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Ptolémées (Ptolemaioi)

Ptolémées (Ptolemaioi). Dynastie gré-co-macédonienne qui régna en Égypte de la mort d’Alexandre le Grand en 323 av. J.-C. jusqu’à la conquête romaine en 30 av. J.-C. (voir diado-ques). Sur la fondation de la dynastie par l’un des généraux d’Alexandre, voir macédoine 2. Ses principaux représentants furent Ptolémée Ier Sôtêr, fils de Lagos, né v. 367, qui régna de 323 à 283 av. J.-C. ; son fils Ptolémée Il Philadelphe, né en 308, qui régna de 285 à 246 av. J.-C., et pendant les deux premières années partagea le trône avec son père; et Ptolémée III Évergète, né entre 288 et 280, qui régna de 246 à 221 av. J.-C. et conquit pour quelque temps une grande partie de l’Asie séleucide. Les premiers Ptolémées cherchèrent constamment, avec des succès divers, à étendre leur zone de domination de façon à inclure la Syrie et l’Asie Mineure, et à mettre un pied en Grèce même. Ils furent pour cette raison en fréquent conflit avec les Séleucides. Ils conservèrent le sud de la Syrie presque sans interruption jusqu’en 200 av. J.-C., et des possessions sur le littoral dans la région de l’Asie Mineure jusqu’à une date légèrement postérieure. Cyrène, en Afrique du Nord, resta en leur possession jusque v. 98 et Chypre jusqu’en 58 av. J.-C. Elles furent alors l’une et l’autre annexées par Rome. La Judée leur resta soumise jusqu’en 200 av. J.-C. Le livre de l’Éc-clésiaste dans la Bible, qui date de la fin de cette période, reflète l’abattement qu’une partie de l’aristocratie juive, vivant dans ces territoires, éprouvait sous la domination ptolé-maïque et leur préférence pour les Séleucides. Mais selon Polybe, les gens du peuple étaient favorables aux Ptolémées. Les tentatives des Ptolémées en Grèce furent mises en échec par les Antigonides (voir macédoine 3). Ils devaient en grande partie le contrôle de leurs possessions, à l’extérieur de l’Égypte, à leur puissance navale, mais leur flotte perdit sa suprématie lors d’une grave défaite infligée par Anti-gonos au large d’Andros en 246 ou en 245 av. J.-C. Sous les derniers Ptolémées, l’Égypte entra dans une période de grande confusion en raison des querelles internes à la dynastie, des guerres civiles, du pouvoir de la populace. Le dernier chapitre de l’histoire des Ptolémées s’ouvrit quand Ptolémée XII Au-lète mourut en 51 av. J.-C., laissant le trône à partager entre sa fille Cléopâtre VII et son fils, âgé de douze ans, Ptolémée XIII (que Cléopâtre épousa la même année). Dans les querelles qui s’ensuivirent, elle fut chassée par le parti de son frère. Jules César, après la bataille de Pharsale en 48, se trouvait en Égypte, à la poursuite de Pompée. Il s’engagea dans une guerre difficile contre Ptolémée XIII et les Alexandrins, et se trouva même assiégé, un moment, dans le palais à Alexandrie, mais finalement, il infligea une défaite aux assaillants et donna le pouvoir à Cléopâtre. Cléopâtre suivit César à Rome en 46 et y vécut avec lui jusqu’à sa mort en 44 : elle revint alors à Alexandrie. Elle donna à César un fils, Césarion. Sur ses relations avec Marc Antoine, voir Antoine. Après la défaite d’Actium et la mort d’Antoine en 30 av. J.-C., Cléopâtre, qui n’avait pas réussi à séduire Octave, se donna la mort. C’est ainsi que prit fin la dynastie des Ptolémées. Les Ptolémées avaient besoin d’argent, pour payer et équiper les armées nécessaires à leur défense, et pour acheter les nombreuses denrées essentielles dont l’Égypte manquait : le métal et le bois par exemple. On fit face à ces besoins avec mercantilisme : en contrôlant toutes les secteurs de production et en collectant les loyers et les impôts, autant de domaines administrés par une bureaucratie centralisée et hautement contrôlée. Les Ptolémées revendiquaient la propriété de tout le sol d’Égypte. Une partie de ces terres était exploitée par les paysans pour leur compte : ils étaient pratiquement des serfs. L’exploitation des autres terres (mais non leur propriété) était concédée, sous des conditions diverses, à différentes catégories de bénéficiaires. Toute terre à blé payait un impôt en nature qui finissait par arriver dans le grand grenier du roi à Alexandrie, où il était ensuite vendu. Les vignobles, les vergers et les jardins étaient aussi taxés. Par la suite, la terre fut donnée en cadeau à des temples et à des individus, et quelques terrains finirent par devenir des propriétés privées. Outre de lourds impôts, les Ptolémées imposèrent bien des monopoles. Les plus importants concernaient la production d’huile, mais aussi les mines, les carrières et la production du sel. Ils avaient aussi de quasi-monopoles sur le lin, le papyrus et la bière (la boisson la plus populaire en Égypte). Ils touchaient des pourcentages dans certains secteurs des affaires et il fallait acheter des permis pour travailler dans les autres: par exemple l’élevage des abeilles et des cochons, la pêche et la plupart des activités commerciales. En fait presque tous les domaines d’activités étaient la propriété soit partielle, soit totale du roi, taxée ou soumise à licence. Une grande partie de ce vaste système d’exploitation existait avant que les Ptolémées n’arrivent en Égypte et ils le reprirent tel quel. Il offre un contraste frappant avec la politique des Séleucides en Asie. Il était géré par une armée de fonctionnaires hautement organisés. La condition des fellahs (les paysans égyptiens) était misérable; la résistance et même les grèves étaient fréquentes. L’armée était composée de mercenaires, Grecs, Macédoniens et Anatoliens; sous les trois premiers Ptolémées, aucun Égyptien de souche n’y fut admis. Ptolémée IV enrôla des troupes indigènes, et avec leur aide, à Raphia, en 217 av. J.-C., il remporta une victoire sur l’armée du roi séleucide Antiochos III, qui avait envahi la Palestine. (Les Égyptiens, dont la conscience nationale grandit ainsi, se révoltèrent par la suite pendant des dizaines d’années, et la suprématie des Grecs s’en trouva affaiblie.) Une race mixte gréco-égyptienne se forma peu à peu. Pendant ce temps, de sérieux abus se développèrent dans le système administratif pto-lémaïque, qui dépendait de l’honnêteté et de l'efficacité des fonctionnaires, et seules les réformes énergiques de Pto-lémée VIII (Evergète II, 182-116 av. J.-C.) lui permirent de se perpétuer jusqu’à l’annexion romaine en 30 av. J.-C. Les Ptolémées accumulèrent une richesse immense grâce à l’exploitation de l’Egypte, et firent de leur capitale, Alexandrie, un sommet de richesse et de somptuosité. En exerçant leur patronage sur l’art et la littérature, et en particulier grâce à l’établissement du Musée et de la Bibliothèque, les premiers Ptolémées firent d’Alexandrie le centre de la culture hellénistique. Pto-lémée Ier écrivit lui-même la meilleure des histoires d’Alexandre le Grand (aujourd’hui perdue), reposant sur ses souvenirs personnels et utilisant largement des archives officielles. Cette oeuvre fut utilisée par l’historien Ar-rien. Des établissements grecs furent implantés dans plusieurs régions d’Egypte, et de manière particulièrement importante dans l’oasis du Fayoum, conquise sur la nature. À ces colons grecs, nous devons de nombreux papyrus, découverts à l’époque moderne dans des lieux où les conditions naturelles avaient permis leur conservation : de nombreux fragments d’oeuvres de la littérature grecque ont ainsi été découverts (voir papyrologie).