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Projection

Projection Opération par laquelle le sujet localise dans l’autre des pensées, des qualités, des sentiments, des désirs qui lui sont propres et qu’il méconnaît en lui. C’est une opération imaginaire à l’œuvre très tôt, comme le montre la position paranoïde-schizoïde de Melanie Klein.

C’est, en psychologie générale, le fait, pour un sujet, de percevoir les objets extérieurs en les déformant en fonction de ses intérêts ou, plus globalement, de sa personnalité. Les tests projectifs se fondent sur ce phénomène pour cerner les traits de la personnalité à travers les déformations et interprétations provoquées par des images soit « abstraites » (test de Rorschach), soit floues (test d’aperception thématique de Murray).

♦ La psychanalyse nomme plus précisément projection l’opération par laquelle le moi déplace vers l’extérieur (choses ou personnes) des sentiments ou désirs qu’il méconnaît ou refuse en lui. Ce type de défense est particulièrement net dans la paranoïa - mais il peut aussi se rencontrer chez des sujets « normaux » (donnant alors naissance, par exemple, à certaines formes de superstition).

projection, mécanisme de défense du moi consistant à attribuer inconsciemment à autrui et, plus généralement, à percevoir dans le monde extérieur ses propres pulsions, ses pensées, ses intentions, ses conflits intérieurs. La projection permet de se libérer de ses affects intolérables : telle épouse fidèle, inconsciente de ses désirs d’adultère, accusera son mari de la trahir ou se sentira aimée par un innocent ami. Ce mécanisme est très répandu chez les individus normaux ; il est la cause de certaines erreurs de jugement, qu’une saine autocritique permet de corriger. En pathologie mentale, la projection prend une importance particulière, notamment dans les délires hallucinatoires et la paranoïa.

projective (méthode), technique d’étude de la personnalité fondée sur la notion de projection. Toute perception met en œuvre deux éléments : l’objet perçu et le sujet percevant. Plus l’objet est clair et précis (niveau d’information maximal), moins la personne est impliquée dans la perception, et inversement. Il est donc possible d’amener un sujet à s’engager au maximum dans un test en lui présentant des stimuli flous ou ambigus (niveau d’information minimal). En donnant un sens à une tache d’encre, à une image incertaine, à un bruit équivoque, l’individu exprime la structure même de sa personnalité. Les méthodes projectives les plus connues sont le psychodiagnostic de Rorschach et le Thematic Apperception Test (TAT) de Murray.

PROJECTION. Mécanisme fondamental de la vie psychique par lequel le sujet attribue à autrui ou rejette dans le monde extérieur ce qu’il refuse de reconnaître en lui. Le sujet perçoit alors dans le monde extérieur des caractéristiques qui lui sont propres, par exemple, dans des cas pathologiques d’idées de persécution, des voix. Dans la vie quotidienne, l’exemple le plus simple de la projection est la réflexion : « Toi aussi ! ». Si quelqu’un nous attribue un sentiment déplaisant, nous supposons souvent instantanément que ce sentiment est en lui. Pour les auteurs kleiniens, la projection doit être considérée comme notre première mesure de sécurité, notre garantie la plus fondamentale contre la douleur, la peur d’être attaqué ou l’impuissance. Mélanie Klein a mis au premier plan la dialectique de l’in-trojection-projection, en relation avec des fantasmes d’incorporation et de réjection du « bon » et du « mauvais » objet ; elle y a vu le fondement même de la différenciation intérieur-extérieur.

La projection est une première différenciation de l’identité archaïque, en ce qu’elle comporte un début d’objectivation. D’une part, cette objectivation est une illusion puisqu’elle dénature aussi bien l’objet que le contenu projeté, et qu’elle fait croire que des composantes de notre propre psyché existent en dehors d’elle . Mais, d’autre part, elle est la première modalité de manifestation de composantes qui étaient jusqu’alors confondues avec d’autres. Le retrait des projections ne fait que déplacer l’illusion si on ne repère pas l’inflation qui l’accompagne toujours et qui consiste généralement dans un état de possession par l’anima ou l’animus. C’est pourquoi la reconnaissance de ces facteurs est décisive dans la conduite d’une thérapie analytique.

PROJECTION VOCALE. S’oppose à « expression simple », désigne l’acte phonatoire lorsque celui-ci prend délibérément et ouvertement la signification d’une action sur autrui comme dans les cas suivants : appeler, donner un ordre, affirmer, interroger. La projection vocale exige une mobilisation psychologique plus importante. Elle engage la responsabilité du sujet de manière beaucoup plus effective que l’expression simple (raconter ce qui vient d’arriver, parler tout seul, parler de la pluie et du beau temps...). Elle entraîne obligatoirement une orientation de l’esprit vers la prise de conscience des réactions de l’interlocuteur (activité radar). Elle entraîne des modifications du comportement (verticalisation). L’activité de projection vocale est parfois perturbée par des inhibitions psychologiques importantes. L’entraînement à la projection vocale a une incidence psychothérapeutique intéressante.


La projection est l’un des mécanismes fondamentaux de la défense psychologique contre les affects intolérables. Il concerne le plus généralement la « projection » des sentiments inacceptables par le Moi. On songe alors à un processus de désattribution et de report des sentiments propres sur une autre personne à qui ils sont imputés. Ce phénomène apparaît assez régulièrement au cours de l’analyse et dans le transfert. Mais il existe déjà au niveau culturel (démonologie). Au cours des conditions pathologiques, on peut distinguer une projection directe des sentiments (phobie), ou une projection de ceux-ci avec changement de signe (jalousie, paranoïa)...

1. Le concept de projection reste, de fait, relativement indéfini. On parle de « projection » des « sensations » au cours du mécanisme perceptif. On localise le Moi comme la « projection » (psychique) de la surface corporelle. Dans les premières phases du développement de la personne, le Moi du plaisir « projette » (tente de rejeter) dans l’extérieur les excitations désagréables, là où elles peuvent être progressivement maîtrisées... Sous forme de l'identification-projective, l’école anglaise de psychanalyse (Mélanie Klein) attache la plus grande importance à la projection (et à son pendant : l'introjection) dans les mécanismes de formation ou de délimitation du Moi. Dans cette perspective, la projection concerne des affects, des désirs, des pulsions, des fragments du Soi, des organes même, qui sont « localisés » dans l'Autre et ensuite réintrojectés... Il s’agirait d’une « prise de possession », de fantasmes d’intrusion, en rapport avec la phase orale de « sadisme exacerbé ».

2. Au sens le plus général, la projection (vue en psychanalyse) « trouve son principe et sa fin dans une méconnaissance » (Laplanche et Pontalis). Le processus en reste toutefois incertain dans les psychoses. S’agit-il d’un « refoulement » par rejet sur l’extérieur d’un désir insupportable (par exemple, dans la paranoïa, projection de l'homosexualité sur le « persécuteur », du fait d’un retournement de l’amour en haine préparé par l’ambivalence préexistante) ? Ou bien, faut-il plutôt considérer que ce qui a été aboli à l’intérieur « réapparaît » (persécutivement) de l’extérieur ? Dans cette dernière interprétation (qui semble être le sens que Lacan donne à la « forclusion » psychotique) il ne s’agit plus de « projection » stricto/sensu, mais de défaut dans la symbolisation (représentation). La projection supposerait donc qu'ait eu lieu un premier degré d’acceptation... Pour beaucoup, la projection psychotique est liée à la dénégation d’une quantité d’excitation qui ne peut plus être refoulée ou idéalisée et qui fait un retour traumatique dans la conscience.

3. L’ambiguïté de la notion se renforce avec les tests dits « de projection », dont certains (Rorschach, t.a.t.) sont directement en relation avec la’ psychanalyse. Il s’agit alors de faire des inférences sur la structure de la personnalité, à partir des modes de « l’aperception ». Dans le cadre de la psychanalyse, la projection ne peut cependant concerner qu’un contenu de l'inconscient. Toutefois, la notion psychologique de projection rencontre à l’occasion la notion de figuration des mécanismes, des structures, des instances et de leur fonctionnement, telles qu’elles entraient dans la définition du « phénomène fonctionnel » décrit par Silberer au niveau de la représentation des états propres du Sujet dans le rêve.

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