Databac

pureté

La pureté est une qualité du style. Elle concerne au premier chef l’élocution et l’action. Dans l’élocution, il s’agit du choix des mots et de la composition ; dans l’action, il s’agit surtout de la prononciation. Pour le choix des mots, il convient d’en sélectionner qui ne soient ni vieux, ni nouveaux, ni, essentiellement, d’un niveau inapproprié à l’objet et aux circonstances du discours. Il est un préalable évident : l’absolue correction formelle dans l'identité même du mot, aussi parfaitement obligatoire que l’absolu respect des règles les plus exigeantes de la grammaire la plus rigide dans les liaisons et les dépendances syntaxiques. On se gardera du vocabulaire comme des tours étrangers ou même seulement provinciaux. Il faut, dit Quintilien, que les mots soient approuvés par l’usage, clairs, ornés, propres à exprimer nos idées ; corrects, bien arrangés et judicieusement figurés. Il faut aussi bannir, autant qu’on peut, toutes les façons de parler étrangères, ou qui nous viennent des provinces. Car on voit des gens qui savent assez bien leur langue, et dont néanmoins le langage est plus précieux que pur. Témoin cette vieille d’Athènes qui, ayant remarqué que Théophraste, homme d'ailleurs fort disert, affectait un certain mot, n’hésita pas à dire qu’il était étranger ; et quelqu’un lui demandant à quoi elle le reconnaissait : à ce qu ’il parle trop bien, répondit-elle. Cette pureté s’oppose donc aussi à l’affectation : elle semble marquer comme une noblesse verbale, qui viendrait de la naissance ; disons qu’il faut en tout cas en donner l’impression. L’arrangement de la phrase doit présenter les qualités analogues de la dernière et plus étroite exactitude. On requiert en général les mêmes caractères pour la prononciation. Cela signifie qu’elle ne doit être ni vulgaire ni relâchée, ce qui implique un soin toujours attentif à la réalisation distincte de toutes les syllabes des mots, au ménagement agréable des liaisons sonores et de la mélodie des phrases, à l’équilibre à la fois modéré et ferme du ton de l’énonciation. Il convient ainsi de s’abstenir de toute exagération dans la performance, et de bannir le moindre relent d’accent étranger ou provincial.

On remarquera sans doute que ce concept relève totalement de la rhétorique normative : il s’appuie sur une axiologie oratoire qui répond, en outre, à une sorte de mythe social dans la conscience historique. Il y a des phares de la civilisation et du bon goût : ils sont dans la capitale ; ailleurs, et avant cet éclat contemporain de la rédaction par les rhétoriciens de leurs traités, c’est l’impur.

=> Éloquence, oratoire, élocution, composition, action, style; qualités, niveau, clarté, élégance ; figure ; vices, relâché, vulgaire, affecté.

Pureté État moral étranger au mal. 1 Privilège de l’enfant : cf. Enfance. 2 État auquel aspirent les êtres épris d’absolu et tourmentés par un sentiment de culpabilité (cf. Péché, Faute) : Musset, La Confession d’un enfant du siècle, Les Caprices de Marianne, Lorenzaccio, Poésies nouvelles; Baudelaire, Les Fleurs du Mal; Hugo, L’Homme qui rit; Rimbaud, Une saison en enfer; Gide, La Porte étroite, Si le grain ne meurt; Giono, Un de Baumugnes-, Anouilh, Le Voyageur sans bagage, Antigone, La Sauvage; Giraudoux, Électre; Montherlant, La Reine morte, Le Maître de Santiago, Port-Royal, Le Cardinal d’Espagne; Sartre, Les Mains sales.

Liens utiles