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prose/vers

prose/vers
Prose : forme d'expression qui n'est soumise à aucune règle de Versification. Vers : structure établie sur le rythme et les accents, et répondant à des règles précises.
Commentaire « Tout ce qui n'est point prose est vers ; et tout ce qui n'est point vers est prose », professe le maître de philosophie dans le Bourgeois gentilhomme de Molière (acte II, sc. 4). A vrai dire, la prose a longtemps été définie par rapport au vers. En effet, alors que le vers répond aux règles de la versification, rythme, rimes, césures et coupes, les normes de la prose sont plus diffuses. De plus, la poésie, par sa nécessaire économie verbale et son pouvoir de suggestion, est davantage portée à utiliser les images. Plutôt que de les opposer, on considère de nos jours que la prose et le vers sont des choix par rapport au discours ordinaire, qu'ils s'attirent l'un l'autre selon les projets esthétiques des écrivains. D'où la naissance de la prosodie, de la prose poétique, tournées vers les sonorités, les rythmes.
Citations Je crois que l'art des vers est un art frivole ; que si les hommes étaient convenus de les proscrire, non seulement nous ne perdrions rien, mais que nous gagnerions beaucoup. (Jean-François de Pons, Dissertation sur le poème épique.) Voilà ce que la prose a de diabolique, c’est qu’elle n’est jamais finie. (Gustave Flaubert, Correspondance, « lettre à Louise Colet », 28 juin 1853.) La prose plus que le vers est voisine du langage sans valeur, du langage à tous donné, et c’est pourquoi le poème en prose si facilement pose ces questions-là : celle du blanc qui précède le poème, la question de son commencement, celle du silence qui le suit, la question de sa fin. (Louis Aragon, Chroniques de la pluie et du beau temps.)


PROSE nom fém. — Tout discours qui ne se soumet pas aux règles de la versification.
ETYM. : du latin prosa oratio = « discours qui va en ligne droite ». Se rattache à prorsus - « qui va vers l’avant », « conduit en ligne droite », d’où « discours sans inversion ». Selon la célèbre formule d’un personnage de Molière : « Tout ce qui n’est point prose est vers ; et tout ce qui n’est point vers est prose. » Comme le bourgeois gentilhomme, nous faisons donc tous de la prose sans même le savoir. La distinction entre prose et poésie est cependant plus complexe que ne pouvait le laisser entendre le maître de monsieur Jourdain. La littérature moderne a vu l’invention du poème en prose, et l’on peut gaiement parler de prose poétique lorsque l’écrivain travaille dans une intention clairement poétique la langue d’un roman ou d’un essai.
—> Poème en prose - Poésie


PROSE (poème en) - Texte poétique dans lequel la prose est utilisée à l’exclusion du vers. On fait d’ordinaire remonter l’histoire du poème en prose au Gaspard de la Nuit (1842) d’Aloysius Bertrand. En une série de textes à la langue très travaillée, l’auteur y fait revivre un Moyen Age réinventé dans l’esprit des romantiques. C’est Baudelaire, cependant, qui impose cette nouvelle forme littéraire avec ses Petits poèmes en prose (1869) qui, à bien des égards, sont le digne pendant des Fleurs du mal. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Mallarmé, Rimbaud (les Illuminations), Huysmans {Le Drageoir aux épices) emprunteront la même voie. Avec la quasi-disparition de la versification traditionnelle et en concurrence avec les différentes formes du vers libre, le poème en prose s’imposera au XXe siècle comme l’une des formes essentielles de la poésie. Tel est le langage que privilégieront par exemple Ponge, Michaux, Char ou Saint-John Perse. Le poème en prose se distingue à la fois de la prose et du vers. Par définition, il se refuse à toute forme de vers, traditionnel ou libre. Mais obligatoirement de très faible dimension, il se différencie tout autant de la nouvelle par le travail strictement poétique qui s’exerce sur la langue et qui passe par des effets de rythme, de sonorité, comme par une densité métaphorique qui serait déplacée dans une fiction. Pour cette raison, le poème en prose se trouve toujours en équilibre entre le poétique et le prosaïque, comme entre le lyrique et le narratif. Chaque écrivain, dans ce contexte, choisit la forme propre d’équilibre qu’entre ces deux pôles il veut atteindre.

Vers. Unité constitutive du poème, marquée par la typographie (le passage à la ligne, et généralement une majuscule initiale), intermédiaire entre la syllabe - ou le pied - selon les langues, et la strophe, ou le poème lui-même. L’étude du vers constitue la versification, qui comprend l’étude des sonorités, en particulier l’étude de la rime, l’étude du rythme, en particulier de la répartition des accents, et l’étude du mètre, le vers classique se caractérisant par la reprise d’un même nombre de syllabes ou de pieds.

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