C’est alors, semble-t-il, qu’il compose son commentaire sur les Noms divins de Denys, qui doit précéder de très peu la mise en chantier de la Somme théologique, et le Compendium theologiae qui en est peut-être une première ébauche. En effet toute la première partie de cette Somme est écrite en Italie entre 1267 et 1268. A la fin de cette année 1268, saint Thomas est brusquement rappelé à Paris où la controverse averroïste vient de mettre le feu à l’Université. Troisième période : deuxième séjour parisien (1269-1272). C’est le moment de la plus prodigieuse activité dans la vie de saint Thomas. Dans ses leçons ordinaires, il expose le Livre de Job et l'Evangile de saint Jean. Il reprend la série de ses grandes Questions disputées. La question disputée De anima est tenue en 1269, suivie immédiatement de la série Du mal, Des vertus, qui traite en dix-sept questions le péché, les différents vices et les vertus. En même temps, la Somme théologique est poursuivie sans relâche. Mais surtout c est la controverse avec les Averroïstes qui occupe la pensée de maître Thomas. Pour répondre aux difficultés soulevées par l’exégèse d’Aristote, il entreprend alors ses Commentaires approfondis du « Philosophe ». En même temps, il compose à l’adresse de ses adversaires les petits traités dans lesquels il reprend en synthèse doctrinale son exégèse détaillée sur les problèmes brûlants de l’unité de l’intellect (1270), de l’éternité du monde (1271) et des substances séparées (1272). Ces trois opuscules sont à juste titre considérés comme des chefs-d’œuvre. Non content de mener à bien cette activité gigantesque, il trouve encore le temps de batailler contre Gérard d’Abbeville en faveur de la vie religieuse avec le De perfectione vitae spiritualis et de soutenir régulièrement de Pâques 1269 à Pâques 1272 des disputes quodlibétiques, celles qui portent les numéros I à VI de la série publiée des Quodlibets. Après les grandes vacances scolaires de l’année 1271, Thomas reprend en septembre son enseignement à Paris. A ce moment également, il entame la rédaction de la troisième partie de la Somme théologique, celle qui traite du mystère de l’incarnation du Christ. Mais le chapitre général de Florence en 1272 fournit à Thomas un autre champ d’action. L’Ordre veut fonder à Naples un nouveau centre d’études pour les dominicains de la Province Romaine; tout naturellement il est désigné pour cette tâche qui le ramène dans son pays natal. Quatrième période : séjour à Naples (1272-1274). Après l’intense production des années qui précèdent, frère Thomas d’Aquin peut reprendre dans un climat plus serein son activité de professeur et la rédaction de ses grandes œuvres. Il commente le livre des Psaumes et l'Evangile de saint Matthieu. Il continue la troisième partie de la Somme théologique, qu’il laissera inachevée en quittant Naples pour Lyon. En même temps, il poursuit ses commentaires aristotéliciens. Il prêche aussi à Naples, et ses Collationes in Credo, Pater, Ave sont très probablement le fruit de ses homélies aux étudiants. Au moment où Thomas partait pour le Concile de Lyon, où l’on devait discuter une question dont il était spécialiste : celle du schisme oriental et de la réunion avec les Grecs, il laissait à Naples, sur sa table de travail, sa Somme presque achevée et ses derniers commentaires plus qu’à moitié rédigés. Il comptait terminer ces travaux à son retour, mais il ne revint jamais ! On reste confondu devant la brièveté de cette vie, vingt-deux ans de production intensive, et l’immensité de l’œuvre accomplie : Aristote commenté et reçu en pensée chrétienne, du même coup les rapports exacts entre la philosophie et la théologie mieux définis, et surtout la théologie elle-même constituée comme science, tous les mystères de la foi manifestés dans leur cohérence à partir de quelques principes simples dans une sorte de cathédrale spirituelle, la Somme théologique. Cette œuvre puissante nous ramène à son auteur. On raconte que frère Thomas pleurait lorsque la liturgie du Carême ramenait le chant du répons Media vita... « Au plein milieu de la vie, nous sommes livrés à la mort; quel sera notre sauveur, sinon toi, Seigneur ! » La quête de l’être et la quête de Dieu ont été les deux ressorts de cette vie consacrée à la contemplation et à la communication de la Vérité. La sainteté de frère Thomas devait être solennellement proclamée par le Pape Jean XXII le 18 juillet 1323, et l'Eglise l’appela son docteur « commun » pour signifier que sa théologie exprimait au mieux la pensée de sa communauté. Son autorité n’a cessé dès lors d’être affirmée; en 1567, Pie V le proclame docteur de l’Eglise; en 1880, Léon XIII le déclare patron des universités catholiques; en 1923, Pie XI salue en lui le chef des intellectuels. Mais le plus bel éloge qui ait jamais été prononcé de saint Thomas d’Aquin le fut quelques jours après sa mort par le recteur et les professeurs de la Faculté des Arts à l’Université de Paris, dans une lettre qu’ils dépêchèrent au chapitre général des dominicains réuni à Lyon à la Pentecôte 1274, pour réclamer la dépouille mortelle de leur collègue défunt. Cette demande ne fut jamais satisfaite. Ils s’exprimaient ainsi : « Puisque, malgré nos instances pressantes, nous n’avions hélas !, pas pu obtenir frère Thomas d’Aquin de votre chapitre général tenu à Florence [en 1272], maintenant qu’il est mort, nous vous demandons humblement, comme une grande faveur, le corps de celui que nous n’avons pas pu revoir vivant, car loin d’oublier la mémoire d’un tel prêtre, d’un tel père, d’un tel docteur, nous lui gardons un sentiment de profond attachement. »
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