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profane/sacré

profane/sacré

Le profane est ce qui est étranger à toute religion. Il s'oppose au sacré qui inscrit les êtres et les choses dans l'ordre du divin.

Commentaire L'art est d'origine sacrée. Les premières tragédies grecques; par exemple, furent des tragédies sacrées ; elles montraient les hommes soumis aux forces divines et à leur destin. En France, le grand théâtre du Moyen Âge continua cette tradition avec ses mystères célébrant la grandeur de la divinité à travers diverses paraboles. Aussi, le profane, qui ignore le symbolisme et rejette la transcendance, sembla-t-il d'emblée moins profond, moins essentiel dans ses productions, cependant que flottait toujours sur l'artiste le mystère de l'inspiration divine. Forts de cette conception, des poètes comme Mallarmé annoncèrent haut leur désir de renouer avec le sacré ; ils dénoncèrent la futilité profane, réservant leur art à un sanhédrin de gens de lettres (conseil araméen formé de membres de la noblesse sacerdotale — mot employé par Mallarmé). Notons que la distance entre le sacré et le profane fluctue à travers les époques, les temps les plus irréligieux en apparence n'étant pas forcément les plus profanes.

Citations Après 1640 et avant 1645, on peut voir une dizaine de tragédies sacrées, dont Polyeucte. Mais les doctes condamnèrent ces essais au nom du sentiment religieux lui-même. C'était profaner les choses saintes que de les mêler aux erreurs de la fable et aux faux agréments de l'art. Après 1650, d'Aubignac, Corneille lui-même, Saint-Évremond, et d'autres théoriciens proscrivent cet emploi de la religion au théâtre. (Philippe Van Tieghem, les Grandes Doctrines littéraires en France, chap. I.)

Le sacré est saturé d'être. Puissance sacrée, cela dit à la fois réalité, pérennité et efficacité. L'opposition sacré-profane se traduit souvent comme une opposition entre réel et irréel ou le pseudo-réel. [...] L'homme moderne a désacralisé son monde et a assumé une existence profane. (Mircea Eliade, le Sacré et le Profane.) PROFANE, adj. et n. (du latin profanus, «qui est hors du temple»). 1° Qui est étranger à la religion ; qui ne fait pas partie des choses religieuses. Le monde profane, les fêtes profanes, une musique profane. Un auteur profane. Le mot « dogme » a un sens religieux; mais, en se désacralisant, il a pris un sens profane. Par extension, qui n’est pas sacré. On oppose généralement le profane et le sacré. Il faut cependant nuancer : le profane est d’abord ce qui est étranger au monde religieux. Ainsi, les institutions politiques, le monde laïque, les valeurs républicaines appartiennent au monde profane. Cependant, la République, sa Justice, ses Lois et ses représentants peuvent être considérés comme sacrés. Ainsi, le monde profane au sens large n’est pas exempt de sacralisations; le mot «sacré» est lui-même passé du domaine religieux au domaine profane, d’où une distinction seconde entre ce qui est «sacralisé» et ce qui ne l’est pas. Le verbe Profaner s’applique, en revanche, à tout ce qui est « sacré», dans le monde religieux comme dans le monde profane. Profaner, c’est violer le caractère sacré d’une religion, de ses rites, de ses objets, aussi bien que dégrader et salir tout ce que l’homme respecte en société. 2° Qui n’est pas initié à un culte, à un art, à une science, à une activité ou à une association. Je suis profane en musique. En peinture, c "est un profane. Il faut distinguer les connaisseurs des gens du profane. Ce sens est une extension du précédent : le profane, en religion, est celui qui n’a pas été initié. Tout ce qui peut devenir sacré pour l’être humain (notamment l’art, la science) implique donc que les «non initiés» soient profanes. Voir Initiatique, Sacraliser, Sacré.

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