protestantisme
protestantisme. L’histoire du protestantisme se confond avec celle de la Réforme. Ce terme vient de la «protestation», ou révolte, qui souleva un certain nombre de chrétiens partisans de Martin Luther contre les abus du clergé au XVIe s. Elle entraîna ces chrétiens à se séparer du pouvoir de Rome et de sa langue liturgique, le latin. Les disciples de Luther avaient «protesté» en 1529 contre un décret voté par la Diète de Spire, proscrivant tout changement religieux dans les États allemands. Généralement, le terme de protestantisme englobe toutes les sectes nées à la suite de ce mouvement. Bien qu’issu du même désir de réforme de l’Église, le protestantisme prit vite des aspects différents, suivant les formes de pensée, les coutumes et la nature des pays où il s’établissait. Il n’y a donc pas une grande unité de doctrine. Les sectes se multiplièrent et devinrent de plus en plus anticonformistes. Toutes se réclament de la Bible, surtout du Nouveau Testament, avec un désir de retour au christianisme primitif et un grand souci de simplicité dans le culte et le décor. La Bible est leur seul lien, du fait qu’elle est considérée comme inspirée par le Saint-Esprit. Aucune autorité suprême ne sanctionnant les croyances, ce qui aurait été en d’autres temps une hérésie ne faisait que donner naissance à une nouvelle secte. Ces sécessions successives sont surtout visibles en Amérique, pays neuf et tolérant qui reçut les émigrants d’Europe, chassés bien souvent par l’intolérance ; c’est pourquoi les sectes y sont si nombreuses et variées. Cependant, toutes ont une doctrine de salut par la grâce de Dieu révélée par le Christ. Elles admettent la primauté de la Tradition sur les commentaires théologiques des Pères de l’Église.
Les principaux types de protestantisme sont le luthéranisme, le calvinisme, l’anglicanisme, et le méthodisme. Pour la plupart, ils admettent les dogmes généraux du christianisme : la Création, la Rédemption, la Trinité, le jugement des âmes, la profession de foi par le symbole des Apôtres, ou credo. Les Églises issues de la Réforme ont toutes pour doctrine de base le salut par la grâce que saisit la foi. C’est le don de Dieu d’après saint Paul, le grand maître de l’enseignement chrétien, ce qui entraîne les croyances en la prédestination surtout chez les calvinistes. Les œuvres, cependant, sont nécessaires, elles doivent être au service des hommes, frères dans le Christ. Tel est le fond du dogme reconnu par les «fondamentalistes», qui s’opposent aux «libéraux». Les théologiens, depuis la fin du XIXe s., ont exprimé un désir de «retour aux Sources» et aussi d’union des Églises, ceci se manifestant par la «Convention» de 1938, unissant toutes les dénominations qui se réclament de la Bible. Bien que l’unité de ces Églises soit difficile à obtenir du fait du principe même de la liberté de conscience si chère aux protestants, un grand mouvement d’union essaie d’y parvenir par des congrès, des assemblées de prières et des efforts de compréhension mutuelle. (V. œcuménisme.) En France, où le protestantisme amena les guerres de religion du XVIe s., celui-ci n’eut droit de cité qu’avec l’édit de Nantes (1598), promulgué par Henri IV, mais dont la révocation en 1685 amena une telle inquiétude chez les protestants que, préférant l’exil aux galères, ceux-ci quittèrent la France en grand nombre. Dans les Cévennes, l’Église du désert organisa un culte clandestin (v. camisards). Le XVIIIe s. fut plus libéral et aboutit à l’édit de Tolérance de 1787, puis au concordat de 1802, reconnaissant les cultes réformés, à qui il accordait des chapelles désaffectées. La loi de 1905 sépara les Églises de l’État.
PROTESTANTISME, n. m. Ensemble des doctrines religieuses et des Églises issues du mouvement de la Réforme, au XVIe siècle.
• Le mot «protestant» vient du verbe protester, qui signifie étymologiquement «déclarer hautement et publiquement». Il fut donné aux partisans de la Réforme luthérienne, vers 1530, quand ceux-ci affirmèrent solennellement leur foi nouvelle, s’opposant ainsi à Charles Quint qui voulait les faire revenir au catholicisme.
• Au point de vue historique, les instigateurs de la Réforme ont été principalement Luther (1483-1546) et Calvin (1509-1564). Contre les dérives de l’Église romaine (notamment le trafic des indulgences) et l’autoritarisme du Pape, les réformateurs voulurent ramener la religion chrétienne aux sources de sa foi primitive. Leur mouvement s’étendit rapidement en Europe, et gagna plus tard l’Amérique du Nord avec les émigrés européens. Le luthéranisme, le calvinisme et l’anglicanisme ont été les grands piliers du protestantisme.
• Au point de vue doctrinal, trois traits définissent le protestantisme : — Prééminence de la «foi» sur les «œuvres». L’homme pécheur ne peut pas se sauver par le mérite de ses actions : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c ’est le don de Dieu » (Saint Paul). Le croyant doit donc avant tout approfondir sa foi, intensifier sa relation à Dieu : les œuvres en découleront. — Prééminence des Ecritures saintes sur la Tradition. Les Écritures (la Bible, les Évangiles) contiennent la parole de Dieu ; la «Tradition » est ce que l’Église des premiers siècles a ajouté à la doctrine, en interprétant les Écritures. Les protestants refusent cet apport doctrinal; ils refusent donc l’autorité de Rome. Il s’agit pour eux de revenir à la parole de Dieu directement, en méditant les Écritures à la lumière de l’Esprit Saint. — Prééminence de la conscience individuelle sur l'institution ecclésiale. L’autorité du Pape, la hiérarchie religieuse, le pouvoir des prêtres sont récusés : les pasteurs seront élus par la communauté des fidèles. Le cérémonial pompeux de l’Église romaine est abandonné, les sacrements limités au nombre de deux (le Baptême et l’Eucharistie), l’idolâtrie des saints et le culte de la Vierge écartés au profit de la relation au Christ.
• Au point de vue culturel, le protestantisme a fortement marqué la civilisation anglo-saxonne, notamment par la rigueur de sa morale. Paradoxalement, selon Max Weber (1864-1920), l’essor même du capitalisme aurait été favorisé par certains traits de l’éthique protestante, à savoir : l’éloge du travail qui fait fructifier le monde, le mode de vie austère qui encourage l’épargne et l’investissement, l’idée aussi que la réussite en ce monde est une marque de la faveur divine qu’il faut mériter. Voir Catholicisme, Christianisme, Grâce, Jansénisme, Jésuites, Péché, Salut.
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