PROSTITUTION
PROSTITUTION Entre tous les métiers, celui-ci aurait dû être particulièrement honni par l’Église puisqu’il faisait converger deux tabous, celui du sexe et celui de l’argent. Or, les autorités religieuses passaient d’une condamnation ferme de cette pratique à une position plus tolérante, reconnaissant qu’il s’agissait là d’un mal nécessaire. D’autant plus que le commerce des filles de joie était prospère et solide, au point que Saint Louis ne parvint pas à l’interdire à Paris et qu’il dut revenir, en 1256, sur un édit publié deux ans auparavant concernant le bannissement des prostituées. Sous son règne furent institués dans plusieurs villes les couvents des Filles-Dieu, destinés à reconvertir d’anciennes prostituées en religieuses. Au xive siècle, la prostitution était complètement passée dans les mœurs ; on jugeait que l’activité des malheureuses contraintes de se vendre à bas prix pour manger contribuait à protéger les femmes « honnêtes » - dont elles devaient se démarquer par leurs vêtements - en détournant les jeunes gens des tentations de viol. Rassemblées dans des bordels -prostibula publica -institutionnalisés où elles bénéficiaient d’un contrôle médical, les prostituées étaient soumises, de même que leurs clients, à un règlement strict. Le siècle suivant assimila de nouveau la prostitution à la délinquance.
prostituée, personne qui loue son corps. D’après C. Lombroso et P. Tarnowski, la plupart des prostituées seraient des dégénérées perverses, cruelles, menteuses et paresseuses. Cette thèse n’est plus admise : on ne considère plus la prostitution comme une disposition congénitale, mais comme le résultat des influences psychosociales subies depuis la petite enfance. Au XIXe siècle déjà, A. J. Parent-Duchâtelet (1837) notait qu’un quart des filles avaient été orphelines très jeunes ou abandonnées. Par la suite, H. Ellis (1929) insista sur la proportion élevée (40 à 50 %) des anciennes employées de maison parmi les prostituées, et des cas de foyers dissociés ou de carence paternelle (deux tiers) dans leurs antécédents. S’il est vrai qu’on trouve, parfois, des débiles dans leur nombre, presque toutes sont d'intelligence normale et ne présentent aucun trouble mental réellement caractérisé. Cependant, la structure affective de la prostituée semble très particulière et dominée par une lointaine déception. Ce serait, inconsciemment, pour se venger du père, qui lui a préféré la mère, qu'elle se donne à d’autres hommes ; et quand, à ceux-ci, elle réclame de l'argent, c'est pour affirmer sa puissance et sa domination (sorte de castration symbolique).
Aucune de ces thèses, seule, n’est suffisante pour expliquer la prostitution, car ce fait dépend de plusieurs causes à la fois : psychologiques, sociales et économiques.
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- ROUAULT, Georges (1871-1958)Peintre et graveur, il célèbre avec un dessin cursif, rehaussé de couleurs profondes, le monde tragique du cirque, de la prostitution et du prétoire.
- GENET, Jean (1910-1986)Ecrivain, il célèbre ce que la société condamne (vol, prostitution, homosexualité) : Le Condamné à mort (1942), Miracle de la Rose (1944).