Psychose
Psychose Pour Freud, il s’agit d’une perturbation fondamentale de la relation libidinale à la réalité. Les symptômes constatés sont en fait des tentatives intervenant dans un deuxième temps pour restaurer ce lien objectal perturbé. Dans la conception kleinienne, la psychose est liée à la position paranoïde-schizoïde et constitue une fuite vers le bon objet intérieur, là où dans la névrose celle-ci s’oriente vers l’extérieur. Pour Lacan, le mécanisme constitutif de la psychose est la forclusion du Nom-du-Père avec la cascade de remaniements, qu’elle provoque pour le sujet.
La notion de psychose, comme celle de névrose, a beaucoup évolué dans le temps. Au XIXe siècle, ce terme désignait toute affection mentale. A partir de Freud et de la psychanalysé, il a été employé, par opposition aux termes de névrose et de perversion, pour désigner les affections mentales les plus graves, les plus invalidantes. S'il fallait parler d'une structure commune à toutes les psychoses (ce qui est discutable), on pourrait dire avec Freud que la psychose résulte d'une altération très archaïque de la relation du sujet avec le monde extérieur. Lacan voit dans la psychose l'effet de la forclusion du nom-du-père. Aujourd'hui, les progrès considérables des neurosciences intègrent des données nouvelles importantes sur certaines psychoses, en particulier la maladie bipolaire (ou psychose maniaco¬dépressive), dont une explication exclusivement neurobiologique permet sinon de saisir tous les mécanismes et toutes les significations, du moins de traiter les symptômes d’une manière relativement satisfaisante. Pour la psychanalyse, la psychose est une structure spécifique qui se distingue de la névrose et de la perversion'. Elle est un désinvestissement libidinal du monde extérieur, suivi de la reconstruction d’un monde imaginaire où la libido va pouvoir s’investir. Cette reconstruction est souvent établie, remarque Freud, sur le refus de l’homosexualité (la psychose serait une fixation au stade de l’autoérotisme et du narcissisme, repli de la libido sur le sujet propre). On distingue classiquement en psychanalyse deux types de psychoses, la paranoïa' et la schizophrénie d’une part, la mélancolie d’autre part. Dans la deuxième théorie de l’appareil psychique et la deuxième théorie des pulsions, Freud décrit la psychose comme une rupture entre le moi et la réalité entraînant la construction d’une nouvelle réalité, conforme aux désirs du ça. « La névrose serait le résultat d’un conflit entre le moi et son ça, la psychose, elle, l’issue analogue d’un trouble équivalent dans les relations entre le moi et le monde extérieur. » (Freud, Névrose, Psychose et Perversion.) En 1927, Freud introduit la notion de déni et de clivage du moi dans l’explication des psychoses. M. Klein, et à sa suite Winnicott, font plutôt résider les causes de la psychose dans la relation à la mère, au tout début de l’existence, lors de la position paranoïde du bébé. La psychose résulterait, pour l’une comme pour l’autre, d’un repli sur soi du sujet faute d’un soutien maternel suffisant dans les premiers mois de la vie. Pour Lacan, la psychose résulte de la forclusion du nom-du- père, c’est-à-dire de l’échec de la symbolisation primordiale qui permet au sujet d’accéder au désir, grâce à la médiation de la loi. « Freud [...] apporte une révision essentielle à la distinction qu’il a faite entre névrose et psychose, en disant que, dans les psychoses, la réalité est remaniée, qu’une partie de la réalité est supprimée, et que la réalité n’est jamais véritablement scotomisée. C’est en fin de compte [...] à une déficience, à un trou du symbolique qu’il se rapporte, même si, dans le texte allemand, c’est le terme de réalité qui est employé. » (Lacan, Le Séminaire III, « Les psychoses ».)
psychose, maladie mentale grave, caractérisée par la perte du contact avec le réel et l’altération foncière du lien interhumain, cause de l’inadaptation sociale du sujet. Contrairement au névrosé, conscient de ses difficultés personnelles, le psychotique ignore ses troubles : s’isolant du monde extérieur, il se crée un univers privé qu’il façonne à sa guise et dans lequel il est tout-puissant. Il y a plusieurs sortes de psychoses : la schizophrénie, la psychose maniaque-dépressive, les délires (paranoïa, psychose hallucinatoire chronique, paraphrénie). L’activité délirante — qui se manifeste, dans les attitudes et les conduites, par la perte de l’autocritique, les déviations du jugement, le mode de pensée déréelle — exprime la profonde aliénation de la personne et constitue la caractéristique la plus typique des psychoses. Celles-ci sont relativement fréquentes (1 % de la population urbaine).
PSYCHOSE, n.f. Sens propre. Grave maladie mentale, qui perturbe en profondeur la personnalité du sujet, altère ses fonctions intellectuelles et lui fait perdre le contact avec la réalité. La psychose se caractérise le plus souvent par un délire, à la différence du névrosé, le psychotique n’a pas conscience de son trouble; il croit le monde semblable à la construction délirante qu’il s’en fait. Les deux formes de psychoses classiques sont la schizophrénie et la psychose maniaco-dépressive. Voir aussi Paranoïa. Sens figuré. Obsession généralement collective, qui se traduit par une panique générale (peur d’un événement; haine d’un individu ou d’un groupe). C’est l’aspect délirant, excessif, du sentiment vécu par la foule, qui permet d’employer le terme de psychose. Une psychose de guerre.
PSYCHOSE. Les psychoses, comme les névroses, ont pour Freud une étiologie commune : à savoir, toujours, la frustration, le non-accomplissement d’un de ces désirs infantiles éternellement indomptés qui s’enracinent si profondément dans les déterminations phylogénétiques de notre organisation. « L’effet pathogène est ceci et cela, écrit Freud, suivant que le Moi, dans cette tension conflictuelle, reste fidèle à son allégeance vis-à-vis du monde extérieur et cherche à bâillonner le Ça ou qu’il se laisse dominer par le Ça et arracher du même coup à la réalité. » En d’autres termes, tandis que dans la névrose, le Moi obéissant aux exigences de la réalité (et du Surmoi) refoule les revendications pulsionnelles, dans les psychoses il se produit tout d’abord une rupture entre le Moi et la réalité qui laisse le Moi sous l’emprise du Ça ; en un second temps, celui du délire, le Moi reconstruit une nouvelle réalité, conforme aux désirs du Ça.
Jung a commencé son cursus médical à la clinique psychiatrique de l’université de Zurich, dans le service de E. Bleuler où il soignait les psychotiques, et l’étude psychologique de ceux-ci constitue la base de ses recherches ultérieures. Les trois premiers volumes des œuvres complètes y sont consacrés. Ses études sur les « Associations chez les psychotiques » lui ont permis de définir la notion de complexe et de situer l’importance du rôle de l’affect qui l’accompagne. Ces théories élaborées de 1907 à 1957 sont réunies dans « La psychogenèse des maladies mentales », centrée sur l’étude de la schizophrénie. Les concepts d’inconscient collectif et d’archétype y sont décrits. « Les métamorphoses de l’âme et ses symboles » en sont l’étude symbolique et mythologique. En 1957, Jung résumait sa doctrine pour le Congrès international de psychiatrie de Zurich. Pour lui, la schizophrénie a une double étiologie. « La psychologie est indispensable pour expliquer la nature et les causes des émotions initiales qui ont donné naissance aux altérations métaboliques. Ces émotions semblent s’accompagner de processus chimiques qui causent des troublent ou des lésions spécifiques, temporaires ou chroniques. » La phénoménologie de la schizophrénie est plus celle du complexe pathogène et des affects qui l’accompagnent que de la détérioration de la personnalité, qui n’est que secondaire. La compensation se fait sur un mode archaïque et collectif. Les complexes deviennent autonomes, et sont responsables des phénomènes délirants et hallucinatoires. Le pronostic psychothérapique dépend des possibilités intellectuelles du sujet et de la profondeur de sa culture. Le psychothérapeute, spécialement compétent et dévoué pour ces cas, engage une discussion explicative des symptômes et des contenus psychotiques, afin d’enrichir les concepts aperceptifs. Il met l’accent sur l’universalité des contenus archétypiques, qui, faute de compréhension, se reproduisent indéfiniment et alourdissent leur charge émotionnelle déstructurante. L’orientation thérapeutique est donc bien différente de celle des névroses. Enfin, Jung insiste sur la fréquence des psychoses latentes qui peuvent se décomposer lors d’une tentative analytique inadaptée.
PSYCHOSE nom fém. — Maladie mentale prenant souvent la forme de l’obsession ou de l’idée fixe.
La psychose est un trouble plus profond que la névrose et donc moins facile à traiter par la psychanalyse.
—> Psychanalyse
PSYCHOSE
Contrairement à la névrose, la psychose implique une désorganisation grave de la personnalité : cet état pathologique enferme le malade dans un univers qui ne communique pratiquement plus avec celui des autres. Le psychotique est fréquemment délirant ou autistique, mais il n’a pas conscience de son anormalité.
Bien que la question soit toujours débattue, certains théoriciens admettent que toute psychose dépendrait d’une origine organique.
Freud reconnaissait l’impuissance de la psychanalyse à traiter de tels états, provenant selon lui de l’emprise du ça sur le principe de réalité, le moi élaborant un monde conforme aux seuls désirs de l’inconscient.
PSYCHOSE
Nom donné à des maladies mentales ayant en commun un trouble grave des relations entre le sujet et la réalité (incapacité de communication, délire...).