PRÉVOST (ABBÉ)
PRÉVOST (ABBÉ)
Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé Prévost, romancier français, né à Hesdin (Artois) le 1er avril 1697, sous le règne de Louis XIV, est le fils d'un procureur du roi. Il est éduqué par les jésuites. À 15 ans, un an après la mort de sa mère, il s'engage sur un coup de tête dans l'armée du maréchal de Villars. La paix d'Utrecht met fin à ses premières ambitions militaires. Le petit soldat retrouve les jésuites qui l'admettent comme novice en 1717. Mais l'appel de l'aventure est le plus fort. Grâce à l'appui familial, il achète une charge d'officier et s'engage à nouveau dans l'armée, en 1718. Il mène joyeuse vie pendant un an, au bout duquel, pour des raisons obscures, il s'enfuit en Hollande. À la suite d'un chagrin d'amour, en 1720, il entre chez les bénédictins. Ordonné prêtre en 1726, il est, l'aimée suivante, à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Ses supérieurs se méfient de ce moine trop brillant qui, en 1728, publie le premier tome des Mémoires et aventures d'un homme de qualité. Las de la vie monacale (bien que la sienne soit fort mondaine), il quitte les bénédictins et se réfugie en Angleterre où il se convertit, par défi, au protestantisme. Il y devient précepteur du fils de l'ancien lord-maire de Londres mais prend la sœur de son élève pour maîtresse et doit s'exiler en Hollande, pendant l'automne 1730. À Amsterdam, il rédige le tome VU de ses Mémoires... qui deviendra La Véritable Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Assailli par les créanciers hollandais, il repasse en Angleterre en 1733, où il est emprisonné à Westminster pour escroquerie, et parvient à se faire libérer quelques semaines plus tard. En France, Manon Lescaut est en train de remporter un énorme succès. Ses amis, parmi lesquels Voltaire, s'activent pour faire revenir Prévost qui, en juillet 1734, est blanchi à condition de faire un nouveau noviciat. Dom Prévost, à 39 ans, devient aumônier du prince de Conti et la coqueluche des salons parisiens. C'est pendant cette période qu'il écrit la majeure partie de son œuvre (laquelle comporte une cinquantaine de traductions de l'anglais et du latin et une soixantaine de romans ou d'ouvrages d'érudition), dont une Histoire générale des voyages (de quinze tomes !) qui fera autorité pendant plus d'un siècle en Europe. Homme de lettres apprécié (« Ses écrits sont dignes de l'immortalité », juge Rousseau), il vit sous la protection des Grands. Avec l'âge, le moine mondain s'est assagi et mène la vie d'un curé de campagne, près de Chantilly. Le 25 novembre 1763, il est terrassé par une crise d'apoplexie à Courteuil, près de Senlis, alors qu'il se promenait. Pour la première fois, Manon Lescaut est un roman qui va à l'encontre des principes classiques. La religion des héros, c'est celle du plaisir, et les bons sentiments n'y sont pas de rigueur. La passion amoureuse y domine les contingences morales et sociales ; ce roman annonce le romantisme et le mythe de Manon Lescaut, celui de l'amour qui « innocente », sera fréquemment repris et adapté.