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progrès

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Amélioration de la civilisation.

Commentaire La notion de progrès présente deux aspects essentiels qui souvent s'opposent : d'une part, le progrès peut désigner le développement des sciences et des techniques, lequel améliore, sans aucun doute, le quotidien des hommes ; d'autre part, il peut désigner l'évolution morale et intellectuelle^ des sociétés vers un état idéal qu'elles cherchent à atteindre. À vrai dire, ces deux aspects sont inséparables l'un de l'autre, mais les écrivains et les sociologues font remarquer que, souvent, le progrès moral est inversement proportionnel au progrès technique.

Citation Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu'il entend par progrès, il répondra que c'est la vapeur, l'électricité et l'éclairage au gaz, miracles inconnus aux Romains, et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les Anciens tant il s'est fait de ténèbres dans ce malheureux cerveau et tant les choses de l'ordre matériel et de l'ordre spirituel s'y sont si bizarrement confondues ! (Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques, « Exposition universelle de 1855 ».)

(Du latin progressas, action d’avancer, accroissement.) Indépendamment de tout jugement de valeur, il s’agit - en parlant du déplacement d’un mobile - de la diminution de la distance qui sépare ce mobile d’un point vers lequel il se dirige ; le progrès se réduit, dans ce cas, à une progression ; en ce sens on parlera, par exemple, d’une armée qui progresse sur le terrain. Par extension, c’est tout développement ou accroissement quantitatif (par exemple, le progrès de telle maladie). Mais le plus souvent la notion s’entend en fonction d’une échelle des valeurs, le développement se faisant d’une manière positive dans le sens d’une amélioration, que le processus se fasse ou non selon des étapes déterminées, et qu’il vise une fin précise ou non. La notion s’applique alors au domaine de la connaissance, de la morale, de la politique, des arts, etc. Dans l’absolu, le progrès désigne le mouvement en avant de la civilisation lié au progrès des sciences et des techniques. La croyance au Progrès, qui prend souvent l’allure d’un mythe, risque constamment d’être démentie - même si elle s’appuie sur une philosophie de l’histoire - dans la mesure où aucune liaison nécessaire n’est observée entre le progrès intellectuel et technique d’une part et le progrès moral et politique de l’autre.

Progrès

Le thème du progrès, c’est-à-dire de la marche de l’humanité vers de plus grands pouvoirs et de plus grandes chances de bonheur, est lié à celui de la confiance en la nature humaine (cf. Humanisme, 2 et 3 ; Homme).

1 Au XVIe siècle, l’idée de progrès apparaît dans la pensée de la Renaissance : Rabelais, Pantagruel, chapitre VIII (lettre de Gargantua à Pantagruel), Le Tiers Livre, chapitre Ll (éloge du Pantagruélion).

2 Elle est incluse dans la volonté cartésienne de faire de la science un moyen de maîtriser la nature : Descartes, Discours de la méthode, 6e partie ; Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes.

3 Au XVIIIe siècle, naît vraiment le désir systématique de transformer le monde au lieu de s’en accommoder comme fait le sage de la tradition antique; la raison, l’esprit critique et la science sont exaltés comme des forces de progrès : Montesquieu, Lettres persanes; Voltaire, Lettres philosophiques; Diderot, Encyclopédie. Si Rousseau met en doute le progrès moral {Discours sur les sciences et les arts), il fournit les principes raisonnés d’une société plus juste {Du contrat social). La foi dans le progrès inspire la vision humaniste de l’histoire (cf. Histoire, 1, b).

4 Au XIXe siècle, la croyance au progrès est au cœur de l’idéal démocratique (cf. Démocratie) : Michelet, Histoire de France; Hugo, Châtiments, Les Misérables, La Légende des Siècles, L’Homme qui rit, Quatrevingt-Treize. Le progrès scientifique et technique suscite les fictions de Jules Verne : Le Tour du monde en 80 jours, De la Terre à la Lune.

5 La croyance au progrès est mise en cause au XXe siècle dans la critique de l’optimisme humaniste hérité des siècles précédents : cf. Homme, 5; Absurde.

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